RAPPORT MORAL ET D’ACTIVITÉ POUR 2016

présenté à l’assemblée générale du 14 mars 2017 à Paris-13e par le président de l’ANPROMEVO, assisté du secrétaire général (adopté à l’unanimité des adhérents présents ou représentés)

 

4 JANVIER 2016

C’est depuis Alençon (Orne) et dans le cadre d’une cérémonie d’hommage à la mémoire d’Alfred Locussol que Jean-François Gavoury formule les vœux de l’ANPROMEVO pour l’année 2016.

La teneur de son message a été publiée in extenso en page 18 du bulletin d’information n° 11 (spécial AG 2016) de l’association.

Des extraits en sont reproduits ci-après :

« La conquête, de ce côté-ci de la Méditerranée, de l’espace public pour y implanter des lieux de révérence et de référence à l’Algérie française en les dotant des marques les plus explicites de la sublimation des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS relève […] d’une idéologie méphitique, dont l’ANPROMEVO ne cesse, depuis sa création il y a dix ans, de dénoncer la nocivité.

[…]

« Outre d’innombrables blessés, la religion de l’Algérie française et l’OAS ont fait 2.700 morts, parmi lesquels Alfred Locussol, premier fonctionnaire assassiné par l’OAS en métropole.

« Combien de temps les familles de victimes du terrorisme ayant frappé la France en janvier et en novembre 2015 seront-elles épargnées de la vue, au détour de l’allée d’un cimetière, à l’intérieur d’un square ou sur une plaque de rue, du nom, ainsi distingué, de l’un ou l’autre des tueurs de leur père, mère, frère, sœur, enfant, parent ?

[…]

« Non, la guerre d’Algérie n’appartient pas à l’Histoire ancienne : d’abord parce que l’Histoire n’a pas tranché, objet d’écritures partisanes et sujette à réécriture permanente ; ensuite parce que cette guerre, une fois amnistiées les condamnations visant les responsables et activistes de l’OAS, une fois ces derniers remis en liberté et en état de nuire, a impunément repris, sur des théâtres d’opérations mémorielles.

« Si, en ce tout début 2016, au sommet de l’État, on considère que la France n’en a pas fini avec le terrorisme de Daesh, force est pour l’ANPROMEVO de constater que ses adhérents et amis ont eu quasi continûment à subir celui de l’OAS au cours de ces cinquante-cinq dernières années.

[…]

« Que vive le souvenir d’Alfred Locussol et qu’au travers du témoignage aujourd’hui rendu à sa mémoire soient reconnues l’ensemble des victimes de l’OAS, en Algérie et en France ! »


8 MARS 2016

Par mél adressé à M. Benjamin Foissey, chef du département « Mémoire » à la direction générale, Jean-François Gavoury demande s’il est bien dans les intentions de l’Office national des anciens combattants d’honorer la mémoire des victimes tant civiles que militaires du terrorisme de l’OAS en faisant apposer la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès de celles d’entre elles à qui cet hommage posthume n’a pas été accordé en temps voulu et dont les familles et associations représentatives en exprimeraient le souhait.

Dans sa réponse, le lendemain, M. Foissey affirme qu’outre celle de l’ONAC, un tel dossier appelle l’intervention à tout le moins des cabinets du ministre de la défense et de son secrétaire d’État en charge des Anciens combattants.


18 MARS 2016

Parution dans le quotidien régional « Ouest France » (édition Alençon) d’un article rendant compte de la énième profanation de la stèle célébrant le souvenir d’Alfred Locussol :

« La stèle d’Alfred Locussol vandalisée une 5e fois, à Alençon.

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L’épais liquide noir s’est solidifié sur le monument, installé face à la gare. | Julien Belaud / Ouest-France

«  La stèle érigée en mémoire d’Alfred Locussol, partisan de l’Algérie indépendante assassiné en 1962 à Alençon, a de nouveau été vandalisée.

« Après la bombe de peinture verte et les coups de marteau, la stèle qui honore la mémoire d’Alfred Locussol a de nouveau été vandalisée, avenue Wilson, devant la gare. Un épais liquide noir à l’aspect de goudron a été déversé sur le modeste monument. C’est la 5e fois depuis son installation, en 2012.

« Militant communiste et partisan de l’Algérie indépendante, Alfred Locussol a été assassiné chez lui, dans cette même rue, le 3 janvier 1962. Un crime attribué à l’OAS (organisation de l’armée secrète), qui défendait la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme.

« « Nous allons porter plainte, encore, annonce François Tollot, membre de la mission de mémoire qui a dressé la stèle. Cet acte semble correspondre avec la date anniversaire, le 19 mars, de la fin de la guerre d’Algérie. Les nostalgiques sortent du bois… »

« Julien Belaud. »


19 MARS 2016

Représentation de l’ANPROMEVO ainsi que de l’association Marchand-Feraoun par plusieurs de leurs responsables et adhérents aux manifestations entrant dans le cadre de la Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc :

– le matin, au cimetière du Père-Lachaise, cérémonie avec dépôts de gerbes, en présence de la maire de Paris, du préfet de police et du préfet de la région d’Ile-de-France, devant le Mémorial en hommage aux 755 jeunes Parisiens morts pour la France en AFN et devant la stèle dédiée par la Ville de Paris aux victimes de l’OAS en Algérie et en France ;

– l’après-midi, quai Branly, devant le Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, en présence de M. François Hollande, Président de la République ;

– le soir, autour de la Flamme du Souvenir sous l’Arc de Triomphe, en présence de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État auprès du ministre de la défense, chargé des Anciens combattants et de la mémoire.


