La stèle
2008
Extrait du rapport d’activité 2008 :
« I – LA STÈLE AU PÈRE LACHAISE
Porté par notre association depuis le 30 octobre 2006, le projet de stèle parisienne dédiée aux victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France a pu progresser au cours de l’année 2008, mais de façon insuffisamment déterminante. Rencontrée le 4 juillet 2008, Mme Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant, a fait état de son engagement personnel sur ce dossier. Une fois le site d’implantation prédéfini (cimetière du Père Lachaise, carré aux victimes), le texte destiné à être gravé sur le monument a donné lieu à une réunion de concertation spécifique le 24 octobre dernier :
EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE L’OAS EN ALGÉRIE ET EN FRANCE : CIVILS, MILITAIRES, MAGISTRATS, FONCTIONNAIRES, DÉFENSEURS DES INSTITUTIONS ET DES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE (1961-1962)
Le 12 mars 2009, nous était téléphoniquement notifiée l’acceptation par M. Delanoë tant du principe même de la stèle que de la teneur de sa dédicace. Cependant, à la date de tenue de la présente assemblée générale, des doutes subsistent sur l’issue du projet pour des raisons liées à son financement : en effet, dans un contexte budgétaire nouveau, appelant un recentrage des priorités sur le domaine social, le Maire pourrait hésiter à assumer, devant le Conseil de Paris, la responsabilité exclusive du portage d’un projet mémoriel, si légitime soit-il en l’occurrence ; de son côté, l’ANPROMEVO, même si elle reçoit une subvention municipale couvrant au moins 50 p. 100 de la dépense, n’est pas en mesure de contribuer pour la part lui revenant. L’ANPROMEVO se propose de rappeler à la Ville qu’elle s’est conformée à ses préconisations durant la phase d’élaboration et mise au point du projet. Elle rappellera les vertus attachées à cette stèle, qui :
– tendrait à réparer l’injure faite par la Nation au souvenir des victimes de l’OAS par les dispositions de l’article 13 de la loi du 23 février 2005, lesquelles ont bénéficié à 67 anciens activistes civils, gratifiés d’une indemnité d’un montant individuel (non imposable) ayant pu atteindre 30.000 euros ;
– répondrait à l’offense que représente l’affichage par l’État d’arguties fallacieuses, suivant lesquelles il ne saurait légalement y avoir de « Morts pour la France » parmi les victimes de l’OAS durant la guerre d’Algérie dès lors que l’OAS n’était pas partie belligérante au conflit ;
– aurait potentiellement valeur d’exemple à l’égard d’autres communes désireuses d’honorer à leur tour cette catégorie particulière – délaissée, négligée, voire ignorée – de victimes de la guerre d’Algérie ;
– serait perçue, à Paris comme à Alger, comme un signal fort de ralentissement de l’influence des réseaux issus de la sédition armée contre la politique d’indépendance et dont les entreprises de réhabilitation sont parvenues à anéantir le projet de traité d’amitié franco-algérien. »
2009
Extrait du rapport d’activité 2009 :
» XXIII] Le 14 octobre, dans le prolongement de plusieurs réunions de travail (notamment le 1er avril à la direction des affaires culturelles et le 10 juin au cabinet de Mme Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant), Jean-François Gavoury se déplace avec Jean-Philippe Ould Aoudia au cimetière du Père Lachaise pour le choix de l’emplacement de la future stèle dédiée aux victimes de l’OAS en concertation avec Mme Vieu-Charier, Mme Gioli, sa directrice de cabinet, M. Daniel, chef du service des cimetières, M. Matraja, chef du bureau de l’histoire et de la mémoire, et M. Spourdos, sculpteur : une option est mise sur une parcelle remarquablement située, côté rue des Rondeaux (accès porte Gambetta), dans la 88ème division, à l’angle de l’avenue Aguado, face au Jardin du souvenir et à proximité immédiate du Mémorial des militaires parisiens morts et disparus pendant la guerre d’Algérie et les combats de Tunisie et du Maroc (1952-1962). »
2010
Extrait du rapport d’activité 2010 :
« L’assemblée générale donne par ailleurs mandat à Jean-François Gavoury de poursuivre coûte que coûte, avec Jean-Philippe Ould Aoudia, ses efforts en vue de la réalisation effective par la Ville de Paris d’une stèle aux victimes de l’OAS dont l’inauguration, au cimetière parisien du Père Lachaise pourrait avoir lieu le 31 mars 2011, jour du cinquantième anniversaire de l’assassinat du maire d’Évian Camille Blanc. »
2011
Extraits du rapport d’activité 2011 :
« 8 février 2011 : Examen par le Conseil de Paris d’un projet de délibération ayant pour objet l’apposition d’une stèle en hommage aux victimes de l’OAS dans le cimetière du Père Lachaise à Paris-20e pour un montant de 13.472 euros. Lors de cette séance, une délégation de l’Anpromevo et de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons est présente dans les tribunes réservées au public. Mme Catherine Vieu-Charier, adjointe au Maire en charge de la mémoire et du monde combattant souligne que la proposition de la municipalité et du Maire constitue un événement, s’agissant du premier monument en France destiné à rendre hommage aux victimes de l’OAS, civiles ou militaires : « … il nous appartient de les sortir de l’oubli, de rappeler qu’elles ont été assassinées, parce qu’elles avaient fait le choix de la loyauté, du respect des institutions républicaines, alors qu’elles étaient menacées par un terrorisme de grande ampleur, que ce soit en Algérie ou en métropole ». Elle conclut son intervention en ces termes : « … les fils et filles de victimes de l’OAS poursuivent inlassablement leur combat pour la vérité, pour la justice et la dignité, et pour que cessent au cœur de la République ces hommages rendus aux assassins de leur père, et l’apposition de cette stèle est un apport à leur juste cause ». Le vote est acquis à l’unanimité. »
« 23 septembre 2011 : Lettre du président de l’Anpromevo à Mme Delphine Renard l’invitant à être présente, le 6 octobre, lors de l’inauguration de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS. Jean-François Gavoury lui dit : « Vous vous tenez à l’écart des débats engagés sur cette période de la guerre d’Algérie qui vous a si durement touchée, et je respecte cette retenue. Pourtant, la seule idée que les victimes du terrorisme de l’OAS en métropole gardent leur douleur pour elles m’est insupportable. Nous sommes nombreux, y compris dans les associations d’anciens combattants et victimes de guerre, à estimer qu’il est temps que la parole se libère. Je ne désespère pas de vous convaincre de l’importance qu’aurait la vôtre, s’exprimant, non devant des caméras et micros, mais parmi vos frères et sœurs en souffrance, celles et ceux qui sont tombés sous les coups de l’OAS, sans se relever jamais pour quelque 2.700 d’entre elles. »
6 octobre 2011 : Inauguration de la stèle
EN PHOTOS :
EN VIDÉO
Additif au rapport d’activité : retour sur le 6 octobre 2011 au cimetière du Père Lachaise
De 1961-1962 à 2011 : cinquante années de souffrance et presque autant de double peine !
Première institution française à rendre solennellement hommage aux victimes de la barbarie incarnée par l’organisation armée secrète, Paris, ville capitale, a su, en leur dressant un monument, rendre à la France son honneur perdu ici ou là, en son Midi.
Anciens menacés de mort, rescapés d’attentats et mutilés à vie, toutes et tous victimes de l’OAS au même titre que les veuves et descendants d’assassinés, nous gardons le souvenir cruel de décennies passées dans la solitude, chacune et chacun enfouissant souffrance et douleur au tréfonds de soi.
Quelle épreuve d’avoir dû supporter que, depuis 1973 à Nice jusqu’en 2005 à Marignane, on statufie et piédestalise les singes sanglants de l’OAS et leurs maîtres à penser : le poignard, le pistolet et le plastic !
Quelle douleur d’avoir dû accepter que l’on cherche ainsi à réhabiliter l’uniforme du déserteur et à insinuer le poison du révisionnisme dans les blessures ouvertes par la guerre d’Algérie !
Comment, nous, victimes du fanatisme factieux, avons-nous pu admettre cette peine s’ajoutant à la peine ?
Accepter de voir l’homme au service de la terreur érigé, sur le domaine public, en héros d’une cause pourtant reconnue scélérate, c’est, pour le responsable politique, défier l’ordre et l’entendement républicains, c’est braver les valeurs fondatrices de la communauté nationale en portant atteinte en particulier à la fraternité.
Faire passer l’homme-terreur à la postérité, c’est conférer à ses crimes passés valeur d’exemple pour les générations futures, c’est abaisser les victimes et éprouver leur mémoire endolorie.
Frappées par milliers, dans leur chair ou dans les êtres qu’elles aimaient, non reconnues, objet d’une haine et d’un mépris sans cesse recommencés par leurs bourreaux, les victimes de l’OAS ont accédé à la lumière le 6 octobre 2011 au cimetière du Père Lachaise.
