RAPPORT MORAL ET D’ACTIVITÉ POUR 2018

présenté à l’assemblée générale du 14 mars 2019 à Paris-13e
par le président de l’ANPROMEVO, assisté du secrétaire général
(adopté à l’unanimité des adhérents présents ou représentés)

 

5 JANVIER 2018

En l’absence à la fois de Françoise Nordmann et de Jean-François Gavoury, tous deux empêchés au dernier moment de se déplacer à Alençon (Orne) pour prendre part, le vendredi 5 janvier à 11 h 00, à la cérémonie d’hommage à la mémoire d’Alfred Locussol, c’est à Mme Annie Pollet qu’il revient de prononcer impromptu le message de vœux de l’ANPROMEVO intitulé « 2018, année en 8 ».

Le propos du président de l’association consiste à rapprocher cette année qui débute de deux autres – 1958 et 1968 – évoquant la crise et la déconstruction respectivement des institutions (1958) et des valeurs anciennes (1968) : « un même contexte insurrectionnel pour l’affirmation de deux utopies, celle d’une Algérie à jamais française et celle d’une société idéale ».

Jean-François Gavoury rappelle que l’assassinat d’Alfred Locussol intervient entre 1958 et 1968, un certain 3 janvier de l’année 1962, huitième année d’un conflit franco-algérien ayant viré à l’affrontement franco-français, et il détaille le compte rendu fait au lendemain de cet événement dramatique sur l’antenne de Paris Inter dans le journal radiophonique Inter Actualités.

image002

Il ajoute :

« […] cinquante-six ans après, les porteurs de la mémoire d’Alfred Locussol sont réunis ici et s’expriment.

« Ils s’expriment parce que faire acte de mémoire, c’est faire acte de parole.

« Ils parlent parce que l’actualité d’hier, celle des faits, contribue à cette vérité de l’histoire dont des discours révisionnistes ultérieurs, encouragés par les lois d’amnistie et de réhabilitation, ont pour objet de falsifier voire nier la réalité.

« Ils se rassemblent ici pour rappeler qu’Alençon a été le théâtre d’une exécution politique il y a cinquante-six ans.

« Et ici, ils affirment que s’en prendre à la stèle honorant le souvenir d’Alfred Locussol ne permettra pas à ses assassins de se libérer de leur passé criminel.

« Ils font acte de mémoire non pas tant pour obtenir repentance ou réparation de l’ancien État colonial que pour contrarier les tendances à l’amnésie collective et éviter la répétition de l’Histoire.

« Telle me paraît être la double vocation de la mémoire en action.

[…]

« Heureuse année à celles et ceux qui soutiennent le combat des associations de victimes de l’OAS. Et puisse 2018, dans le prolongement de 1958 et 1968, donner corps à une nouvelle utopie : celle d’un cessez-le-feu des mémoires ! »


8 FÉVRIER 2018

Placé dans l’impossibilité de participer à la cérémonie organisée à la station de Métro « Charonne – 8 février 1962 » à l’occasion du 56e anniversaire de la tragique manifestation parisienne contre l’OAS et pour la paix en Algérie, Jean-François Gavoury s’adresse à ses collègues membres du conseil d’administration du Comité Vérité et Justice pour Charonne en leur disant combien il pense « à toutes ces Parisiennes et à tous ces Parisiens venus dans les rues de la capitale à la rencontre de la violence et, pour neuf d’entre eux, de la mort alors qu’ils entendaient juste prôner la paix. »

image004

Il appelle à ce que cette cérémonie en mémoire des victimes de Charonne démontre combien « la faiblesse, l’indifférence et l’oubli ne sont pas de mise à l’égard d’un État républicain qui, face à sa propre histoire, choisit de détourner le regard ».

image005


19 MARS 2018

Dans le cadre de la Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, les présidents respectifs de l’ANPROMEVO et de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, accompagnés de plusieurs adhérents franciliens, assistent, au cimetière du Père-Lachaise, à la partie parisienne des cérémonies commémoratives de l’entrée en vigueur, le 19 mars 1962, du cessez-le-feu en Algérie.

Une gerbe de l’ANPROMEVO est déposée devant le Mémorial dédié aux Parisiens morts pour la France en AFN. La stèle vouée aux victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France est à son tour fleurie à la fois par la Maire de Paris, entourée du préfet de police et du préfet de la région d’Ile-de-France, par les représentants de la Mairie du 20e arrondissement, par la FNACA de Paris et par les associations « Marchand-Feraoun » et ANPROMEVO.


10 AVRIL 2018

Sur le site Internet de l’ANPROMEVO, est publié un article de fond intitulé « L’OAS contre les institutions de la République » et inspiré au président de l’association par un projet (avorté) de colloque émanant du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d’Oran.