24 MARS 2016

À la suite de la commémoration cinq jours plus tôt, quai Branly à Paris, de l’entrée en vigueur des Accords de cessez-le-feu en Algérie, Jean-François Gavoury, au nom de l’ANPROMEVO, s’adresse, par lettre, au Président de la République dans les termes reproduits ci-après :

« En préambule de votre allocution prononcée le 19 mars 2016 quai Branly à Paris, devant le Mémorial national initialement dédié aux Morts pour la France en AFN, vous avez rappelé qu’il vous était revenu, le 6 décembre 2012, de promulguer la loi ayant fait du 19 mars une journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

« Me sont alors revenues à l’esprit les paroles de M. Guy Fischer devant le Sénat le 8 novembre 2012 : « Je souhaite enfin évoquer les victimes de l’OAS, dont le symbole est pour moi le commissaire central d’Alger, M. Roger Gavoury, assassiné le 31 mai 1961 par les sicaires de cette association criminelle et antirépublicaine. Son fils Jean-François Gavoury, présent dans les tribunes, a relevé le flambeau et se bat avec une ténacité qui force l’admiration pour faire reconnaître le tribut payé par les forces de l’ordre durant la guerre d’Algérie, pour que ne soit pas occultée, comme elle l’est souvent, la responsabilité de l’OAS dans les événements de l’après-19 mars, et enfin pour que les nostalgiques, revanchards et autres tenants de l’Algérie française ne réécrivent pas impunément l’histoire et n’érigent pas des mausolées aux bourreaux. »

« Vous avez affirmé par ailleurs que la paix des mémoires, « c’est les reconnaître toutes et n’en oublier aucune » et que « Faire la paix des mémoires, c’est regarder vers l’avenir. »

« Aujourd’hui, il est une mémoire – et une seule – totalement oubliée de la République : celle des quelque 2.700 victimes de l’OAS, tant civiles que militaires.

« À l’issue de la cérémonie, j’ai pu vous dire que je voyais dans votre geste et dans vos paroles « une rupture avec quarante-deux ans d’État-OAS, dont je représente les victimes » :

« – un État qui a laissé se développer les initiatives de toute nature tendant à glorifier les auteurs des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS ou en son nom ;

« – un État dont l’un des chefs a réhabilité des généraux putschistes, rebelles aux lois de la République et réfractaires à la démocratie ;

« – un État au Conseil duquel on a fait dire, le 13 février 2003, que les victimes de l’OAS ne pouvaient pas être honorées de la qualité de « Mort pour la France » dès lors que l’OAS n’était pas partie belligérante au conflit ;

« – un État qui, dans une démarche révisionniste assumée, a décoré d’anciens criminels de l’organisation considérés comme éminemment méritants et laissé les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française assimiler les victimes de l’OAS à des traîtres à la patrie.

« La valorisation du terrorisme n’a pas sa place dans notre pays, aujourd’hui moins que jamais. Quant à la pacification des mémoires, elle semble progresser moins vite en France que de l’autre côté de la Méditerranée, où il serait envisagé de célébrer le souvenir de Camille Blanc, le maire de la ville symbole de ces Accords de cessez-le-feu en Algérie dont vous avez tenu à commémorer l’entrée en vigueur au cours de cette marquante journée nationale de recueillement.

« Cette réalité et ce constat conduisent mon association à former le vœu que votre autorité puisse se mettre au service de la défense de la mémoire des victimes du terrorisme de l’OAS.

Dans cette perspective, je vous propose de bien vouloir donner pour instructions aux administrations centrales concernées de concevoir un dispositif législatif et réglementaire de reconnaissance à l’égard de l’ensemble des victimes militaires et civiles de l’OAS.

« Il s’agirait :

« – à terme de rendre possible l’apposition de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès de celles des victimes de l’OAS qui n’ont pas accédé à cette forme de distinction (civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République) ;

« – dans l’immédiat d’inscrire leurs noms sur la colonne centrale du Mémorial du quai Branly, ouverte depuis le 26 mars 2010 aux manifestants ayant répondu à un appel à l’insurrection émanant de l’OAS à Alger et tombés dans le contexte d’une opération de rétablissement de l’ordre.

« Vous avez bien voulu m’écouter, samedi dernier, et je vous en remercie respectueusement. Je ne doute pas qu’à présent vous ayez à cœur de me lire et entendre, ce dont je vous suis d’ores et déjà très obligé. »

***

Le 19 septembre, soit six mois jour pour jour après le 19 mars, au moment même où Jean-François Gavoury était à nouveau salué par le Président de la République, dans le Jardin de l’Intendant de l’Hôtel national des Invalides, après l’hommage solennel rendu aux victimes et aux rescapés d’actes terroristes, Mme Isabelle Sima, chef de cabinet de M. François Hollande, signait une lettre l’assurant de toute l’attention portée à [ses] attentes au sujet de la reconnaissance des victimes de 1’OAS, organisation terroriste de sinistre mémoire.


17 AVRIL 2016

Jean-François GAVOURY s’adresse par mél aux adhérents et correspondants de l’ANPROMEVO au sujet de la diffusion sur la chaîne « Histoire » d’une série documentaire intitulée « Semaine spéciale Guerre d’Algérie ».

Il écrit :

« Parlons-en à présent, puisque c’est du passé.

« Histoire, chaîne thématique payante du groupe TF1 censée compter quelque quatre millions d’abonnés dans les pays où elle est diffusée, a refait la guerre d’Algérie au cours de la semaine du samedi 9 au vendredi 15 avril.

« Le dimanche 10 avril, le quotidien algérien « El Watan » a consacré un article […] à cet « événement » qui a coïncidé avec le renouvellement de Patrick Buisson à la tête de la chaîne. »

L’article est intitulé « La chaîne Histoire refait à sa façon l’histoire de l’Algérie française ».