Delphine Renard, qui a reçu à quatre ans les stigmates de la bestialité terroriste, a su exprimer avec grâce son émotion en nous disant : un acte de vie répond, enfin, à trop d’actes de mort !
Le texte ci-avant introduit le film de la cérémonie réalisé, à la demande de Jean-François Gavoury, par Olivier Doat et offert aux adhérents de l’ANPROMEVO.
Intervention de Jean-François Gavoury
» Merci, Mesdames et Messieurs, d’avoir bien voulu répondre, en nombre, à l’invitation de M. Bertrand Delanoë et de Mme Catherine Vieu-Charier. Merci d’avoir fait, parfois depuis loin et malgré la maladie, le déplacement jusqu’en ce haut-lieu du souvenir, pour y témoigner de votre attachement aux principes et valeurs qu’incarnaient celles et ceux que nous honorons aujourd’hui.
Le drapeau de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, à côté de la stèle, exprime, symboliquement, la chaleureuse présence parmi nous de son président national, M. Wladyslas Marek : il nous a quittés le 24 septembre ; hommage soit ici rendu à sa mémoire.
L’Organisation armée secrète est apparue en début d’année 1961 et a semé la terreur jusqu’en 1962 afin d’empêcher que soit trouvée la seule issue possible au conflit, celle de l’indépendance de l’Algérie.
Fonctionnant à la manière d’un syndicat du crime, l’OAS a été un creuset pour l’extrême droite : s’y sont retrouvés monarchistes, pétainistes, catholiques intégristes, nostalgiques de l’Empire colonial français et autres ennemis de la République. La plupart de ses anciens membres ou sympathisants revendiquent aujourd’hui cette filiation et assument la haine tenace qu’ils vouent au général de Gaulle : le général de Gaulle qui, il y a cinquante ans, le 2 octobre 1961, exhortait l’armée française en Algérie à rester dans le devoir et adjurait les Français d’Algérie « d’apporter leur franc concours à la naissance de l’Algérie nouvelle, celle que souhaite la France, c’est-à-dire telle qu’ils y aient leur digne place ».
Dès le milieu des années soixante-dix, exploitant les lois d’amnistie sur les infractions en relation avec la guerre d’Algérie, d’anciens détenus de l’OAS se sont employés à célébrer la gloire de ceux d’entre eux qui avaient été condamnés à mort et exécutés à raison du nombre ou de la gravité de leurs forfaits. Afin de les faire passer à la postérité, des monuments ont été érigés à leur gloire dans le Midi de la France : ils y sont décrits comme des martyrs, des héros, des résistants, forme impudente de réhabilitation et de falsification de l’Histoire.
L’accoutumance à la douleur, la peur, mais aussi l’absence de soutien, n’ont que trop longtemps porté les familles de victimes de l’OAS à la résignation, à la subordination au diktat du révisionnisme, mais sûrement pas à l’oubli.
Chaque jour, en effet, nous nous souvenons des morts causés par l’organisation, des morts dont le nombre serait supérieur à 2.700 selon les estimations d’experts appartenant à la Société française d’histoire de la police :
– des victimes tant de crimes ciblés, individuels ou collectifs, que d’attentats aveugles ;
– des victimes en Algérie comme en métropole ;
– des victimes avant comme après le cessez-le-feu ;
– des victimes au sein de l’armée (du général de corps d’armée ou de l’officier – tel le chef d’escadrons Marcel Bourgogne – à l’appelé du contingent), comme au sein des forces de police (du contrôleur général de la sûreté nationale au gardien de CRS) ;
– mais outre ces militaires et policiers, dont c’était la mission et l’honneur de protéger les institutions et d’assurer la sécurité et l’ordre publics : un attaché au consulat britannique à Alger, Alfred Fox, des magistrats, tel Charles Causse, vice-président du tribunal de grande instance d’Alger, des élus (notamment Camille Blanc, maire d’Évian, et Michel Schembri, maire de Fort-de-l’Eau), des fonctionnaires : de l’administrateur civil ou directeur des PTT aux enseignants, cibles privilégiées, tels les six inspecteurs des centres sociaux éducatifs massacrés dans l’exercice de leurs fonctions et sur leur lieu de travail à Alger (l’écrivain Mouloud Feraoun, l’humaniste Max Marchand ainsi que Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène et Salah Ould Aoudia), des membres de la société civile (avocats, tel Me Pierre Popie à Alger ; médecins ; chefs d’entreprise et employés, tels David Serfati et Hélène Canavesio à Oran ; …), des responsables ou militants politiques ou syndicaux (tels William Levy, secrétaire général de la SFIO à Alger et Alfred Locussol, militant du Parti communiste algérien, assassiné quant à lui à Alençon).
– comment ne pas évoquer également ces innombrables victimes anonymes des meurtres en série commis par l’OAS en Algérie à travers ses journées des femmes de ménage, des facteurs, des cheminots, des préparateurs en pharmacie, des dockers, … ?
– comment oublier les victimes indirectes de tentatives d’assassinat dirigées contre des personnalités politiques, telle Delphine Renard grièvement blessée le 7 février 1962, à quelques centaines de mètres de la Porte de Saint-Cloud, dans un attentat visant le ministre de la culture André Malraux ? Après cinquante années de silence, Delphine Renard dit ne pas supporter que l’histoire renvoie dos à dos les tueurs de l’OAS et leurs victimes. Elle est parmi nous ce matin, discrète mais solidaire : en votre nom, je lui dis toute mon affectueuse sympathie, ainsi qu’à sa mère qui a bien voulu se joindre à nous.
– et comment ne pas penser, alors, aux neuf victimes causées au Métro Charonne, le 8 février 1962, à l’issue d’une manifestation organisée pour la paix en Algérie et contre les crimes de l’OAS ?
Le Maire et le Conseil de Paris tout entier ont permis la réalisation du projet initié par l’Anpromevo, résolument soutenu par des mouvements et associations. Merci à leurs représentants d’être ici :
– Association républicaine des anciens combattants (ARAC)
– Comité Vérité et Justice pour Charonne
– Coup de soleil
– Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA)
– Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP)
– France – Algérie
– France – el Djazaïr
– Harkis et droits de l’Homme
– Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
– Ligue des droits de l’Homme
– Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
– Solidarité France Pays Arabes
Le projet a été élaboré en concertation avec Mme Odette Christienne, puis avec Mme Catherine Vieu-Charier, et en liaison permanente avec le cabinet du Maire de Paris en la personne de M. Philippe Lamy. Présenté au conseil du 20e arrondissement le 27 janvier 2011, puis, le 8 février, en Conseil de Paris, il a dans les deux cas recueilli un assentiment unanime.
La présence de cette stèle dans le voisinage immédiat du monument érigé par la Ville de Paris en mémoire de ses Morts pour la France en AFN et la dédicace dont elle est porteuse sont une incitation à l’apprentissage, par les jeunes générations, de la guerre d’Algérie, à travers la page franco-française du conflit, sans doute la plus douloureuse et la plus sombre.
Nous y voyons également un message républicain à valeur d’exemple que Paris adresse aux communes de France dont l’histoire a été marquée par l’OAS. Son dévoilement, aujourd’hui va résonner non seulement là où l’OAS a directement perpétré ses crimes et attentats, mais là aussi où les victimes de cette organisation sont nées ou ont vécu et exercé leur activité au service de leurs concitoyens.
À nos yeux, son inauguration constitue un acte fondateur de la mémoire plurielle de la guerre d’Algérie.
Oui, le 6 octobre 2011 marquera une étape déterminante vers la reconnaissance par la Nation des souffrances endurées par les victimes de l’OAS.
Rien n’aurait été possible sans l’écoute de la ville capitale dont il convient de saluer, avec respect et gratitude, le Maire et son adjointe en charge de la mémoire ainsi que l’ensemble des élus et des services. Sans doute, aussi, cette stèle ne serait-elle pas née sur ce remarquable emplacement du cimetière du Père Lachaise si un éditeur n’avait pas – le premier et le seul – sorti de l’oubli et de l’ombre les victimes de l’OAS en faisant se rencontrer leurs descendants et, surtout, en leur donnant la parole et la plume : merci, par conséquent, aux Éditions Tirésias et à Michel Reynaud, pour qui le livre est mémoire. Merci enfin à l’artiste, au sculpteur, M. Constantin Spourdos, pour qui la matière est mémoire.
Monsieur le Maire de Paris, c’est un vrai moment de lumière que vous nous donnez à connaître en mettant à l’honneur des hommes et des femmes soumis à la barbarie de ce terrorisme dont l’image hideuse doit nous encourager à repousser toute forme de résurgence. »
Allocution de Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris
« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les animateurs d’associations, mes chers collègues, adjoints, élus de Paris,
Il y a des moments indispensables, essentiels, graves, pleins de sens, qui réveillent des douleurs, qui sont les douleurs de la France, et ces moments, nous devons avoir le courage de leur donner la force qu’ils méritent.