Il y est fait notamment état d’un échange entre le président du Haut Tribunal militaire et le général putschiste Edmond Jouhaud lors du procès, en avril 1962, du chef de l’OAS en Oranie :

– « Il faut reconnaître que l’OAS a usé de la menace dans toute la mesure du possible : menaces contre le chef de l’État, contre le gouvernement, contre ses représentants locaux – préfet, préfet régional, inspecteur général de l’administration, préfet de police – contre les fonctionnaires, contre les commissaires de police, contre l’armée et nous avons vu que vous êtes passés à l’exécution contre les élus – car évidemment les élus algériens ont été aussi menacés -, contre la presse, contre ceux qui voulaient partir et aussi contre ceux qui voulaient rester. Il n’y a pas de catégorie qui n’ait été l’objet de menaces particulières de votre part, et ce qui est le plus abominable encore, c’est que ces menaces ne s’adressaient pas à des hommes, à des individus considérés à tort ou à raison comme des ennemis, mais à leurs proches, à leur famille, à leur affection. »

– « Il est exact, effectivement, que nous avons prononcé un certain nombre de menaces à l’égard d’un certain nombre de corps constitués parce que nous étions des révoltés : nous ne pouvions pas admettre et nous n’admettrons jamais que l’Algérie, demain, cesse de faire partie de la France. »

Jean-François Gavoury précise :

« L’on voit, dès le printemps 1962, se dessiner les prémisses d’une réécriture de l’histoire de l’OAS par ses propres dirigeants.

« […] sous l’effet d’une succession de lois d’amnistie et de mesures de grâce collectives intervenues de 1964 à 1982, les anciens activistes de l’OAS, forts de leur virginité pénale retrouvée, ont eu toute latitude pour poursuivre leur mission d’asservissement de la République : non plus par la violence physique cette fois, mais par l’intimidation psychologique, le lobbying, le chantage électoral, formes plus subtiles d’un terrorisme qui infiltre et finit par subjuguer la classe politique jusqu’à la faire sombrer dans le révisionnisme.

« […] François Mitterrand s’emploiera, dès le début de son premier septennat, à la mise en œuvre coûte que coûte de sa promesse de campagne formulée le 4 avril 1981 à Avignon, visant à un parachèvement du dispositif d’amnistie propre à effacer l’ensemble des séquelles, même de carrière, des événements d’Algérie. Acquise au forceps de l’article 49-3 de la Constitution, la peu glorieuse loi du 3 décembre 1982 relative au règlement de certaines situations résultant des événements d’Afrique du Nord bénéficiera à quelque 800 policiers, 400 administrateurs civils et 800 officiers renvoyés entre 1961 et 1963 de la fonction publique de l’État, civile et militaire.

« Ainsi, huit généraux putschistes – dont Edmond Jouhaud – seront-ils réintégrés dans le cadre de réserve.

[…]

« Le 13 février 2006, en préface du livre La bataille de Marignane, […] l’ancien ministre Pierre Joxe écrivait : « Quelles que soient à présent les conséquences juridiques des lois d’amnistie, ces crimes-là sont aussi ineffaçables que l’honneur des serviteurs de l’État dont ils ont provoqué la mort et auxquels il est juste de rendre hommage. »

Dans le même ordre d’idées, Bertrand Delanoë, maire de Paris, dans son allocution précédant le dévoilement de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France, déclare le 6 octobre 2011 : « La vérité, c’est que, dans les pages de notre histoire, il y a des drames, il y a des douleurs inouïes, et ces douleurs inouïes, elles ne viennent pas de nulle part : elles viennent d’idées, elles viennent de pensées qui se traduisent par des actes barbares. […] Paris, aujourd’hui, capitale de la France, Paris capitale de la République, Paris héritière de valeurs universelles, de valeurs de liberté, des droits de l’homme, Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare. »

image008

« Inspiré par le propos du Maire de Paris, j’ai écrit, au lendemain de cette inauguration : « Quelle épreuve d’avoir dû supporter que, depuis 1973 à Nice jusqu’en 2005 à Marignane, on statufie et piédestalise les singes sanglants de l’OAS […] Quelle douleur d’avoir dû accepter que l’on cherche ainsi à réhabiliter l’uniforme du déserteur et à insinuer le poison du révisionnisme dans les blessures ouvertes par la guerre d’Algérie ! Comment, nous, victimes du fanatisme factieux, avons-nous pu admettre cette peine s’ajoutant à la peine ? Accepter de voir l’homme au service de la terreur érigé, sur le domaine public, en héros d’une cause pourtant reconnue scélérate, […] c’est conférer à ses crimes passés valeur d’exemple pour les générations futures, c’est abaisser les victimes et éprouver leur mémoire endolorie […] c’est ajouter l’anti-mémoire à l’anti-histoire. A contrario, célébrer le souvenir des victimes de l’OAS, c’est délégitimer le terrorisme […] »

« Dix ans après la fin de la guerre d’Algérie, Lucien Bitterlin, disparu le samedi 11 février 2017, rencontrait, pour les besoins d’une émission de télévision intitulée « Plein cadre », un responsable FLN de la zone d’Alger et un officier d’active originaire d’Algérie ayant rejoint les rangs de l’OAS : il appelait alors « à la décolonisation des esprits, au dépassement du passé et à la coopération ».