Des extraits en sont présentés ci-après :

« Huit soirées complètes consacrées à l’Algérie d’avant-indépendance jusqu’à la libération nationale, c’est une première pour une chaîne de télévision française.

[…]

« Hélas, cette initiative, qui permet à une mémoire encore vive de s’exprimer utilement et de donner une large place à ce conflit majeur du XXe siècle, se heurte à une limite imparable : la connotation à charge contre l’Algérie combattante qui a rejeté la soumission coloniale longue de 130 ans.

« Le regard est au contraire tendance Algérie française teinté de regrets de la colonisation, même si l’analyse, 54 ans après le cessez-le-feu, reste ouverte et nourrit de nombreux témoignages dans lesquels chacun fera le tri en fonction de son histoire personnelle. Cela n’empêche pas que prime, au vu du programme, un regard nostalgique dans le sens «avant, c’était mieux ou on aurait pu éviter cela», si «on n’avait pas fait des erreurs».

« Cette dérive qui gâche tout ne doit rien au hasard, car la chaîne est dirigée par le très droitier Patrick Buisson, ancienne éminence grise de l’ancien président Nicolas Sarkozy.

[…]

« Ainsi, à côté des documentaires sur la guerre d’Algérie à découvrir, car tout le cheminement de la colonisation à l’indépendance y est exposé, la chaîne entend malheureusement réécrire l’histoire en faisant croire que l’Algérie coloniale était une félicité pour tous et qu’elle n’aurait jamais dû prendre fin.

« On y rouvrira des plaies que certains veulent faire renaître non pour trouver des réponses aux questions légitimes que tout conflit génère – surtout qu’en Algérie, il a commencé en 1830 -, mais pour exacerber des passions inextinguibles.

[…]

« Et on réécrira la Bataille d’Alger version «para», avec notamment un docu sur Bigeard. Parmi les moments-clés, mercredi dernier : « Les dieux meurent en Algérie – La guerre des combattants », un documentaire inédit projeté à Paris en avant-première dans une salle où tout le gratin de l’extrême-droite était présent… C’est dire. »


18 MAI 2016

Animée par M. Jacques Pradel, président de l’Association nationale des Pieds-Noirs progressistes et leurs Amis (ANPNPA), une rencontre est organisée au Centre culturel algérien de Paris autour du livre « La triade nostalgérique » en présence de son auteur, Roger Hillel.

Bernard Zimmermann, dont la participation à cette manifestation avait été annoncée à l’occasion de la parution de son ouvrage « Les résistances pieds-noires à l’OAS », en sera finalement absent.

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S’appuyant sur les travaux épars de diverses disciplines et des témoignages de Pieds-Noirs, Bernard Zimmermann fait le constat des résistances pieds-noires à l’OAS, qui se sont manifestées dans tous les milieux de la société européenne de la colonie. Un constat qui va à l’encontre des idées reçues ayant cours encore dans la société française qui, trop souvent, ne fait pas le partage entre Pieds-Noirs et OAS, abandonnant le terrain aux ultras de l’Algérie française. Il donne surtout la parole à ceux qui sont restés des invisibles de l’histoire jusqu’à nos jours.

« La triade Nostalgérique » relate les circonstances dans lesquelles Perpignan est devenue la capitale des nostalgiques de l’Algérie française (les « nostalgériques ») avec la création en 2003 d’une stèle dédiée à l’OAS, d’un « mur des Français d’Algérie disparus » et d’un Centre de documentation des Français d’Algérie en 2012. Aucune de ces initiatives n’aurait été possible sans la soumission au lobbying du Cercle algérianiste d’une mairie de Perpignan partisane jusqu’à la complaisance.

La soirée a été l’occasion pour Roger Hillel, d’une part, de revenir sur son implication dans un collectif de mouvements et associations d’abord dénommé “Non au musée de la mairie de Perpignan à la gloire de la colonisation”, puis “Pour une histoire franco-algérienne non falsifiée” et, d’autre part, de souligner la condamnation, quelques jours plus tôt, pour injure publique (par voie de presse), de Mme Suzy Simon Nicaise : le tribunal de grande instance de Perpignan a estimé que la présidente du Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales, par ailleurs adjointe au maire de Perpignan, avait utilisé des termes dépassant les limites autorisées de la liberté d’expression et ayant un caractère outrageant ; que la critique était dirigée contre la personnalité de Roger Hillel et non contre son ouvrage ; que l’accumulation d’expressions telles que « positions révisionnistes », « misère communiste », « cortège de purges staliniennes », « interventionnisme idéologique inquiétant », témoignait de l’intention de nuire.

De son côté, Henri Pouillot a pu présenter plusieurs dizaines d’illustrations de stèles pro-OAS et/ou pro-Algérie française.


1er JUIN 2016

L’ANPROMEVO diffuse à ses adhérents, par courriel, le communiqué ci-après :

Publiée sous le titre « Ensemble », la revue de l’Association culturelle et d’éducation populaire (ayant son siège 130 avenue de Palavas à Montpellier), comporte sur cinq pages de son dernier numéro, daté de mars 2016, l’éloge funèbre de Gabriel Anglade, ancien adjoint au maire et président de la Maison du Pied Noir de Cagnes-sur-Mer, décédé le 7 janvier à l’âge de 81 ans.

À propos de ses antécédents criminels à la tête de l’un des commandos Delta de l’OAS en Algérie, il est notamment indiqué :

En mars 1962, il neutralisera six fonctionnaires dont Max Marchand, suppôt notoire du FLN et auxiliaire de l’administration gaulliste, qui avec quelques autres indicateurs, signalaient aux terroristes FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer.

Après expertise juridique par le cabinet de Me Benoît Chabert, avocat à Paris, intervenant à la demande de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons », il a été convenu qu’à défaut de possibilité d’action en diffamation, un droit de réponse serait exercé auprès du directeur de la publication, M. Jacques Gatt.