Venant ici ce matin, avant de me réjouir avec vous que le moment puisse être posé, je disais : « Mais comme c’est difficile, et pourquoi attendre tant de temps ? ».
Est-ce si dur ? Est-ce si dur d’être humble et courageux vis-à-vis de la vérité ?
La vérité, c’est que, dans les pages de notre histoire, il y a des drames, il y a des douleurs inouïes, et ces douleurs inouïes, elles ne viennent pas de nulle part : elles viennent d’idées, elles viennent de pensées qui se traduisent par des actes barbares.
L’OAS, c’est une organisation terroriste, c’est une organisation criminelle, c’est une organisation qui a voulu détruire la République. Les victimes que nous honorons aujourd’hui sont des femmes, des hommes, des enfants, des policiers, des militaires, des Français, des Algériens, des femmes et des hommes morts parce qu’une organisation a contesté l’ordre démocratique, a voulu l’abattre et a utilisé les moyens les plus horribles pour tenter d’atteindre ses objectifs.
Pourquoi est-il si long, pourquoi est-il si dur de poser ces actes évidents ?
Je le dis avec émotion, gravité : je suis en même temps fier que Paris soit la première commune, la première institution française, à oser le faire, mais avec le regret que cela n’ait pas été fait plus tôt.
Je souhaite, à ces victimes – vous les avez citées -, ajouter, si vous m’y autorisez, votre père, chef de la sûreté urbaine d’Alger, assassiné en 1961 par l’OAS.
Aujourd’hui, nous arrivons à mobiliser contre le terrorisme, contre les idéologies barbares, et ce qui s’est passé il y a quelques décennies semble nous coûter plus.
Non !
Paris, aujourd’hui, capitale de la France, Paris capitale de la République, Paris héritière de valeurs universelles, de valeurs de libertés, des droits de l’homme, Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare.
Je veux le dire pour les victimes, je veux le dire pour l’unité de la collectivité nationale : il n’y a pas d’unité du peuple français s’il a peur de la vérité. Il ne peut pas penser son avenir sur l’ambiguïté ou sur une sorte de lâcheté par rapport à l’Histoire
En honorant aujourd’hui les victimes de l’OAS, en posant cet acte fort de Paris condamnant une idéologie et des actes, je veux en même temps poser un acte de rassemblement.
Dans ce moment, je n’oublie pas les Morts pour la France, que nous avons voulu honorer à quelques mètres d’ici. Je n’oublie pas les harkis et leurs familles qu’à plusieurs reprises j’ai voulu honorer. Je n’oublie pas les Morts de Charonne. Je n’oublie pas les Rapatriés d’Afrique du Nord : j’en suis un ! Je n’oublie pas leurs souffrances. Mais je ne veux pas oublier les victimes algériennes d’une guerre coloniale et d’actes barbares qui se sont déroulés en plein Paris et en particulier au pont Saint Michel le 17 octobre 1961.
Pour unir, pour rassembler, pour servir la paix, pour être ensemble, il n’y a qu’un moyen : la vérité, l’humilité et la dignité de savoir dire quelles sont les victimes et de savoir dire – je l’affirme en laïc républicain – quelles sont les forces du Mal. Et les forces du Mal, ce sont les idéologies qui refusent l’autre, qui refusent son droit à la dignité, qui refusent notre égalité dans nos différences.
Dans ce geste, Paris rend hommage à ces personnes, à ces victimes. Paris dit ce qui lui paraît vrai sur cette Histoire. Mais Paris, à travers ce geste, veut proclamer son amour de la France : son amour de la France quand elle n’est pas raciste, son amour de la France quand elle n’a pas des visées de domination et qu’elle ne veut pas écraser un peuple, quand la France n’est pas une puissance coloniale, quand la France de Victor Hugo, quand la France des Lumières, quand la France des libertés est au contraire pour tous les peuples du monde, non seulement une référence, non seulement une espérance, mais aussi une terre d’accueil.
Lorsque nous refusons parmi nous les autres, nous ne sommes pas la France.
Ce moment, je veux qu’il soit vrai, qu’il soit profond, qu’il ne cache aucun des éléments de cette émotion qui nous atteint. Je veux aussi que ce soit un moment de force, de puissance pour des valeurs, des valeurs éternelles de la France qui ne peuvent briller que quand le courage, l’honnêteté intellectuelle et la vérité triomphent : c’est peut-être ce que, modestement, nous faisons ensemble aujourd’hui.
Je vous remercie. »
2013
Extraits du rapport d’activité 2013 :
« 20 mars 2013 : Au nom de l’Anpromevo, Jean-François Gavoury adresse, par courriel, ses remerciements aux parlementaires (Mme Danièle Hoffman-Rispal, M. Patrick Bloche) et élus (Mmes Catherine Vieu-Charier, Odette Christienne et Frédérique Calandra, MM Hamou Bouakkaz et Pascal Joseph) de la capitale, ainsi, notamment, qu’aux membres de la direction nationale de la FNACA, aux responsables de son comité départemental, aux représentants de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), pour leur participation au dépôt de gerbes ayant suivi la cérémonie organisée par la Mairie de Paris, le 19 mars à 9 h 15, devant le Mémorial aux 752 Parisiens morts pour la France en AFN. Il leur dit l’émotion suscitée par la présence d’une vingtaine de porte-drapeau autour de la stèle dédiée depuis le 6 octobre 2011, par la Ville de Paris, aux victimes de l’OAS. Il ajoute : « L’attachement des victimes et familles de victimes de l’OAS à la commémoration du 19 mars 1962 et leur implication dans la défense de la proposition de loi relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ont en particulier pour origine un événement quelque peu oublié, intervenu le jour même de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie : en effet, le 19 mars 1962, à la demande du ministre de l’éducation nationale, M. Lucien Paye, dans tous les établissements scolaires, de l’université de Paris à la plus humble école de hameau, la jeunesse et ses maîtres se recueillaient silencieusement à l’appel des noms de Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia, inspecteurs des centres sociaux éducatifs massacrés collectivement quatre jours plus tôt, par un commando de l’OAS, dans l’exercice de leurs fonctions et sur leur lieu de travail à Alger.
6 octobre 2013 (en fin de matinée) : 45 personnes prennent part à une manifestation privée organisée au cimetière du Père Lachaise (Paris-20e) à l’occasion du 2e anniversaire du dévoilement par Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris, de la première stèle en hommage à l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France. Se déroulant un an jour pour jour après l’inauguration par Monsieur Joaquim Pueyo, député-maire d’Alençon, d’une plaque commémorative nommément dédiée à Alfred Locussol, premier fonctionnaire d’État assassiné par l’OAS sur le sol français, la cérémonie de ce dimanche 6 octobre 2013 avait pour objet d’ancrer cette date anniversaire dans le paysage mémoriel en faisant du 6 octobre une journée – pour le moment associative – du souvenir des victimes du terrorisme de l’OAS. Tel a été le sens de l’intervention, reproduite par ailleurs, de Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo), entouré du représentant du maire de la capitale et des responsables nationaux et départementaux de plusieurs associations en lien avec le monde combattant, l’Algérie, l’anticolonialisme et les droits de l’Homme. La manifestation a été marquée par le dépôt d’une gerbe au nom de l’Anpromevo, de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons et du Comité vérité et justice pour Charonne. Elle s’est conclue par une minute de silence. »
2014
Extrait du rapport d’activité 2014 :
« 19 mars 2014 : Cérémonies commémoratives du 19 mars 1962 dans le cadre de la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. L’une des pages du n° 526 (avril 2014) de « L’Ancien d’Algérie » (tiré à 359.000 exemplaires) rendra compte du double hommage rendu ce jour-là aux victimes militaires et civiles de l’OAS par la Fédération nationale des Anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA) : le premier autour de la stèle qui leur est dédiée par la capitale dans l’enceinte du cimetière du Père Lachaise (près du Mémorial aux Parisiens morts pour la France en AFN) ; le second devant la plaque commémorant, au siège des services du cabinet du ministre chargé de la formation professionnelle, le sacrifice de six inspecteurs de centres sociaux éducatifs assassinés quatre jours avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie. Un encadré de cette même page est consacré à la dénonciation d’une revendication portée par les anciens activistes de l’OAS : celle tendant à ce que la qualité de « Mort pour la France » soit conférée aux condamnés de l’organisation passés par les armes (cf. infra en regard de la date du 23 mars 2014) ! »
2015
Extraits du rapport d’activité 2015 :
« 22 janvier 2015 : Rencontre au 37 rue de Bellechasse à Paris-7e entre l’ANPROMEVO et M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire auprès du ministre de la défense. L’objet consiste en l’examen des modalités d’une reconnaissance par l’État des victimes de l’OAS. Jean-François Gavoury est accompagné de Mme Sylvie Vauzelle, née Fauvet, victime (survivante) d’un acte terroriste de l’OAS commis le 15 février 1962 au domicile de ses parents à Paris, ainsi que de M. Michel Lambart, vice-président de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ». Les propositions présentées sont les suivantes {…} :
1 – article 3 de la proposition de loi n° 618 enregistrée à la Présidence du Sénat le 7 juillet 2010 et de la proposition de loi n° 3130 enregistrée à la Présidence de l’Assemblée nationale le 1er février 2011 fixant la destination du Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et relative à la mémoire des victimes de l’OAS (Organisation armée secrète).