« […] Que vivent la coopération et la fraternité des mémoires de la guerre d’Algérie !


2 MAI 2018

En hommage à Michel Levallois, décédé à Paris le 29 avril, Jean-François Gavoury fait parvenir aux adhérents de l’ANPROMEVO des éléments de la biographie de ce haut fonctionnaire habité par une certaine idée de la France d’outre-mer, missionnaire d’une décolonisation fraternelle, qui, à son retour d’Algérie en 1962, déclarait : « Je fus témoin des exactions de l’armée. Ces événements me rendirent définitivement allergique à toute politique qui préfère l’épreuve de force à la négociation. »

Jean-François Gavoury indique en particulier :

« Afin de mieux appréhender l’esprit dans lequel Michel Levallois a abordé sa carrière au service de l’outre-mer, il n’est pas inutile de revenir sur une allocution de Michel Rocard prononcée à l’occasion d’un hommage posthume rendu le 29 avril 2002 à Jacques Bugnicourt, secrétaire exécutif de l’association internationale à but non lucratif Enda Tiers-Monde, basée à Dakar (Michel Levallois est alors secrétaire général d’Enda Europe) : « Fin 1956, avant de partir en stage de préfecture pour l’ENA, je suis démobilisé par anticipation pour entrer au cabinet d’Alain Savary, secrétaire d’État aux affaires marocaines et tunisiennes, à qui nous devons largement la fin élégante et sans violence de ces deux décolonisations réussies. C’est là que j’apprends que Gaston Deferre, ministre de la France d’Outre-Mer et tuteur de l’ENFOM, s’apprête à renvoyer de cette école les deux tiers des élèves et les trois majors de promotion, dont Michel Levallois ici présent, que j’ai connu à cette occasion et qui est toujours mon ami, coupables d’avoir signé une pétition contestant l’enseignement de l’école et demandant fermement à être initiés non pas à des fonctions d’administrateurs coloniaux mais bien à des fonctions de conseillers auprès de gouvernements ayant vocation à être indépendants.

« […] comment ne pas rappeler l’assiduité de Michel Levallois aux assemblées générales de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » et de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) ? Comment ne pas souligner la rigueur, la sobriété et la clarté des interventions qu’il y faisait ?

« Officier dans les Ordres nationaux de la Légion d’honneur et du Mérite, il détenait également la Croix de la Valeur militaire. C’était une véritable fierté pour l’ANPROMEVO de compter une telle personnalité dans ses rangs. Sa présence au cimetière parisien du Père Lachaise tant lors des cérémonies commémoratives du cessez-le-feu en Algérie qu’à la date anniversaire du dévoilement d’une stèle dédiée par la Ville de Paris à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France me manquera.

« Comme je l’ai écrit à Geneviève à l’annonce de la disparition de son époux, Michel Levallois nous laisse un message de vie et nous invite à vivre aussi pleinement que possible, à SURvivre, dans le respect de soi et des autres ! »

image010

Michel Levallois, membre de la Société des amis d’Ysmaÿl Urbain


8 MAI 2018

L’ANPROMEVO est signataire de l’appel à rassemblement commémorant, le jour de la Fête de la Victoire, l’autre 8 mai 1945 :

image012


23 JUIN 2018

Le décès, à l’âge de 86 ans, de Mme Huguette Azavant, donne lieu dès le lendemain à un hommage de Jean-François Gavoury à celle qui aura appartenu à l’ANPROMEVO de 2011 à 2018 :

image014

« Elle avait vu le jour le 10 décembre 1931, vingt-quatre heures avant la naissance du Commonwealth !

« L’image ci-dessus de notre chère Huguette Azavant au côté de Delphine Renard est représentative du combat qui a été le sien depuis sa participation, le 8 février 1962, à cette manifestation qui s’est si dramatiquement conclue à la station de Métro Charonne et au cours de laquelle elle a été elle-même blessée.

« Elle a animé avec énergie, autorité et efficacité le Comité Vérité et Justice pour Charonne.

« Elle était membre du conseil d’administration de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO), au sein de laquelle son militantisme a eu maintes fois l’occasion de s’exprimer : à Paris certes, mais aussi à Alençon, à Belfort, à Évian et dans le département de l’Hérault.