L’association Marchand-Feraoun aurait souhaité que les termes du droit de réponse à insérer dans une prochaine édition de la revue « Ensemble » soient les suivants :

Six fonctionnaires sont accusés par l’auteur de l’éloge de G. Anglade « de signaler aux terroristes du FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer ».

Il s’agit de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs, un service de l’Éducation nationale créé par la déportée-résistante Germaine Tillion, admise au Panthéon le 26 mai 2015.

L’arrêté portant création du service, signé le 27 octobre 1955 par le Gouverneur général de l’Algérie Jacques Soustelle, fournit deux précisions importantes.

« Le Centre social a pour but de donner une éducation de base aux éléments masculins et féminins de la population qui n’ont pas bénéficié ou ne bénéficient pas de la scolarisation… ». En effet, le Commissariat général au Plan, dans son rapport général concernant l’Algérie, juillet 1955, p. 88 (M.A. F 17 ter 389), précise que le taux de scolarisation de la population musulmane d’âge scolaire dans les écoles du premier degré est de 15,4%.

L’autre précision apportée par l’arrêté est la directive demandant aux enseignants des Centres sociaux de « …donner au service une impulsion conforme aux grandes traditions de l’Éducation nationale française… ».

Les six victimes sont : Monsieur Marcel BASSET, engagé dans le réseau de résistance contre le nazisme « Voix du Nord » sous le pseudonyme de Guy Athos ; Monsieur Robert EYMARD, chef du Bureau d’études pédagogiques ; Monsieur Mouloud FERAOUN, écrivain francophone ami d’Albert Camus [dans son Journal (Éditions du Seuil, 2010), il montre à plusieurs reprises qu’il désapprouvait fortement certaines méthodes du FLN, prouvant ainsi qu’il n’avait aucun lien d’allégeance avec lui] ; Monsieur Ali HAMMOUTENE, inspecteur de l’Enseignement, qui a écrit : « Cette tendance que j’ai de juger l’Homme avec indulgence me nuit considérablement … je considère mon vis-à-vis comme étant animé des mêmes sentiments qui m’animent » (Réflexions sur la guerre d’Algérie, Publisud 1983) ; Monsieur Max MARCHAND, inspecteur d’académie, est le chef du service, Officier des Palmes académiques, Officier de l’instruction publique, Croix de guerre, Croix de la valeur militaire, chevalier de la Légion d’honneur, Grand prix littéraire de l’Algérie en 1957 [Mouloud Feraoun écrit dans son Journal : « Marchand est une espèce de moine laïc dont l’ascétisme et le regard me rappellent un peu Gandhi…C’est un apôtre de la non-violence… »] ; Monsieur Salah Henri OULD AOUDIA, qui fait partie des tous premiers kabyles évangélisés par les Pères Blancs de Mgr. Lavigerie [Sa famille acquiert la nationalité française le 6 octobre 1920. Son père, délégué de la Grande Kabylie à l’Assemblée algérienne avait défendu l’intégration de l’Algérie à la France en 1955 et 1956. Salah Henri était marié à une pied-noire.].

En aucun cas ces six personnes n’ont eu de relations avec le Front de libération nationale, et encore moins n’ont pu se rendre coupables de complicité dans l’assassinat de Français par fourniture de moyens. Leurs écrits, leur éthique et leur morale témoignent de leur respect de la personne humaine et les mettent au-dessus de tout soupçon.

Depuis 2001, un hommage annuel est rendu à ces six fonctionnaires, devant la plaque commémorative apposée à l’entrée de la salle Marchand Feraoun, au ministère de l’Éducation nationale, et qui porte l’inscription « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République ».

Chaque année depuis 2001, le ministre de l’Éducation nationale se fait représenter pour honorer six fonctionnaires assassinés sur leur lieu de travail et dans leur mission d’éducation.

Cette année encore, le 18 mars 2016, la cheffe de cabinet de Madame la ministre de l’Éducation nationale était naturellement présente.

Les règles qui semblent bien prévaloir en la matière n’ont pas permis à Me Chabert d’aller au-delà des quelques lignes ci-après :

TEXTE DU DROIT DE RÉPONSE :

Six fonctionnaires sont présentés par l’auteur de l’éloge de G. Anglade « comme ayant signalé aux terroristes du FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer ».

Les six fonctionnaires étaient :

Monsieur Max MARCHAND, Inspecteur d’académie ;

Monsieur Mouloud FERAOUN, écrivain ;

Monsieur Marcel BASSET, Inspecteur des Centres sociaux éducatifs ;

Monsieur Salah Henri OULD AOUDIA, Inspecteur des Centres sociaux éducatifs ;

Monsieur Ali HAMMOUTENE, Inspecteur de l’Enseignement ;

Monsieur Robert EYMARD, chef du Bureau d’études pédagogiques.

Il s’agit de six dirigeants des Centres sociaux éducatifs, un service de l’Education nationale.

En aucun cas ces six personnes n’ont eu de relations avec le Front de libération nationale, pas plus qu’elles n’ont dénoncé des personnes à assassiner.

Comme chaque année depuis 2001, le 18 mars 2016, un hommage annuel a été rendu à ces six fonctionnaires devant la plaque commémorative apposée à l’entrée de la salle « Marchand-Feraoun » au ministère de l’Éducation nationale à Paris.

Si les responsables de la revue en cause ne donnent pas suite à cette demande d’insertion dont ils ont été saisis par lettre recommandée le 25 mai, une procédure contentieuse sera mise en œuvre pour les y contraindre.