IV] Dépôt de gerbe par M. Jean-Marc Todeschini, le mardi 6 octobre 2015, au cimetière du Père Lachaise devant le Mémorial dédié aux victimes de l’OAS par la Ville de Paris depuis le 6 octobre 2011 (contribution à la consécration de la date du 6 octobre pour l’hommage aux victimes de l’OAS). »
19 mars 2015 : L’ANPROMEVO est représentée aux cérémonies parisiennes commémorant l‘entrée en vigueur des Accords de cessez-le-feu en Algérie (cimetière du Père Lachaise et ministère de l’éducation nationale en matinée, Mémorial national des morts pour la France en AFN et Arc de triomphe en cours d’après-midi et soirée).
L’hommage aux Parisiens morts pour la France en AFN, devant le Mémorial qui leur est dédié au cimetière du Père Lachaise, est prolongé par un hommage à l’ensemble des victimes militaires et civiles de l’OAS, au pied de la stèle voisine, présente depuis le 6 octobre 2011. Pour la première fois, le préfet de police et le préfet de région d’Ile-de-France se joignent à la maire de Paris et aux représentants du monde combattant, FNACA en tête. Suit un dépôt de gerbe de la FNACA à l’entrée de la salle Marchand-Feraoun en l’hôtel de Rothelin-Charolais, 101 rue de Grenelle à Paris-7e, siège du cabinet de la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Sont présents notamment M. Benoît Lemaire, chef de cabinet représentant M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la mémoire, et Mme Rose-Marie Antoine, directrice générale de l’ONAC-VG, ainsi que M. Hubert Tison, secrétaire général de l’Association des professeurs d’histoire et géographie.
6 octobre 2015 : Afin de marquer le quatrième anniversaire du dévoilement par le Maire de Paris, au cimetière du Père-Lachaise, de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS en Algérie et en France, les membres et amis de l’ANPROMEVO domiciliés dans l’agglomération parisienne ou s’y trouvant à la date de ce 6 octobre se réunissent à 11 h 30 pour un moment de recueillement autour de ce lieu de mémoire.
La cérémonie se déroule en présence d’une quarantaine de personnes, parmi lesquelles :
– M. Guy Darmanin, président national de la FNACA ;
– M. Robert Créange, ancien secrétaire général de la FNDIRP ;
– M. Jean Laurans, président de la FNACA de Paris ;
– M. Henri Pouillot, président du comité départemental des Yvelines de l’ARAC ;
– M. Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » ;
– M. Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole et directeur général de l’Association française des Victimes du Terrorisme ;
– M. Gilles Manceron, représentant la Ligue des droits de l’Homme ;
– M. Michel Levallois, préfet honoraire, président de la Société des Études saint-simoniennes ;
– Mme Michèle Decaster, secrétaire générale de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique ;
– M. Michel Reynaud, éditeur (Éditions Tirésias).
Le porte-drapeau national de la FNACA, M. Jacques Cazaux, par sa présence au côté de la stèle, incarne celle des quelque 325.000 adhérents de la fédération et leurs familles et confère à cet hommage une solennité particulière.
Le Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS y prononce le discours dont les termes suivent :
« En guise de préambule, un grand merci, pour leur fidélité militante, aux représentants des associations ayant appelé, dès 2007, à l’édification de cette stèle : Association républicaine des anciens combattants ; Comité Vérité et Justice pour Charonne ; Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie ; Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes ; Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples.
Cette conception qui est nôtre de « la mémoire en action » est conforme à celle de la FNACA, dont j’accueille avec un réel plaisir le président national, M. Guy Darmanin, venu de Toulouse.
« Mesdames et Messieurs,
Pourquoi l’ANPROMEVO a-t-elle appelé ses adhérents, amis et correspondants à se réunir ici ce 6 octobre 2015 ?
Pour trois raisons, que je vais énumérer et expliciter brièvement.
C’est d’abord afin de fustiger une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare, pour reprendre les paroles que M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, a prononcées ici-même, il y a tout juste quatre ans, avant de procéder au dévoilement de cette première stèle dédiée par une institution publique aux victimes de l’OAS.
Certes, l’OAS a subi tant l’anathème judiciaire dans les mois suivant sa création que la sentence de l’Histoire depuis lors : une sentence définitive, qu’aucune loi d’amnistie ni aucune mesure de grâce ne pourra effacer. Mais il se trouve encore des admirateurs inconditionnels de ceux qui, défiant la démocratie, se sont dressés contre l’autorité légitime d’un gouvernement légal et ont retourné contre la République les armes qui leur avaient été confiées : telle était l’OAS, et il ne faut ménager aucun effort pour le faire savoir, notamment aux plus jeunes de nos concitoyens.
C’est ensuite pour dénoncer les menées révisionnistes du lobby nostalgérique.
Certes, aux plus hauts niveaux de la justice tant administrative que pénale, les tentatives de réhabilitation politique de l’OAS, les actes de glorification visant ses anciens activistes, les initiatives de ceux d’entre eux qui ne cessent de réassassiner leurs victimes en en diffamant la mémoire ont été, ces temps derniers, sanctionnés plus efficacement que sous l’effet de la censure verbale. Mais il se trouve des élus pour continuer à faire publiquement l’éloge des responsables des forfaits inexpiables auxquels l’OAS s’est livrée : ces comportements, qui relèvent du détournement de pouvoir, doivent être combattus sans relâche en raison de leur perversité intrinsèque et de leur toxicité au regard de la cohésion sociale.
Si nous sommes ici réunis, c’est enfin et surtout pour imprimer plus profondément la marque du 6 octobre comme celle de l’hommage dû à l’ensemble des victimes, militaires et civiles, de l’OAS après leur mise à l’honneur ici-même il y a quatre ans, puis à Alençon le 6 octobre 2012, à nouveau autour de ce monument le 6 octobre 2013 et au Touvet, dans l’Isère, le 6 octobre 2014.
Oui, en effet, le principal objet de ce rassemblement auquel vous avez été conviés consiste en un hommage ritualisé autour de l’événement référent qu’a constitué l’inauguration de cette stèle le 6 octobre 2011 : un hommage citoyen, un hommage républicain et l’hommage de la vérité historique dont nous sommes conjointement redevables à l’égard de cette catégorie si particulière à la fois de victimes du terrorisme et de victimes de la guerre d’Algérie.
Ce mémorial au pied duquel, le 19 mars dernier, le préfet de police et le préfet de la région d’Ile-de-France se sont, pour la première fois, joints à la maire de Paris et aux représentants du monde combattant, FNACA en tête, accueille aujourd’hui une délégation de l’Association française des Victimes du Terrorisme : j’en salue le porte-parole et directeur général, M. Guillaume Denoix de Saint Marc, dont je sais la compassion solidaire à l’égard de Delphine Renard, ici présente.
À la fin de ce mois, le 31 octobre à 11 h 00, en préambule ou à l’issue d’une cérémonie à la mémoire de vingt jeunes soldats métropolitains, appelés du contingent, disparus dans les Abdellys à la veille de la Toussaint 1956, le Secrétaire d’État chargé des anciens combattants et de la mémoire auprès du ministre de la défense sera présent à l’endroit même où nous sommes : l’occasion de rappeler à M. Jean-Marc Todeschini, que, de journée inter-associative du souvenir, le 6 octobre doit devenir une journée officielle de recueillement aux termes d’une loi tendant à la reconnaissance par l’État et par la Nation des souffrances subies par l’ensemble des victimes des actes terroristes commis par l’Organisation armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, depuis février 1961 jusqu’au-delà même de la fin de la guerre d’Algérie.
Pour le moment, je propose que nous fleurissions cette stèle, puis que nous observions une minute de silence EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE L’OAS EN ALGÉRIE ET EN FRANCE : CIVILS, MILITAIRES, ÉLUS, MAGISTRATS, FONCTIONNAIRES, DÉFENSEURS DES VALEURS ET DES INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE.