« À ce titre, elle s’est particulièrement investie dans la défense du souvenir d’Alfred Locussol, haut fonctionnaire assassiné le 3 janvier 1962 à Alençon au sujet duquel nous étions, elle et moi, allés à la rencontre d’Henri Alleg, à son domicile de Palaiseau, un certain 18 novembre 2011 : un grand moment, caractérisé par une leçon d’histoire vécue et de conduite automobile par l’auteur de La Question !

« Elle incarnait la résistance : non seulement au mensonge d’État, au crime d’État, mais aussi à la maladie qu’elle a combattue vaillamment, sans jamais perdre le sourire ni le sens de l’ironie.

« Notre dernier échange, par SMS, remonte au 9 juin : elle m’y faisait part de son hospitalisation à Saint Antoine, non loin de ce 20e arrondissement de la capitale dont elle aimait faire découvrir, à la manière d’un guide-conférencier, l’aspect « campagnard ».

« Elle s’est éteinte hier, un 23 juin, comme Odile Versois, la sœur de la manifestante anti-OAS du 8 février 1962 Marina Vlady.

« J’adresse mes condoléances sincèrement émues à la famille d’Huguette et à ses amis qu’elle avait si nombreux.

« Puisse la démarche dans laquelle elle s’était engagée avec tant de ferveur se poursuivre et puisse la criminelle responsabilité de l’État dans la tragédie de Charonne être officiellement reconnue. »

L’ANPROMEVO était représentée par son président lors des obsèques de Mme Azavant, célébrées au crématorium du cimetière du Père-Lachaise le 2 juillet.

Parmi les nombreux témoignages émanant des correspondants de l’association, celui, en date du 3 juillet, du maire du 11e arrondissement de Paris, M. François Vauglin, vaut d’être cité : « Permettez-moi de vous présenter ainsi qu’à sa famille mes plus sincères condoléances. […] Je tiens également à saluer la mémoire de Madame AZAVANT qui […] n’a eu de cesse d’animer le Comité Vérité et Justice de Charonne avec constance et dynamisme et qui resta toute sa vie activement engagée en faveur du devoir de mémoire. »


29 SEPTEMBRE 2018

Informé du programme des événements prévus le mois suivant en la Maison de la vie associative et citoyenne (MVAC) du 11e arrondissement de Paris – où l’ANPROMEVO a son siège -, Jean-François Gavoury signale par courriel une rencontre-débat organisée le jeudi 11 octobre, à partir de 19h00, autour du livre « À l’école en Algérie, des années 1930 à l’indépendance », issu d’un collectif d’auteurs et préfacé par Mme Martine Mathieu-Job, qui en a coordonné la réalisation et sera présente.

image016


6 OCTOBRE 2018

Le 7e anniversaire de la stèle que le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, a dévoilée, le 6 octobre 2011, en hommage à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France est célébré le samedi 6 octobre 2018, de 11h00 à 12h00, au cimetière du Père-Lachaise.

image018

La cérémonie réunit près d’une cinquantaine de personnes, à l’invitation conjointe de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS et de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ».

L’Ile-de-France n’est pas seule représentée, certains participants venant des régions Centre-Val de Loire et Normandie et même d’Algérie.

image019

Les présidents et membres des associations organisatrices sont entourés des représentant(e)s de l’Association Germaine Tillion (en la personne de Mme Nelly Forget), du Comité Vérité et Justice pour Charonne (en la personne de son président, Henri Cukierman), de la FNACA de Paris (en les personnes de Jean Laurans, président départemental, ainsi que de Mme Anick Sicart et de M. Pierre Fassy, respectivement secrétaire générale et porte-drapeau du comité du 13e arrondissement).

image021

Monsieur François Vauglin, maire du 11e arrondissement, avait bien voulu faire savoir combien il regrettait de ne pouvoir, en raison d’une contrainte d’agenda, assister à ce moment de commémoration.

image023

À la suite d’un dépôt de quatre gerbes aux noms de la FNACA de Paris, du Comité Charonne, des Amis de Max Marchand et de l’ANPROMEVO, une minute de silence est observée en souvenir des victimes décédées et en l’honneur des victimes survivantes de l’OAS.

Dans le prolongement des interventions, reproduites ci-après, un dialogue s’établit spontanément, sur place, à partir de l’émouvant témoignage de l’une des descendantes d’un enseignant, ami de Mouloud Feraoun, assassiné par l’OAS en avril 1962 : l’occasion de citer pêle-mêle les noms de Huguette Azavant, Mouloud Aounit et Michel Levallois que la stèle avait permis de réunir depuis son inauguration !

RGAU-PL-6-X-18 (50)

image027

Intervention de Jean-Philippe Ould Aoudia le 6 octobre 2018 devant la stèle aux victimes de l’OAS au cimetière parisien du Père-Lachaise

Le lundi 5 mars dernier, sur France Inter, à 8h 35, le ministre de l’Éducation nationale déclarait :

« Je ne suis pas non plus un fanatique de la commémoration ».