Le ministère d’un avocat, indispensable en la circonstance, représente un investissement de plusieurs milliers d’euros, dont la prise en charge a été demandée au ministère de l’éducation nationale au titre de la protection juridique due à deux descendants – enseignants en activité – des victimes de l’assassinat collectif du 15 mars 1962.

L’ANPROMEVO, quant à elle, n’a pas pu user de l’habilitation à ester en justice qu’elle tient d’une décision ministérielle en date du 28 mars 2014 : d’une part, en effet, les victimes civiles de la guerre d’Algérie dont il est question en l’occurrence n’ont pas reçu la mention « Mort pour la France » ; d’autre part, le délit de diffamation ou d’injure à l’égard de la mémoire des morts n’était pas constitué dans la mesure où le propos, si moralement condamnable soit-il, ne laissait pas apparaître d’intention de porter atteinte à l’honneur ou à la considération des héritiers vivants desdites victimes.

Cette douloureuse affaire, à propos de laquelle la communication me paraît devoir rester confidentielle jusqu’à son aboutissement, m’a inspiré quelques observations que je vous livre ci-dessous, fort des témoignages que j’ai reçus samedi dernier (28 mai) dans le cadre de l’assemblée générale de l’Association française des victimes du terrorisme (AfVT.org) :

– Un crime terroriste ne doit jamais rester impuni.

– Les auteurs identifiés d’un crime de cette nature ne doivent jamais pouvoir être réhabilités, même après que leur condamnation aura été effacée à la faveur de telle loi d’amnistie.

– Les auteurs réhabilités d’un crime terroriste ne doivent jamais pouvoir être glorifiés sous quelque forme et en quelque lieu public que ce soit.

– La loi sur la liberté de la presse doit être modifiée et complétée pour prévenir surtout et réprimer le cas échéant les paroles et les actes d’apologie de toutes les formes de terrorisme ainsi que pour prévenir et réprimer les diffamations, injures et toutes les formes d’atteinte à la mémoire des morts du terrorisme : il y va de l’honneur de leurs familles!

– La mise en place de programmes de dévictimisation visant les personnes ayant survécu à des attentats terroristes tend à souligner l’inversion des valeurs que génère la moindre faiblesse à l’égard des auteurs de tels actes.

Je vous remercie de votre attention et renouvelle au président et à tous les membres de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » l’expression de ma fraternelle sympathie.

Jean-François Gavoury

Épilogue en demi-teinte pour cette affaire. En effet, le directeur de la publication en cause n’opposera aucune résistance à la demande de droit de réponse : celui-ci est paru dans le n° 31, daté de septembre 2016, de la revue « Ensemble ». Par contre, les services déconcentrés et d’administration centrale du ministère de l’éducation nationale s’abstiendront, pour leur part, de faire droit aux requêtes et recours hiérarchiques dont ils ont été saisis alors même que le cas de ces deux enseignants avait pu être exposé en direct auprès de Mme Najat Vallaud-Belkacem, par Jean-François Gavoury, en marge de la cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme le 19 septembre 2016.


7 JUIN 2016

Communiqué de l’ANPROMEVO par courriel à ses adhérents disposant d’une adresse électronique :

« Sur son site Internet, la préfecture des Pyrénées-Orientales a publié hier le communiqué dont la teneur suit :

7 juin : interdiction rassemblement aux abords du cimetière Haut-Vernet à Perpignan (article créé le 06/06/2016)

Toute manifestation et tout rassemblement à caractère revendicatif aux abords du cimetière du Haut Vernet ont été interdits pour la journée du 7 juin 2016, par arrêté préfectoral.
Cette mesure a été prise par le préfet des Pyrénées Orientales afin de préserver la tranquillité et la sécurité publiques, qui s’imposent aux abords d’un cimetière, dans l’éventualité de la tenue d’une cérémonie devant la stèle portant l’inscription « Aux fusillés et combattants tombés pour que vive l’Algérie française », située dans ce cimetière, considérant les appels à manifester susceptibles d’être lancés par des associations et organisations syndicales hostiles à ce rassemblement.
Le directeur départemental de la sécurité publique est chargé de faire respecter cet arrêté préfectoral.
Tout contrevenant à cette interdiction est passible des sanctions pénales prévues par l’article 431-9 du code pénal (soit de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende).
L’accès au cimetière sera parallèlement interdit par arrêté municipal.

« Cette année encore, grâce à la mobilisation d’un collectif local d’associations opposées à l’apologie du terrorisme tel que pratiqué par l’OAS en Algérie et en France en 1961 et 1962, l’hommage public à Albert Dovecar et Claude Piegts, condamnés à mort et exécutés le 7 juin 1962 à la suite de leur participation notamment à l’assassinat, le 31 mai 1961, du commissaire central d’Alger Roger Gavoury a été empêché.

« Comme les années précédentes, la mesure d’interdiction de rassemblement autour du cimetière du Haut Vernet prise par le représentant de l’État dans le département a contraint le maire de Perpignan, M. Jean-Marc Pujol, à en fermer l’accès au public ce mardi.

« Il n’est pas inutile de rappeler que M. Pujol, militant actif de la cause de l’Algérie française, représentait son prédécesseur Jean-Paul Alduy lors de la cérémonie d’inauguration, en juillet 2003, de la stèle en question, vouée à exalter quatre criminels de l’organisation séditieuse.

« Une fois de plus, il convient d’affirmer que ce cénotaphe n’a pas sa place dans l’espace public et que la municipalité devrait, par souci de concorde, envisager son remplacement par un mémorial destiné à rendre hommage à l’ensemble des victimes de la guerre d’Algérie.

« Jean-François Gavoury


10 AOÛT 2016

Par courriel, Jean-François Gavoury appelle l’attention des adhérents, amis et correspondants de l’ANPROMEVO sur la publication, le 28 juillet, aux Éditions Baudelaire, de l’ouvrage de Delphine Renard intitulé « Après Micheline ».