J-P. Ould Aoudia, D. Renard, J-F. Gavoury, G. Darmanin
2016
Intervention le 6 octobre 2016, au cimetière parisien du Père-Lachaise, de Jean-François Gavoury, Président de l’ANPROMEVO
AVANT-PROPOS
J’adresse des remerciements chaleureux à celles et ceux qui ont bien voulu répondre à l’appel des associations « ANPROMEVO » et « Marchand-Feraoun » à célébrer le cinquième anniversaire de cette première stèle dédiée à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France.
M. François Vauglin, maire du 11e arrondissement de Paris, où l’ANPROMEVO a son siège, regrette de ne pouvoir être à nos côtés de même que M. Serge Barcellini, président du Souvenir français, engagé de longue date pour une inauguration dans le département de la Marne.
Je salue collectivement les représentants du monde associatif, de l’édition militante, du monde combattant (UFAC, FNACA), de la mémoire (Comité Charonne) et de l’histoire (merci, Gilles Manceron de nous honorer une fois de plus de votre participation, vous dont le récent article sur Médiapart, intitulé Terrorisme et résistance, éclaire ce rendez-vous du 6 octobre !).
Bienvenue en particulier à M. Guillaume Lagane, chef du département harkis et rapatriés à la direction générale de l’Office national des Anciens combattants et Victimes de guerre, et à Mme Zoulikha Bekaddour, longtemps conservatrice en chef de la Bibliothèque universitaire d’Alger, incendiée par l’OAS le 7 juin 1962, date sur laquelle je reviendrai en conclusion de mon propos.
Nous sommes le 6 octobre 2016.
2016 : soit dix ans après la naissance de l’ANPROMEVO.
6 octobre : soit cinq ans, jour pour jour, après le dévoilement par M. Bertrand Delanoë de ce monument qui nous réunit aujourd’hui, érigé par la Ville de Paris en hommage aux victimes du terrorisme de l’OAS.
Pour nous qui pratiquons la commémoration, les dates ont un sens, et leur rapprochement, pour moi, revêt une valeur symbolique.
Alors, parlons dates : dates et faits !
Le 19 mars 2016, devant le Mémorial national de la guerre d’Algérie, quai Branly à Paris, le Président de la République a affirmé que la paix des mémoires, « … c’est les reconnaître toutes et n’en oublier aucune » et que « Faire la paix des mémoires, c’est regarder vers l’avenir. »
À l’issue de la cérémonie, qui entrait dans le cadre de la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, j’ai pu lui dire que je voyais dans ses paroles « une rupture avec quarante-deux ans d’État-OAS ».
Dès la semaine suivante, j’explicitais par courrier cette expression « État-OAS » en précisant :
– un État qui a laissé se développer les initiatives de toute nature tendant à glorifier les auteurs des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS ou en son nom ;
– un État dont l’un des chefs a réhabilité des généraux putschistes, rebelles aux lois de la République et réfractaires à la démocratie ;
– un État au Conseil duquel on a fait dire, le 13 février 2003, que les victimes de l’OAS ne pouvaient pas être honorées de la qualité de « Mort pour la France » dès lors que l’OAS n’était pas partie belligérante au conflit ;
– un État qui, dans une démarche révisionniste assumée, a décoré d’anciens criminels de l’organisation considérés comme éminemment méritants et a laissé les jusqu’au-boutistes de l’Algérie française assimiler les victimes de l’OAS à des traîtres à la patrie.
Ma proposition adressée à Monsieur François Hollande pour la mise en place d’un dispositif législatif et réglementaire de reconnaissance à l’égard de l’ensemble des victimes militaires et civiles de l’OAS ne reçut d’autre suite que sous la forme d’un décret du 13 mai (oui, 13 mai !) faisant de moi un officier dans l’ordre national du Mérite.
J’y ai vu le signe, émanant du plus haut niveau de la République, d’une considération accordée à chacune et à chacun d’entre vous, membres et amis de l’ANPROMEVO, cette promotion intervenant à raison de ma qualité de « président d’une association mémorielle ».
J’aurais pu – nous aurions pu – nous satisfaire de cette réponse.
Pourtant, le 19 septembre, au moment même où j’étais à nouveau salué par le Président de la République, dans le Jardin de l’Intendant de l’Hôtel national des Invalides, après l’hommage solennel rendu aux victimes et aux rescapés d’actes terroristes, Mme Isabelle Sima, chef de cabinet, signait une lettre m’assurant – je cite – de toute l’attention portée à [mes] attentes au sujet de la reconnaissance des victimes de 1’OAS, organisation terroriste de sinistre mémoire.
Oui, le 19 septembre, soit six mois après le 19 mars, comme si l’année, pour les victimes de l’OAS, était rythmée par deux dates entrant symétriquement en résonance.
Le 19 septembre donc, la Présidence de la République indiquait :
– La mention « mort pour la France » ne peut être inscrite de façon systématique sur les actes de décès des personnes victimes de I’OAS, quels que soient leur statut et les circonstances de leur décès, mais si certains cas ont été omis, cette mention peut toujours être attribuée par I’ONAC-VG, après examen particulier et dans le strict respect de la réglementation en vigueur.
– S’agissant de l’affichage des noms des victimes civiles sur la colonne blanche du mémorial national de la guerre d’Algérie, il intervient sur demande des familles ou d’associations représentatives, après instruction par les services du ministère de la défense qui s’assurent qu’elles ne faisaient pas partie ni du FLN ni de 1’OAS.
Ces quelques lignes doivent être prises au pied de la lettre et encourager les familles et associations de victimes de l’OAS à engager dès demain, auprès des administrations concernées, des démarches pour obtenir ces actes de reconnaissance : reconnaissance d’une dette morale de l’État envers ces oubliés perpétuels de l’histoire de la guerre d’Algérie dont nous portons haut la mémoire.
J’ai parlé de dates faisant écho à des événements, et je voudrais conclure par celle à laquelle le ministre de l’intérieur, Monsieur Bernard Cazeneuve, m’a adressé ses félicitations pour ma promotion dans l’ordre du Mérite, évoquant mon dévouement au service de l’intérêt général : il l’a fait le 7 juin, jour anniversaire de l’exécution de deux des participants à l’assassinat de mon père.
Cette distinction, que je devrais recevoir le mois prochain des mains du Ministre qui m’y a proposé, je la dédie à toutes les victimes de l’OAS en Algérie et en France, civils, militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République.
Et pour marquer le cinquième anniversaire de cette stèle dont je viens de vous lire la dédicace, je vous annonce le lancement, ce jeudi matin, du site Internet de l’ANPROMEVO (http://anpromevo.com), auquel je souhaite de contribuer à l’instauration d’un partenariat mémoriel avec l’Algérie.
Avant la minute rituelle de silence, place au dépôt de gerbes, successivement, par le Comité Vérité et Justice pour Charonne, par l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, par la FNACA (dont je salue respectueusement le porte- drapeau national) et par l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS.
2017
19 Mars 2016 au cimetière parisien du Père-Lachaise : dépôts de gerbes
Hommage fut rendu le dimanche 19 mars par la Mairie de Paris, par les représentants de l’État dans la capitale (préfet de police et préfet de la région d’Ile-de-France), par la FNACA et par l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France autour de la stèle qui leur est dédiée à l’intérieur du cimetière du Père-Lachaise, à quelques mètres du Mémorial élevé en souvenir des 755 jeunes Parisiens morts pour la France en AFN
VIDÉO DE L’ÉVÈNEMENT
Compte rendu de la cérémonie du souvenir des victimes de l’OAS organisée au cimetière parisien du Père-Lachaise le 6 octobre 2017
Le 6 octobre 2011, le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, dévoilait, au cimetière du Père-Lachaise, une stèle dédiée à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France.
Cet hommage s’inscrivait dans l’action de mémoire collective menée depuis 2001 par la Ville de Paris autour de la guerre d’Algérie et des conflits coloniaux en Afrique du Nord, avec, notamment, l’édification dans ce même cimetière du Père-Lachaise d’un mémorial célébrant le souvenir des 750 Parisiens morts pour la France en AFN, les plaques honorant les victimes des répressions du 17 octobre 1961 sur le pont Saint-Michel et du 8 février 1962 au Métro Charonne (sans compter le monument inauguré le 11 novembre 1996, dans le parc de la Butte du Chapeau Rouge, près du boulevard d’Algérie, à la mémoire des Harkis, de leurs familles et des victimes civiles de la guerre d’Algérie).
Depuis lors, à Paris comme en province – Alençon (Orne) en 2012, Le Touvet (Isère) en 2014 -, chaque journée du 6 octobre est l’occasion d’une cérémonie destinée à commémorer cet événement qui a marqué l’histoire des victimes de la guerre d’Algérie : en effet, celles de l’OAS avaient été, jusqu’alors, les seules collectivement privées de la considération qui leur était due par les pouvoirs publics, au premier rang desquels l’État lui-même.