Quelques jours plus tard, le 16 mars, il fait ce qu’il dit et décide de ne pas être représenté -et à travers sa fonction, le gouvernement- à la cérémonie d’hommage rendu depuis seize ans devant la plaque commémorant l’assassinat de six fonctionnaires de l’Éducation nationale, le 15 mars 1962 à Alger, par l’OAS.

La parole et l’acte d’un ministre ayant en charge l’Enseignement des élèves de France ne sont pas anodins et incitent à se poser la question : faut-il commémorer ?

Nous sommes dans l’un des cimetières les plus célèbres et le plus visité au monde, où reposent un certain nombre de personnalités -tels Molière et Chopin- mais où s’élèvent aussi : – le Mur des Fédérés. Faut-il encore commémorer les 147 fusillés de la Commune de Paris le 28 mai 1871 ?

– Plusieurs monuments à la mémoire des déportés victimes des camps de concentration et d’extermination nazis. Faut-il ne pas commémorer les morts d’Auschwitz ou de Ravensbrück, sauf à se comporter comme des fanatiques de la commémoration ?

À quelques mètres d’ici, sont gravés les noms des quelque 750 Parisiens Morts pour la France en Afrique du Nord. Devraient-ils être écartés des commémorations ?

Pourquoi serions-nous des fanatiques de la commémoration en honorant ici et maintenant la mémoire des 2.700 victimes de l’OAS, que cette stèle a été la première en France à honorer : Algériens et Français, civils et militaires, élus, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République ?

Qui sont les fanatiques : les terroristes qui les ont assassinés ou celles et ceux qui viennent rendre hommage à leurs innocentes victimes ?

La commémoration comme facteur d’unité nationale
Se souvenir ensemble, c’est rappeler avec solennité le souvenir de quelqu’un ou d’un événement important.

Cum memorare, c’est entretenir la mémoire d’un événement qui appartient à l’Histoire collective, afin de la conserver.

C’est participer à la construction de l’Histoire commune aux habitants d’une région, d’un pays, de l’Europe, voire du monde si on se réfère aux deux guerres mondiales avec les dates du 11 novembre pour la Première et du 8 mai pour la Seconde.

C’est rappeler sans cesse l’élément constitutif de la mémoire nationale et donc de son identité.

C’est un lieu et un moment privilégié de rencontre entre l’histoire et la mémoire.

Parce qu’elle sert d’exemple et de modèle, la commémoration engage l’État. Lorsqu’elle devient un jour férié, la nation tout entière participe, volens nolens, à ce cérémonial national.

« L’histoire est la mémoire du peuple » (Malcolm X)

« Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir (Aimé Césaire)

RGAU-PL-6-X-18 (14)

La commémoration comme un droit
Refuser de commémorer, c’est imposer le silence à la mémoire, silence qui conduit à l’oubli. Un événement marquant de l’histoire nationale deviendrait alors une page blanche.

Qui peut s’arroger le droit de refuser à une personne ou à une association le droit au souvenir pour lutter contre l’oubli ?

Si cette démarche mémorielle s’inscrit au cœur de l’homme, qui peut lui interdire d’accomplir ce qu’il considère comme son devoir de mémoire ?

Dans la démarche commémorative, rappeler le passé c’est partager des valeurs communes et les transmettre à travers des lieux de mémoire comme il y en a des centaines dans ce cimetière ; comme celui-ci, inauguré le 6 octobre 2011 par le maire de Paris, Bertrand Delanoë.

Comme celui du 101 rue de Grenelle à la mémoire de six fonctionnaires de l’Éducation nationale « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France ».

Ou à l’École nationale supérieure de la police de Saint-Cyr-au-Mont d’Or, dédiée « aux commissaires de police tombés en opération, victimes du devoir, hors du territoire métropolitain ».

« Une nation qui ne sait pas regarder son passé ne sait pas regarder son avenir » (Alain Touraine).

Les dangers de la commémoration
Mais il y a danger à commémorer sans cesse, n’importe qui et n’importe quoi, une sorte de « commémorationite » qui ferait perdre sens et portée à la commémoration.

Dans le cadre de cette dérive mémorielle, on peut assister à un brouillage des valeurs fondatrices de la République, voire à une inversion de la signification et des valeurs portées par un moment de l’histoire.

Un véritable détournement de la commémoration se met en œuvre qui consiste à célébrer des hommes, des idées ou des événements qui ne le méritent pas, ou qui sont même condamnables.

La commémoration se transforme alors en un moment d’apologie d’une idéologie criminelle, comme celle qui a pu conduire à commettre des actes barbares, pour reprendre les termes du discours du maire de Paris le 6 octobre 2011 pour qualifier le terrorisme de l’OAS.