Présentation de l’éditeur :

Comment sortir du deuil après la mort d’une mère ?

Delphine Renard, psychanalyste, accepte de traverser pleinement ce bouleversement intérieur, avec ses secousses et ses révoltes. Sous la forme d’une lettre à sa mère disparue, l’auteure lui crie à la fois sa rage et son amour.

A-t-elle véritablement connu cette personnalité si énigmatique ? Elle cherche une cohérence dans ses souvenirs qui témoignent pourtant de traits de caractère apparemment inconciliables.

Très belle, parfois mélancolique et solitaire, Micheline a évolué pendant cinquante ans dans le monde artistique aux côtés de son époux Claude-Louis Renard, initiateur d’une politique de mécénat à la Régie Renault.

Après avoir pratiqué la peinture et collaboré à diverses revues en tant que critique d’art dans les années 1980, Delphine Renard a complètement perdu la vue à l’âge de trente ans, suite tardive des blessures subies lors d’un attentat OAS en 1962 dirigé contre André Malraux.

Elle s’est alors réorientée vers la musique et le chant d’une part (créant ainsi en 1997, la Compagnie des Délassements Comiques), et la psychologie et la psychanalyse d’autre part.

Avec, toujours, le fil rouge de l’écriture…

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18 SEPTEMBRE 2016

Jean-François Gavoury se fait l’écho, par courriel, auprès des adhérents, amis et correspondants de l’ANPROMEVO, d’une initiative de l’association Ciné Histoire dont la présidente, Mme Nicole Dorra, organise, le samedi 1er octobre en matinée, au Cinéma Les 7 Parnassiens à Paris-14e, la projection, en ouverture d’un cycle dénommé Opération Condor, du film documentaire de Marie-Monique Robin « Escadrons de la mort, l’école française ».

Présentation :

Dans les années 1970 et 80, les dictatures militaires du Cône sud de l’Amérique latine ont férocement réprimé leurs opposants, utilisant à grande échelle les techniques de la « guerre sale » (rafles, torture, exécutions, escadrons de la mort). C’est en enquêtant sur l’organisation transnationale dont s’étaient dotées ces dictatures (le plan Condor) que Marie-Monique Robin a découvert le rôle majeur joué secrètement par des militaires français dans la formation à ces méthodes de leurs homologues latino-américains. Dès la fin des années 50, les méthodes de la bataille d’Alger sont enseignées à l’École supérieure de guerre de Paris. Puis en Argentine, où s’installe une mission militaire permanente française.

Fruit d’une enquête de deux ans en Amérique latine et en Europe, le documentaire dévoile une page occultée de l’histoire de France.

Laurier du meilleur documentaire politique de l’année 2003, décerné par le Club audiovisuel de Paris, ce film est utilisé comme pièce à conviction devant les tribunaux.


6 OCTOBRE 2016

Répondant à l’appel lancé par l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) et par l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons », quarante personnes ont pris part, de 11h30 à 12h30, à une cérémonie organisée au cimetière du Père-Lachaise à l’occasion du 5e anniversaire de l’inauguration par M. Bertrand Delanoë, maire de Paris, de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France.

Cette manifestation a notamment donné lieu à l’annonce du lancement du site Internet de l’ANPROMEVO (http://anpromevo.com).

Le propos prononcé à cette occasion par Jean-François Gavoury est reproduit ci-après (extraits) :

J’adresse des remerciements chaleureux à celles et ceux qui ont bien voulu répondre à l’appel des associations « ANPROMEVO » et « Marchand-Feraoun » à célébrer le cinquième anniversaire de cette première stèle dédiée à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France.

François Vauglin, maire du 11e arrondissement de Paris, où l’ANPROMEVO a son siège, regrette de ne pouvoir être à nos côtés de même que M. Serge Barcellini, président du Souvenir français, engagé de longue date pour une inauguration dans le département de la Marne.

Je salue collectivement les représentants du monde associatif, de l’édition militante, du monde combattant (UFAC, FNACA), de la mémoire (Comité Charonne) et de l’histoire (merci, Gilles Manceron de nous honorer une fois de plus de votre participation, vous dont le récent article sur Médiapart, intitulé Terrorisme et résistance, éclaire ce rendez-vous du 6 octobre !).

Bienvenue en particulier à M. Guillaume Lagane, chef du département harkis et rapatriés à la direction générale de l’Office national des Anciens combattants et Victimes de guerre, et à Mme Zoulikha Bekaddour, longtemps conservatrice en chef de la Bibliothèque universitaire d’Alger, incendiée par l’OAS le 7 juin 1962, date sur laquelle je reviendrai en conclusion de mon propos.

***

Nous sommes le 6 octobre 2016.

2016 : soit dix ans après la naissance de l’ANPROMEVO.

6 octobre : soit cinq ans, jour pour jour, après le dévoilement par M. Bertrand Delanoë de ce monument qui nous réunit aujourd’hui, érigé par la Ville de Paris en hommage aux victimes du terrorisme de l’OAS.

Pour nous qui pratiquons la commémoration, les dates ont un sens, et leur rapprochement, pour moi, revêt une valeur symbolique.

Alors, parlons dates : dates et faits !

Le 19 mars 2016, devant le Mémorial national de la guerre d’Algérie, quai Branly à Paris, le Président de la République a affirmé que la paix des mémoires, « … c’est les reconnaître toutes et n’en oublier aucune » et que « Faire la paix des mémoires, c’est regarder vers l’avenir. »

À l’issue de la cérémonie, qui entrait dans le cadre de la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, j’ai pu lui dire que je voyais dans ses paroles « une rupture avec quarante-deux ans d’État-OAS ».