De manière à renforcer l’ancrage de la date du 6 octobre dans le calendrier des manifestations d’associations d’anciens combattants et victimes de guerre, les membres d’honneur et adhérents de Paris et d’Île-de-France de l’ANPROMEVO ainsi que les correspondants et amis de l’association étaient invités à se réunir au cimetière du Père-Lachaise le vendredi 6 octobre 2017 à 11 h 00.
Avant le dépôt des gerbes de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, du Comité Vérité et Justice pour Charonne et de l’ANPROMEVO, plusieurs prises de parole ont eu lieu : celles de Jean-Philippe Ould Aoudia et de Michel Lambart – dont la teneur est reproduite ci-après – et celle aussi de Henri Cukiermann, qui s’est attaché à souligner ce qui distingue, au sens mélioratif du terme, et ce qui unit les victimes de l’OAS et celles du 8 février 1962 à Charonne.
À l’issue de la minute de silence, Jean-François Gavoury a adressé ses remerciements à la quarantaine de participants, se félicitant de la représentation, pour la deuxième année consécutive, de l’Office national des Anciens combattants, dans laquelle il a vu le signe d’une orientation positive. Il a également tenu à exprimer sa sympathie à l’égard de Mme Huguette Azavant et de M. Michel Levallois, que leur état de santé a privé de la possibilité de prendre part à cet événement, attirant l’attention sur l’importance de la lutte pour la vie au regard de la continuité du combat pour la mémoire des morts.
Outre la présence des personnes dont le nom – ou la qualité – est cité dans les interventions de MM. Ould Aoudia et Lambart (cf. infra), à noter celle, au titre de la Ligue des droits de l’Homme, de M. Gilles Manceron, fidèle à ce rendez-vous parisien du 6 octobre, et celle aussi de l’un des membres de l’association4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre).
Parmi les personnalités empêchées et excusées, Mme Delphine Renard ainsi que MM. Robert Créange, Pierre Daum, Daniel Kupferstein, Jean-Pierre Louvel, Georges Morin et Alain Ruscio.
Intervention de Jean-Philippe Ould Aoudia au nom de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
Merci, Mesdames et Messieurs, mes chers amis, d’avoir bien voulu répondre à l’invitation de l’ANPROMEVO et de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons pour témoigner, en ce haut-lieu du souvenir, votre attachement aux principes et aux valeurs qu’incarnaient celles et ceux que nous honorons.
Je remercie particulièrement :
– Monsieur André Rakoto, directeur de l’ONAC de Paris, représentant Mme Rose-Marie Antoine, directrice générale de l’Office national des Anciens combattants et Victimes de guerre ;
– Monsieur Henri Cukiermann, président du Comité Vérité et Justice pour Charonne ;
– Monsieur Serge Drouot, président national de la commission Mémoire-Histoire de la FNACA ;
– Monsieur Jean Laurans, président départemental de la FNACA de Paris ;
– Monsieur le porte-drapeau national de la FNACA ;
– Monsieur le porte-drapeau de la FNACA de Paris-13e.
Le 6 octobre 2011, le maire de Paris M. Bertrand Delanoë, exprimait ici sa fierté que Paris, capitale de la France, soit la première commune, la première institution française, à honorer le souvenir de l’ensemble des victimes du terrorisme de l’OAS, en Algérie et en France, en élevant un mémorial devant lequel nous nous trouvons réunis en ce sixième anniversaire.
Notre présence renouvelée est un hommage citoyen et un hommage républicain, désormais inscrits dans le calendrier mémoriel par référence à l’inauguration de cette stèle par le maire de Paris.
C’est un lieu d’histoire, pour dire quelles sont les victimes et quelles sont les forces du Mal, toujours à l’œuvre et qu’il faut perpétuellement combattre.
Cette stèle participe à l’écriture d’une mémoire collective face à la promotion dont sont l’objet la colonisation et ses jusqu’au-boutistes de l’Algérie française.
Ce monument est une incitation, pour les jeunes générations, à l’apprentissage de la guerre d’Algérie à travers la page franco-française du conflit, la plus douloureuse et la plus sombre.
De guerre, il n’en est pas de juste, mais la guerre civile, c’est l’horreur ajoutée à la fureur.
Notre présence exprime aussi la volonté de nous opposer à la réhabilitation d’un syndicat du crime, l’OAS, qualifiée par le maire de Paris d’idéologiquement criminelle et barbare dans ses actes.
Barbare dans ses actes.
Le passé français en Algérie demeure toujours présent en France. Le 14 février 2017, le candidat à la présidence de la République Emmanuel Macron déclarait : « La colonisation c’est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face… »
Notre présence, chaque 6 octobre, doit être un moment d’amitié entre l’Algérie et la France, en mettant à l’honneur des hommes et des femmes qui ont été soumis, sur les deux rives de la Méditerranée, à la violence de terroristes pour qui la vie humaine était sans valeur.
Au nom de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, une gerbe sera déposée au pied de la stèle, suivie d’une minute de silence.
Mesdames, Messieurs, chers amis, je vous remercie.
Allocution de Michel LAMBART Membre de l’ANPROMEVO
Monsieur le sénateur de Paris Pierre Laurent, qu’une superbe gerbe représente ici ;
Monsieur le directeur départemental, représentant la directrice générale de l’Office national des Anciens combattants et Victimes de guerre ;
Mesdames, Messieurs les Présidents d’associations amies, présents, représentés ou excusés :
– Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons,
– Fédération nationale des Anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA),
– Association républicaine des Anciens combattants,
– Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes,
– Comité Vérité et Justice pour Charonne,
– Coup de Soleil,
– Ligue des droits de l’Homme,
– Espace parisien Histoire et Mémoire Guerre d’Algérie,
– Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples ;
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Le Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS, notre très cher Jean-François Gavoury, risquant de se trouver dans l’impossibilité de participer à la commémoration de ce jour mais heureusement présent parmi nous, m’a chargé de porter la parole de l’ANPROMEVO.
Le jeudi 6 octobre 2011, il y a six années aujourd’hui, à la même heure, Bertrand Delanoë, maire de Paris, répondait à notre volonté et dévoilait cette stèle :
Pour la première fois, depuis bientôt cinquante ans, l’origine des criminels éclatait au grand jour.
Dix ans auparavant, le 12 décembre 2001, la plaque commémorative à la mémoire des six Inspecteurs de l’Éducation nationale dans les Centres sociaux éducatifs créés par Germaine Tillion, assassinés par l’OAS à Alger le 15 mars 1962 – Marcel Basset, Robert Eymard, Mouloud Feraoun, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould Aoudia – inaugurée par le ministre de l’Éducation nationale Jack Lang, demeurait muette.
Le président de l’association qui porte leurs noms, Jean-Philippe Ould Aoudia, écrivait dans Le Lien, le 11 novembre 2011 : « Je fus contraint d’accepter que le nom des assassins soit tu ».
Le 6 octobre 2011, Jean-François Gavoury déclarait : « Oui, le 6 octobre 2011 marquera une étape déterminante vers la reconnaissance par la Nation des souffrances endurées par les victimes de l’OAS. Rien n’aurait été possible sans l’écoute de la ville capitale dont il convient de saluer, avec respect et gratitude, le Maire et son adjointe en charge de la mémoire ainsi que l’ensemble des élus et des services. »
Nous constatons, hélas, que les auteurs des actes barbares de l’OAS et leurs suiveurs continuent, sans désemparer, leurs attaques scélérates, et nous éprouvons d’énormes difficultés dans nos actions récursoires.
Mars 2016, c’était dans la revue Ensemble de l’Association culturelle d’éducation populaire, l’apologie des crimes de Gabriel (dit Gaby) Anglade, à l’occasion de ses obsèques. Le président, Fred Artz, écrit : « En mars 1962, il neutralisera six fonctionnaires dont Max Marchand, suppôt notoire du FLN et auxiliaire de l’administration gaulliste, qui, avec quelques autres indicateurs, signalait aux terroristes FLN les victimes européennes qu’il convenait d’éliminer. Gaby sera volontaire pour tenter de libérer Roger Degueldre et aussi pour attenter à la vie du président Charles de Gaulle… »
Décembre 2016, nouvelle charge, contre Jean-François Gavoury, dans Les actualités de l’Algérianiste au sujet de la substitution par Robert Ménard, maire de Béziers, au nom de la rue du 19-Mars-1962, de celui de rue Commandant Denoix de Saint Marc, officier putschiste. Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste, fustige les manifestants de la honte à Béziers le 14 mars 2015, c’est-àdire ceux qui, comme Jean-François Gavoury, Jean-Philippe Ould Aoudia, vinrent s’opposer à cette décision. Il déclare « … plusieurs d’entre eux dont l’éternel Jean-François Gavoury qui, condamnant les actions de 1’OAS, se garde bien de condamner les crimes du FLN. Le tribunal administratif de Montpellier a rejeté le 8 novembre dernier (2016) leurs prétentions. Nous nous en réjouissons. »
Qu’un maire change le nom d’une rue porteur de paix par celui d’un officier aux ordres d’un pouvoir insurrectionnel ne nous réjouit pas. Denoix de Saint Marc se soumit et passa sa première nuit à la prison de la Santé le 26 avril 1961. Un mois plus tard, le 31 mai, Roger Gavoury, commissaire divisionnaire d’Alger, était assassiné par un commando de l’OAS : parmi ses membres, Albert Dovecar et Claude Piegts.