Le devoir de mémoire, comme fidélité aveugle à un passé controversé, expose à des abus de mémoire. On y cultive le ressentiment et le besoin de revanche.

Il est de notre devoir de lutter contre l’avilissement du souvenir qui transforme les bourreaux en victimes et les victimes en coupables.

Il appartient à l’État de condamner ces dérives mémorielles et d’empêcher leur cérémonial.

Ce qui n’est pas toujours le cas, tellement il est vrai que la mémoire et l’histoire entretiennent des rapports conflictuels avec le politique.

Pour reprendre ce qu’écrivait George Orwell en 1984 : « Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé ».

Notre présence ici, devant cette stèle, est rappel très fort à ce qu’il faut respecter, à ce qu’il faut honorer, à ce dont il faut se souvenir toujours, à ce qu’il ne faut oublier jamais, et cela quelle que soit l’opinion contraire de tel ou tel.

RGAU-PL-6-X-18 (13)

image001

Intervention de Jean-François Gavoury le 6 octobre 2018 devant la stèle aux victimes de l’OAS au cimetière parisien du Père-Lachaise (88e division)

Comme dans les actes, la parole de l’ANPROMEVO complète celle de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ».

Mon intention est de vous parler de Jouhaux.

Non point d’Edmond (Jouhaud), mais de Léon Jouhaux.

Pourquoi ce choix ?

Parce qu’il est né dans ce XVe arrondissement de Paris, où l’ANPROMEVO a eu son siège depuis sa création en 2006 jusqu’à 2014 ?

Parce qu’il a appartenu à la première génération de l’école obligatoire, et que les associations « Marchand-Feraoun » et ANPROMEVO portent le souvenir de tant et plus de ces enseignants que la frénésie criminelle de l’OAS a pris pour cibles ?

Parce qu’il a été, de 1909 à 1947, secrétaire confédéral de la CGT, cette CGT à neuf militants de laquelle la police aux ordres du préfet Papon a infligé la mort le 8 février 1962, non loin d’ici, alors qu’ils manifestaient contre l’expansion du terrorisme de l’OAS aux cotés de dizaines de milliers d’opposants au fascisme ?

Parce qu’il s’est agi d’un homme de Paix, dont il a été prix Nobel en 1951 ?

Rien de cela ? Tout à la fois ?

En réalité, c’est la présence de la sépulture de Léon Jouhaux dans la 88e division du cimetière du Père-Lachaise qui me paraît donner du sens – symboliquement, s’entend – à cette stèle dévoilée il y sept ans par le maire de Paris !

image035

image037

En guise de transition avec un sujet lié à l’essence même de la démarche de l’association, je souhaite vous livrer une confidence : longtemps, j’ai réfuté l’hypothèse d’un traumatisme subi du fait de la disparition de mon père, première victime d’une OAS dans laquelle M. Bertrand Delanoë a su voir une organisation statutairement terroriste et ponctuellement barbare !

Aujourd’hui, à l’approche un peu laborieuse du statut de septuagénaire et surtout avec le recul de douze années passées à la tête de l’ANPROMEVO, je m’interroge :

– je le fais dans des termes qui m’ont été inspirés par une chanson à l’auteur et interprète de laquelle les honneurs posthumes ont été rendus hier à l’Hôtel national des Invalides : ai-je vraiment tardé à percevoir « le poignard de l’absence » ; ai-je été malade et suis-je « guéri de mes années d’enfance » ?

– je le fais également et surtout à la lumière du témoignage qui m’est parvenu, il y a peu, de plusieurs membres, ici présents pour la première fois, de la famille de Dahmane Yesli, ami et collègue de Mouloud Feraoun assassiné par l’OAS le 11 avril 1962 à l’âge de quarante-trois ans, et dont le permis d’inhumer porte la mention « victime de terrorisme ».

Ses descendants, qui restent très affectés plus d’un demi-siècle après ce drame, attendent de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS qu’elle attire à nouveau l’attention des pouvoirs publics sur la méconnaissance de leurs droits : il s’agit, en effet, des seules victimes de la guerre d’Algérie privées à la fois de la qualité de « mort pour la France » et de celle de « mort pour le service de la Nation ». Le Conseil d’État a exclu l’apposition de la mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès des victimes de l’OAS au prétexte spécieux que l’OAS n’aurait pas été partie belligérante au conflit ; quant à l’attribution de la mention « Mort pour le service de la Nation », elle a été prévue par une loi du 21 décembre 2012, dont la rétroactivité, en soi dérogatoire, ne s’est pas étendue en deçà du 1er janvier 2002 !

Il y a là une double injustice aussi criante que la négation des crimes de la colonisation ou le silence sur la torture érigée en système durant la guerre d’Algérie.