Dès la semaine suivante, j’explicitais par courrier cette expression « État-OAS ».

[…]

Ma proposition adressée à Monsieur François Hollande pour la mise en place d’un dispositif législatif et réglementaire de reconnaissance à l’égard de l’ensemble des victimes militaires et civiles de l’OAS ne reçut d’autre suite que sous la forme d’un décret du 13 mai (oui, 13 mai !) faisant de moi un officier dans l’ordre national du Mérite.

J’y ai vu le signe, émanant du plus haut niveau de la République, d’une considération accordée à chacune et à chacun d’entre vous, membres et amis de l’ANPROMEVO, cette promotion intervenant à raison de ma qualité de « président d’une association mémorielle ».

J’aurais pu – nous aurions pu – nous satisfaire de cette réponse.

Pourtant, le 19 septembre, au moment même où j’étais à nouveau salué par le Président de la République, dans le Jardin de l’Intendant de l’Hôtel national des Invalides, après l’hommage solennel rendu aux victimes et aux rescapés d’actes terroristes, Mme Isabelle Sima, chef de cabinet, signait une lettre m’assurant – je cite – de toute l’attention portée à [mes] attentes au sujet de la reconnaissance des victimes de 1’OAS, organisation terroriste de sinistre mémoire.

Oui, le 19 septembre, soit six mois après le 19 mars, comme si l’année, pour les victimes de l’OAS, était rythmée par deux dates entrant symétriquement en résonance.

Le 19 septembre donc, la Présidence de la République indiquait :

– La mention mort pour la France « ne peut être inscrite de façon systématique sur les actes de décès des personnes victimes de I’OAS, quels que soient leur statut et les circonstances de leur décès« , mais « si certains cas ont été omis, cette mention peut toujours être attribuée par I’ONAC-VG, après examen particulier et dans le strict respect de la réglementation en vigueur« .

– S’agissant de l’affichage des noms des victimes civiles sur la colonne blanche du mémorial national de la guerre d’Algérie, il intervient « sur demande des familles ou d’associations représentatives, après instruction par les services du ministère de la défense qui s’assurent qu’elles ne faisaient pas partie ni du FLN ni de 1’OAS« .

Ces quelques lignes doivent être prises au pied de la lettre et encourager les familles et associations de victimes de l’OAS à engager dès demain, auprès des administrations concernées, des démarches pour obtenir ces actes de reconnaissance : reconnaissance d’une dette morale de l’État envers ces oubliés perpétuels de l’histoire de la guerre d’Algérie dont nous portons haut la mémoire.

***

J’ai parlé de dates faisant écho à des événements, et je voudrais conclure par celle à laquelle le ministre de l’intérieur, Monsieur Bernard Cazeneuve, m’a adressé ses félicitations pour ma promotion dans l’ordre du Mérite, évoquant « mon dévouement au service de l’intérêt général » : il l’a fait le 7 juin, jour anniversaire de l’exécution de deux des participants à l’assassinat de mon père.

Cette distinction, que je devrais recevoir le mois prochain des mains du Ministre qui m’y a proposé, je la dédie à toutes les victimes de l’OAS en Algérie et en France, civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République.

Et pour marquer le cinquième anniversaire de cette stèle dont je viens de vous lire la dédicace, je vous annonce le lancement, ce jeudi matin, du site Internet de l’ANPROMEVO (http://anpromevo.com), auquel je souhaite de contribuer à l’instauration d’un partenariat mémoriel avec l’Algérie.

Avant la minute rituelle de silence, place au dépôt de gerbes, successivement, par le « Comité Vérité et Justice pour Charonne », par l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons », par la FNACA (dont je salue respectueusement le porte-drapeau national) et par l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS ».

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16 OCTOBRE 2016

Représentation de l’ANPROMEVO par Jean-François Gavoury à la matinée de clôture du 32e congrès national de la FNACA à Bourg en Bresse en présence de plus de 2.400 personnes et du secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la mémoire ainsi que de nombreuses personnalités.

Dans son appel final, le congrès, au cours duquel M. Guy Darmanin a été réélu président national, s’est félicité de la présence du Président de la République, pour la première fois le 19 mars 2016, à la Journée nationale du souvenir et de recueillement instituée par la loi du 6 décembre 2012 et a proclamé son indéfectible attachement à la commémoration du 19 mars 1962.

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17 OCTOBRE 2016

Représentation de l’ANPROMEVO par Thierry Basset et Safia Hammoutène à la cérémonie d’inauguration, à Grenoble, place Edmond Arnaud, d’une plaque commémorant les victimes du 17 octobre 1961.

Le maire, Éric Piolle, à côté de qui se trouvait le consul d’Algérie à Grenoble, devait déclarer à cette occasion :

« L’historien Benjamin STORA nous a rendu visite il y a peu de temps à Grenoble : j’ai eu le grand honneur de lui remettre la Médaille d’Or de la Ville de Grenoble. Comme lui, nous savons que la France a trop longtemps refusé de regarder en face son passé colonial, de reconnaître les crimes qui ont accompagné cette période. Cet aveuglement a sans doute participé au sentiment de mépris ressenti par de nombreux Français liés à l’Algérie.

« Cette occultation officielle a aussi été utilisée, instrumentalisée par les nostalgiques de la France coloniale. Aujourd’hui encore, il faut le rappeler, certains s’attèlent à cultiver cette nostalgie nauséabonde, à instrumentaliser les peurs et attiser les fractures et les haines. À ceux-là, nous devons adresser une réponse ferme, forte : la guerre d’Algérie est terminée ! L’Algérie est algérienne.

« Je suis convaincu que notre République se grandit quand elle reconnaît ses errements et ses erreurs. Elle se grandit quand elle permet à tous de trouver sa place en son sein, chacun avec sa culture, chacun avec son histoire et ses singularités. La reconnaissance de ce massacre par le sommet de l’État il y a 4 ans est un premier pas, qui va dans le bon sens.