Rappelons que Jean-François Gavoury déposa le 30 décembre 2014 un mémoire introductif d’instance afin que soit annulée la délibération du conseil municipal de la commune de Béziers en date du 11 décembre 2014 portant changement de dénomination de voie.
Juin 2017 – Les actualités de l’Algérianiste incriminent une institution de la République, le Musée national de l’Éducation, où est présentée, depuis le 8 avril 2017 et jusqu’au 2 avril 2018, une importante exposition « L’École en Algérie, l’Algérie à l’École de 1830 à nos jours », à laquelle nous avons participé.
L’Algérianiste titre « une exposition qui interpelle », puis s’interroge « sur le parti pris idéologique de cette exposition » et relève, parmi les collaborateurs, « L’inévitable Benjamin Stora, Georges Morin de 1’association pied-noire pro-FLN Coup de Soleil, Marc Ferro et Pierre Nora, historiens, favorables à l’indépendance de l’Algérie … en quelque sorte, le règne de la pensée unique. »
Pourtant, cette exposition se montre exhaustive. Dans la partie consacrée à des figures d’enseignants, nous trouvons le recteur Laurent Capdecomme, qui défendit courageusement les Centres sociaux éducatifs devant le tribunal d’Alger lors du procès dit des Barricades, où le colonel Gardes les traita de « pourriture » ; Mouloud Feraoun « Où mènent les Chemins qui montent ? » ; Max Marchand « Penser l’Algérie et la France ». Jean-Robert Henry, directeur de recherche honoraire au CNRS, précise dans le livre-catalogue : « Le 15 mars 1962, quatre jours avant le cessez-le-feu, un commando de l’OAS exécutait à Ben Aknoun, au siège des Centres sociaux éducatifs, six de leurs Inspecteurs, dont Mouloud Feraoun et Max Marchand. Dans un contexte de violence aveugle, ces morts prenaient une signification particulière : les criminels visaient clairement leur implication active dans ces structures destinées à promouvoir l’éducation de base d’une jeunesse algérienne non scolarisée. […] En 1962, la politique de la terre brûlée menée par l’OAS touche l’appareil éducatif : l’exemple le plus symbolique est l’incendie de la bibliothèque universitaire d’Alger. »
Est-ce un parti pris idéologique que de relater les forfaits de ceux qui n’ont toujours pas mauvaise conscience ? Et, comme le soulignait Bertrand Delanoë : « Est-ce si dur ? Est-ce si dur d’être humble et courageux vis-à-vis de la vérité ? ».
Bertrand Delanoë eut le courage d’affirmer : « L’OAS, c’est une organisation terroriste, une organisation criminelle, c’est une organisation qui a voulu détruire la République. », ce que ne fit aucun responsable des institutions de l’État. Pourtant, l’OAS n’hésita pas à attenter à la vie du Président de la République, le général de Gaulle. Il fallut attendre trente-sept années pour que le Gouvernement français reconnaisse que les opérations de maintien de l’ordre ou de pacification couvraient, en réalité, une guerre. À la fin de cette guerre franco-algérienne et algéro-algérienne, il y eut une guerre franco-française menée par l’OAS dont la finalité, au nom de l’Algérie française, était d’abattre la République.
Pensons à deux amis qui nous ont récemment quittés :
– le 17 février, un hommage était rendu à Lucien Bitterlin au funérarium des Batignolles. Lucien Bitterlin, responsable du Mouvement pour la Coopération, mit sur pied une police parallèle afin de soutenir le général de Gaulle dans la lutte contre l’OAS. I1 échappa à plusieurs mitraillages et attentats et perdit la majorité de ses hommes. Dans l’établissement du dossier des victimes de 1’OAS, Jean-François Gavoury dresse la liste des contractuels de la lutte anti-OAS, assassinés par l’OAS, d’après les documents de Lucien Bitterlin.
– le 28 août, François Nadiras, de la Ligue des droits de l’Homme à Toulon, fut, comme le déclare Jean-François Gavoury, une « vigilante sentinelle de la République à qui l’ANPROMEVO doit d’être née, d’avoir pu développer son action et d’avoir vu croître son audience. »
Le 6 octobre 2011, Jean-François Gavoury remerciait ainsi Bertrand Delanoë : « Monsieur le Maire de Paris, c’est un vrai moment de lumière que vous nous donnez à connaître en mettant à l’honneur des hommes et des femmes soumis à la barbarie de ce terrorisme dont l’image hideuse doit nous encourager à repousser toute forme de résurgence. »
Afin de repousser toute forme de résurgence, demeurons vigilants au quotidien : notre présence devant cette stèle en ce cimetière du Père Lachaise, haut lieu de tous les combats des hommes libres, l’atteste.
Le 6 octobre doit devenir la Journée officielle de recueillement et du souvenir des victimes de l’OAS.
Avec Jean-François Gavoury et Jean-Philippe Ould Aoudia, retrouvons-nous ici, encore plus nombreux, lundi 19 mars et samedi 6 octobre 2018.
2018
Le 7e anniversaire de la stèle que le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, a dévoilée, le 6 octobre 2011, en hommage à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France a été célébré hier, de 11h00 à 12h00 au cimetière du Père-Lachaise.
La cérémonie a réuni près d’une cinquantaine de personnes, à l’invitation conjointe de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS et de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ».
L’Ile-de-France n’était pas seule représentée : certains participants venaient des régions Centre-Val de Loire et Normandie et même d’Algérie.
Les présidents et membres des associations organisatrices étaient entourés des représentant(e)s de l’Association Germaine Tillion (en la personne de Mme Nelly Forget), du Comité Vérité et Justice pour Charonne (en la personne de son président, Henri Cukierman), de la FNACA de Paris (en les personnes de Jean Laurans, président départemental, ainsi que de Mme Anick Sicart et de M. Pierre Fassy, respectivement secrétaire générale et porte-drapeau du comité du 13e arrondissement).
Monsieur François Vauglin, maire du 11e arrondissement, avait bien voulu faire savoir combien il regrettait de ne pouvoir, en raison d’une contrainte d’agenda, assister à ce moment de commémoration.
À la suite d’un dépôt de quatre gerbes aux noms de la FNACA de Paris, du Comité Charonne, des Amis de Max Marchand et de l’ANPROMEVO, une minute de silence a été observée en souvenir et en l’honneur des victimes décédées et des victimes survivantes de l’OAS.
Dans le prolongement des interventions, reproduites ci-après, un dialogue s’est spontanément établi, sur place, à partir de l’émouvant témoignage de l’une des descendantes d’un enseignant, ami de Mouloud Feraoun, assassiné par l’OAS en avril 1962 : l’occasion de citer pêle-mêle les noms de Huguette Azavant, Mouloud Aounit et Michel Levallois que la stèle avait permis de réunir depuis son inauguration !
Des photos de cette manifestation sont également présentes ci-dessous : j’en remercie vivement l’auteur ainsi que l’ensemble de celles et de ceux qui, par leur présence ou leur soutien, ont contribué à la réussite de cette indispensable commémoration ; ma gratitude va également au conservateur et aux agents du cimetière du Père-Lachaise.
Jean-François Gavoury
Président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO)
Intervention de Jean-François Gavoury, le 6 octobre 2018, devant la stèle aux victimes de l’OAS au cimetière parisien du Père-Lachaise (88e division)
Comme dans les actes, la parole de l’ANPROMEVO complète celle de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ».
Mon intention est de vous parler de Jouhaux.
Non point d’Edmond (Jouhaud), mais de Léon Jouhaux.
Pourquoi ce choix ?
Parce qu’il est né dans ce XVe arrondissement de Paris, où l’ANPROMEVO a eu son siège depuis sa création en 2006 jusqu’à 2014 ?
Parce qu’il a appartenu à la première génération de l’école obligatoire et que les associations « Marchand-Feraoun » et ANPROMEVO portent le souvenir de tant et plus de ces enseignants que la frénésie criminelle de l’OAS a pris pour cibles ?
Parce qu’il a été, de 1909 à 1947, secrétaire confédéral de la CGT, cette CGT à neuf militants de laquelle la police aux ordres du préfet Papon a infligé la mort le 8 février 1962, non loin d’ici, alors qu’ils manifestaient contre l’expansion du terrorisme de l’OAS aux cotés de dizaines de milliers d’opposants au fascisme ?
Parce qu’il s’est agi d’un homme de Paix, dont il a été prix Nobel en 1951 ?