Pour en obtenir la réparation morale (et simplement morale tant l’aspect pécuniaire est absent des préoccupations de l’ANPROMEVO), j’appelle au sens des responsabilités les administrations en charge des victimes de guerre et je sollicite le soutien des associations du monde combattant.

Il y a soixante ans et un jour, était publié au Journal officiel le texte de la Constitution de la Ve République, celle au service de laquelle nombre de militaires, de fonctionnaires civils, de magistrats et d’élus sont tombés sous les coups de la sédition.

Vivent les institutions et valeurs de la République, et que se consume le souvenir de ceux qui en ont été les ennemis.


13 OCTOBRE 2018

Au nom de l’ANPROMEVO, reconnue « organisme d’intérêt général » le 8 décembre 2017, Jean-François Gavoury intervient par courriel auprès de la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) de Paris pour rendre compte des modifications apportées en assemblée générale, le 29 mai 2018, à deux des dispositions statutaires régissant l’association :

– l’article 18, relatif à ses ressources, dont certains éléments (« produit des manifestations qu’elle organise » ; « intérêts et redevances des biens et valeurs qu’elle peut posséder » ; « rétribution des services rendus ou des prestations fournies … ») ont été supprimés pour éviter que leur mise en œuvre éventuelle puisse conduire à remettre en cause l’éligibilité des versements de cotisation ou don au bénéfice de l’avantage fiscal (réduction d’impôt) prévu par les dispositions des articles 200-1-b et 238 bis-1-a du code général des impôts à l’égard respectivement des personnes physiques et des personnes morales ;

– l’article 19, concernant la dissolution de l’association, dont l’unique alinéa a été complété par un second relatif à la dévolution de l’actif au bénéfice d’une fondation ou association poursuivant un objet similaire, ce afin de répondre à la condition de gestion désintéressée mise par le Pôle fiscal parisien à l’attribution de la qualification d’intérêt général à l’ANPROMEVO.

Le 15 octobre, l’inspecteur principal, correspondant associations à la DRFIP-75, remercie le président de l’association d’avoir fait acte de transparence en signalant ces changements, dont la préfecture de police avait été préalablement tenue informée dans le cadre d’une déclaration en ligne le 11 octobre.


14 OCTOBRE 2018

Représentation de l’ANPROMEVO par Jean-François Gavoury à la séance de clôture du 33e congrès national de la Fédération nationale des Anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA), Parc Chanot à Marseille.

C’est l’occasion, dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire de la Fédération (créée à l’initiative de Jean-Jacques Servan-Schreiber sous la dénomination de Fédération nationale des anciens d’Algérie – FNAA), de rencontres avec les responsables des instances nationales et les délégués des comités départementaux et locaux, avec la directrice générale de l’Office national des Anciens combattants et victimes de guerre et avec le président de l’Association nationale des Pieds noirs progressistes et leurs amis.

Dans son allocution, Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, rappelle que le projet de loi de finances pour 2019 prévoit l’extension du bénéfice de la Carte du combattant à ceux qui ont servi en Algérie du 2 juillet 1962 au 1er juillet 1964.

image040


17 OCTOBRE 2018

L’ANPROMEVO est cosignataire, avec l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » en particulier, de l’appel à commémorer le 17 octobre 1961.

Un extrait en est reproduit ci-après :

« Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des bienfaits de la colonisation, à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à honorer les criminels de l’OAS.

Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :

– Que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des Algériens survivants du 17 octobre envoyés en fait dans des camps de la mort de l’Algérie coloniale.

– Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet événement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012, qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’État, de la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.

– Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs collègues algériens.

– La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, comme au sein de la droite et extrême droite politique, veulent réhabiliter.

Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.

On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d’un demi-siècle, il est temps :

– Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’État. Comme il vient de le faire pour l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé. Cette reconnaissance doit s’étendre aux milliers d’Algériens qui en ont été victimes.

– Que l’État français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps ;

– Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;

– Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant


29 NOVEMBRE 2018

Le président de l’ANPROMEVO adresse aux adhérents de l’association le communiqué dont la teneur suit :

Soirée documentaire France Algérie ce jeudi 29 novembre 2018 sur France 2

À 21 h 00 : « France-Algérie : une affaire de famille », suivi à 23 h 05 de « Les Pieds-Noirs d’Algérie, une histoire française ».

France-Algérie : une affaire de famille

Présentateur : Laurent Delahousse

Réalisateur : Dominique Fargues

En février 2017, peu avant son élection, Emmanuel Macron se mettait à dos la communauté pied-noir pour avoir comparé la colonisation de l’Algérie à un crime contre l’humanité.

Plus d’un demi-siècle après l’indépendance, la question algérienne reste un sujet tabou en France et suscite les passions dès qu’elle est abordée.