« Cet attachement à la vérité, je sais qu’il est largement partagé ici à Grenoble. Il est porté par des citoyens pour qui la Liberté, l’Égalité, et la Fraternité ne sont pas des mots creux, des mots vains.

« Dans notre ville, depuis près de 30 ans, des habitants de Grenoble se rassemblent chaque année ; ils défilent pour ne pas oublier, pour exiger la vérité totale sur ce massacre.

« Cette vérité, nous la devons bien sûr aux victimes et à leurs familles. Nous la devons aussi au peuple algérien. Et nous la devons enfin à nous toutes et tous, enfants de la République française. On ne construit pas une société durable avec du silence et de l’oubli, mais avec de la vérité et avec du respect. »

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Le « Dauphiné libéré » a rendu compte de l’événement dans son édition du 19 octobre.

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18 OCTOBRE 2016

 Dans le cadre du dossier relatif au changement de dénomination de la rue du 19-Mars-1962 à Béziers, présence de Jean-François Gavoury à l’audience de la Ve Chambre du tribunal administratif de Montpellier.

Invoquant le défaut d’intérêt à agir, le rapporteur public a conclu à l’irrecevabilité en la forme des requêtes présentées : celle de Jean-François Gavoury l’avait été dans les trois semaines suivant la délibération du conseil municipal du 11 décembre 2014 ayant décidé de l’attribution à cette voie du nom du commandant Hélie Denoix de Saint Marc ; l’autre avait été formée dans un second temps, au nom de plusieurs co-requérants (en particulier l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons »), représentés par avocat en ce qui les concerne.

Sur le fond, en revanche, le rapporteur public a bien voulu souligner l’illégalité de la délibération, jugée de nature politique, dépourvue de tout lien avec la poursuite d’un intérêt local et génératrice de troubles à l’ordre public.

Jean-François Gavoury a pu formuler les observations orales dont la teneur suit :

« Madame la Présidente,

« Madame et Monsieur les conseillers,

« Je serai bref, le temps de remettre en perspective quelques points développés dans ma requête introductive d’instance, puis dans mon mémoire en réplique.

« La notion d’intérêt à agir n’est pas simple, mais dans cette affaire sa réalité apparaît double.

« Double comme la détente sur laquelle le maire de Béziers a appuyé pour abattre le cessez-le-feu en Algérie et tenter d’assassiner la mémoire des victimes de l’OAS en général, celle de mon père singulièrement.

« Double intérêt : au regard de l’effacement de la rue du 19-Mars-1962 du paysage biterrois d’une part et de la conversion de sa dénomination en « Commandant Denoix de Saint Marc » d’autre part.

« Dois-je rappeler que, le 8 novembre 2012, un sénateur – rien de moins – a cité mon père et m’a rendu hommage en séance dans le cadre des débats précédant le vote sur la proposition de loi faisant du 19 mars une journée de commémoration nationale ? Et je n’aurais ni intérêt ni qualité à faire valoir contre quelque commune de France éliminant le 19-Mars-1962 du répertoire de ses rues ? Serait-on un sous-citoyen dès lors qu’on n’est pas Français de souche biterroise ?

« Quant à l’inscription du nom du commandant Denoix de Saint Marc, de quoi la commune me fait-elle grief ? De m’en prendre non pas aux lieutenant et sergent déserteurs assassins de mon père mais à l’un de leurs chefs les ayant précipités dans l’aventure du putsch sans jamais exprimer la moindre compassion à l’égard des victimes de ces sicaires ? Est-il possible de concevoir que, si le commandant de Saint Marc n’avait pas mis son régiment au service d’un pronunciamiento, mon père aurait pu poursuivre sa carrière en métropole ? Le patron de la sécurité publique dans le Grand Alger, chargé de la lutte anti-OAS, n’aurait-il pas eu à s’impliquer dans la mise à la disposition de la justice des auteurs du putsch du 21 avril 1961, le putsch dit « des généraux » qui a été celui, aussi, du commandant Denoix de Saint Marc ?

« Puisqu’il est ici question à la fois d’intérêt et de défaut d’intérêt à agir, je souhaite conclure sur un élément selon moi édifiant. Certains membres de la famille Denoix de Saint Marc, et non des moindres (Renaud, ancien vice-président du Conseil d’État, honoré ici-même ; Guillaume, directeur général de l’Association française des victimes du terrorisme, n’ont pas éprouvé le moindre intérêt à agir au côté du maire de Béziers et ont fait défaut lors de la cérémonie de dévoilement, le 14 mars 2015, de la plaque en litige.

« Je crois savoir qu’ils y ont vu un acte d’instrumentalisation du souvenir de leur parent.

« Moi aussi. »

Au bout du compte, la formation de jugement du tribunal administratif de Montpellier n’a pas eu à statuer sur le fond. En effet, conformément à la première partie des conclusions du rapporteur public, c’est pour irrecevabilité que les recours ont été rejetés, le 8 novembre 2016.

Après avoir envisagé de ne pas s’en tenir là, Jean-Philippe Ould Aoudia au titre de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons » et Jean-François Gavoury à titre personnel ont dû renoncer à saisir la Cour administrative d’appel de Marseille.

En effet, Me Benoît Candon, avocat consulté par leurs soins, a estimé que le rapport entre Hélie Denoix de Saint Marc et l’OAS était insuffisamment établi, que ce militaire n’avait pas été le commanditaire de l’assassinat du commissaire Roger Gavoury et que son engagement dans le putsch des généraux relevait de la politique et non de la criminalité, privant également les associations requérantes d’intérêt à agir.