Rien de cela ? Tout à la fois ?
En réalité, c’est la présence de la sépulture de Léon Jouhaux dans la 88e division du cimetière du Père-Lachaise qui me paraît donner du sens – symboliquement, s’entend – à cette stèle dévoilée il y sept ans par le maire de Paris !
En guise de transition avec un sujet lié à l’essence même de la démarche de l’association, je souhaite vous livrer une confidence : longtemps, j’ai réfuté l’hypothèse d’un traumatisme subi du fait de la disparition de mon père, première victime d’une OAS dans laquelle M. Bertrand Delanoë a su voir une organisation statutairement terroriste et ponctuellement barbare !
Aujourd’hui, à l’approche un peu laborieuse du statut de septuagénaire et surtout avec le recul de douze années passées à la tête de l’ANPROMEVO, je m’interroge :
– je le fais dans des termes qui m’ont été inspirés par une chanson à l’auteur et interprète de laquelle les honneurs posthumes ont été rendus hier à l’Hôtel national des Invalides : ai-je vraiment tardé à percevoir « le poignard de l’absence » ; ai-je été malade et suis-je « guéri de mes années d’enfance » ?
– je le fais également et surtout à la lumière du témoignage qui m’est parvenu, il y a peu, de plusieurs membres, ici présents pour la première fois, de la famille de Dahmane Yesli, ami et collègue de Mouloud Feraoun assassiné par l’OAS le 11 avril 1962 à l’âge de quarante-trois ans, et dont le permis d’inhumer porte la mention « victime de terrorisme ».
Ses descendants, qui restent très affectés plus d’un demi-siècle après ce drame, attendent de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS qu’elle attire à nouveau l’attention des pouvoirs publics sur la méconnaissance de leurs droits : il s’agit, en effet, des seules victimes de la guerre d’Algérie privées à la fois de la qualité de « mort pour la France » et de celle de « mort pour le service de la Nation ». Le Conseil d’État a exclu l’apposition de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès des victimes de l’OAS au prétexte spécieux que l’OAS n’aurait pas été partie belligérante au conflit ; quant à l’attribution de la mention « Mort pour le service de la Nation », elle a été prévue par une loi du 21 décembre 2012, dont la rétroactivité, en soi dérogatoire, ne s’est pas étendue en deçà du 1er janvier 2002 !
Il y a là une double injustice aussi criante que la négation des crimes de la colonisation ou le silence sur la torture érigée en système durant la guerre d’Algérie.
Pour en obtenir la réparation morale (et simplement morale tant l’aspect pécuniaire est absent des préoccupations de l’ANPROMEVO), j’appelle au sens des responsabilités les administrations en charge des victimes de guerre et je sollicite le soutien des associations du monde combattant.
Il y a soixante ans et un jour, était publié au Journal officiel le texte de la Constitution de la Ve République, celle au service de laquelle nombre de militaires, de fonctionnaires civils, de magistrats et d’élus sont tombés sous les coups de la sédition.
Vivent les institutions et valeurs de la République, et que se consume le souvenir de ceux qui en ont été les ennemis.
Hommage aux victimes de l’OAS, par Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
Le lundi 5 mars dernier, sur France Inter, à 8h35, le ministre de l’Education nationale déclarait :
« Je ne suis pas non plus un fanatique de la commémoration ».
Quelques jours plus tard, le 16 mars, il fait ce qu’il dit et décide de ne pas être représenté- et à travers sa fonction, le gouvernement- à la cérémonie d’hommage rendue depuis 16 ans devant la plaque commémorant l’assassinat de six fonctionnaires de l’Education nationale, le 15 mars 1962 à Alger, par l’OAS.
La parole et l’acte d’un ministre ayant en charge l’Enseignement des élèves de France ne sont pas anodins et incitent à se poser la question : faut-il commémorer ?
Nous sommes dans l’un des cimetières les plus célèbres et le plus visité au monde, où reposent un certain nombre de personnalités –tels Molière et Chopin- mais où s’élèvent aussi :
- le Mur des Fédérés. Faut-il encore commémorer les 147 fusillés de la Commune de Paris le 28 mai 1871 ?
- Plusieurs monuments à la mémoire des déportés victimes des camps de concentration et d’extermination nazis. Faut-il ne pas commémorer les morts d’Auschwitz ou de Ravensbrück, sauf à se comporter comme des fanatiques de la commémoration ?
- A quelques mètres d’ici, sont gravés les noms des quelques 750 Parisiens, Morts pour la France en Afrique du Nord. Devraient-ils être écartés des commémorations ?
- Pourquoi serions-nous des fanatiques de la commémoration en honorant ici et maintenant la mémoire des 2700 victimes de l’OAS, que cette stèle a été la première en France à honorer : Algériens et Français, civils et militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République ?
Qui sont les fanatiques : les terroristes qui les ont assassinés ou celles et ceux qui viennent rendre hommage à leurs innocentes victimes ?
1° La commémoration comme facteur d’unité nationale
Se souvenir ensemble, c’est rappeler avec solennité le souvenir de quelqu’un ou d’un événement important.
Cum memorare, c’est entretenir la mémoire d’un événement qui appartient à l’Histoire collective, afin de la conserver.
C’est participer à la construction de l’Histoire commune aux habitants d’une région, d’un pays, de l’Europe, voire du monde si on réfère aux deux guerres mondiales avec les dates du 11 novembre pour la Première et du 8 mai pour la Seconde.
C’est rappeler sans cesse l’élément constitutif de la mémoire nationale et donc de son identité.
C’est un lieu et un moment privilégié de rencontre entre l’histoire et la mémoire.
Parce qu’elle sert d’exemple et de modèle, la commémoration engage l’Etat. Lorsqu’elle devient un jour férié la nation tout entière participe, volens nolens, à ce cérémonial national.
« L’histoire est la mémoire du peuple » (Malcolm X)
« un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir (Aimé Césaire)
2° La commémoration comme un droit
Refuser de commémorer, c’est imposer le silence à la mémoire, silence qui conduit à l’oubli. Un événement marquant de l’histoire nationale deviendrait alors une page blanche.
Qui peut s’arroger le droit de refuser à une personne ou à une association le droit au souvenir pour lutter contre l’oubli ?
Si cette démarche mémorielle s’inscrit au cœur de l’homme, qui peut lui interdire d’accomplir ce qu’il considère comme son devoir de mémoire ?
Dans la démarche commémorative, rappeler le passé c’est partager des valeurs communes et les transmettre à travers des lieux de mémoire comme il y en a des centaines dans ce cimetière ; comme celui-ci, inauguré le 6 octobre 2011 par le maire de Paris, Bertrand Delanoë.
Comme celui du 101 rue de Grenelle à la mémoire de six fonctionnaires de l’Education nationale « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France »
Ou à l’Ecole nationale de police de Saint Cyr au Mont D’or, dédiée « aux fonctionnaires de police tombés en opération, victimes du devoir, hors du territoire métropolitain ».
« Une nation qui ne sait pas regarder son passé ne sait pas regarder son avenir » (Alain Touraine).
3° Les dangers de la commémoration
Mais il y a danger à commémorer sans cesse, n’importe qui et n’importe quoi, une sorte de « commémorationite » qui ferait perdre sens et portée à la commémoration.
Dans le cadre de cette dérive mémorielle, on peut assister à un brouillage des valeurs fondatrices de la République, voir même à une inversion de la signification et des valeurs portées par un moment de l’histoire.
Un véritable détournement de la commémoration se met en œuvre qui consiste à célébrer des hommes, des idées ou des événements qui ne le méritent pas, ou qui sont même condamnables.
La commémoration se transforme alors en un moment d’apologie d’une idéologie criminelle, comme celle qui a pu conduire à commettre des actes barbares, pour reprendre les termes du discours du maire de Paris le 6 octobre 2011 pour qualifier le terrorisme de l’OAS.
Le devoir de mémoire comme fidélité aveugle à un passé controversé, expose à des abus de mémoire. On y cultive le ressentiment et le besoin de revanche.
Il est de notre devoir de lutter contre l’avilissement du souvenir qui transforme les bourreaux en victimes et les victimes en coupables.
Il appartient à l’Etat de condamner ces dérives mémorielles et d’empêcher leur cérémonial.
Ce qui n’est pas toujours le cas, tellement il est vrai que la mémoire et l’histoire entretiennent des rapports conflictuels avec le politique.
Pour reprendre ce qu’écrivait George Orwell en 1984 : « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé ».
Restons fidèles aux valeurs et aux idéaux que nous partageons tous ici. N’écoutons pas ceux qui font profession d’oublier ce qui les gêne.
Notre présence ici, devant cette stèle, est rappel très fort à ce qu’il faut respecter, à ce qu’il faut honorer, à ce dont il faut se souvenir toujours, à ce qu’il ne faut oublier jamais. »