Quels que soient les mots, quelles que soient les décisions, il y aura toujours un camp qui se sentira lésé.

Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi le temps ne parvient-il pas à effacer des rancœurs et des séquelles transmises de génération en génération ? Une affaire de famille est une fresque historique, racontée par le prisme d’histoires personnelles.

image041

Les pieds-noirs d’Algérie : une histoire française

Histoire de Jean-François Delassus

Durée : 1 h 20mn

Résumé :

1962, l’Algérie accède à l’indépendance. Craignant pour leurs vies et leurs biens, près d’un million de Français quittent ce pays qui les a vus naître et débarque en France, leur patrie. On leur attribue le nom de pieds-noirs. Ils racontent leurs conditions de vie en Algérie, l’exil, l’accueil sur le sol français, l’intégration …

Si vous avez manqué le début

Des rapatriés de tous bords évoquent leur vie en Algérie, avant l’exode et le retour dans leur patrie, la France, où beaucoup ne sont jamais allés.

image043

Critique Télérama, par François Ekchajzer :

La part de souvenirs funestes, de nostalgie et d’illusions tenaces que recèlent les histoires familiales des rapatriés d’Algérie rend difficile l’écriture d’une histoire un tant soit peu dépassionnée, qui se nourrisse de témoignages de pieds-noirs sans sacrifier son point de vue au leur. Sans doute se trouvera-t-il des téléspectateurs pour reprocher à ce documentaire tel ou tel parti pris du récit qu’il propose. La variété des points de vue qu’il expose lui confère pourtant une belle honnêteté dans la prise en compte des raisons et des sentiments de chacun.

Telle est la principale réussite de ces Pieds-noirs d’Algérie, qui nous raconte la période coloniale à hauteur d’hommes et de femmes – français et algériens. Qui donnent aussi la parole à de rares historiens, parmi lesquels Yann Scioldo-Zürcher Lévi, auteur d’une thèse sur la politique d’intégration des rapatriés d’Algérie. À l’entendre évoquer de manière inattendue la prise en charge des pieds-noirs sur le sol français, on se demande pourquoi il n’a pas accordé plus de place aux paroles d’experts, contrepoints nécessaires aux nombreux témoignages empreints d’émotions, que la musique surligne inutilement. Quant au commentaire, il guide par trop la narration pour permettre aux archives de donner leur pleine mesure, et les réduit généralement à un rôle platement illustratif. Dommage.

N.B. : C’est en cette seconde partie de soirée que seront diffusés les témoignages :

– de membres de l’ANPROMEVO : MM. Jean-Philippe Ould Aoudia, président de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, et Jacques Pradel, président de l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA) ;

– d’amis de l’ANPROMEVO appartenant à la Fédération nationale des Anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA).


4 DÉCEMBRE 2018

Jean-François Gavoury est l’invité d’une rencontre-débat organisée par l’Association Rencontre et Dialogue (ARD) ayant son siège à Roubaix (Nord), dont l’objet comporte en particulier le travail de mémoire sur le passé colonial et l’histoire de l’immigration.

image046

À l’issue de la projection, au cinéma Duplexe de la ville, du film de Djamel Zaoui « Mon père, la guerre d’Algérie et moi » (2016), il est amené à prendre la parole pour préciser le contexte dans lequel il a apporté son témoignage de fils de victime de l’OAS dans ce documentaire.

À son côté, intervient M. Lakhdar Belaïd, natif de Roubaix, journaliste, écrivain, auteur de « Mon père, ce terroriste » (Éditions du Seuil, 2008 – préface de Benjamin Stora), un livre relatant la guerre fratricide que les indépendantistes algériens messalistes du Mouvement national algérien (MNA) et ceux du Front de libération nationale (FLN) se sont livrée, dans la région Nord – Pas-de-Calais, entre 1955 et 1962.

En préambule à cette soirée, une rencontre avec des représentants de la direction générale de l’Office national des Anciens combattants et Victimes de guerre (ONAC-VG) et associations de la région s’est déroulée à la Maison des Associations de Roubaix :

– l’occasion de la présentation des outils pédagogiques développés dans le cadre du dispositif « La Guerre d’Algérie. Histoire commune, mémoires partagées ? » mis en place à destination des jeunes et composé d’une exposition, de « témoignages à 4 voix » en classe, de formations de professeurs, ainsi que de la diffusion d’une mallette pédagogique et de la récolte de témoignages oraux d’acteurs et de témoins de la guerre d’Algérie ;

– l’occasion aussi, pour les agents de l’ONAC, de proposer à l’ANPROMEVO d’apporter sa contribution à ces témoignages d’anciens appelés, Français d’Algérie, harkis, militants du MNA ou du FLN désireux d’échanges apaisés.

image048


29 DÉCEMBRE 2018

Informé du décès à Toulouse, le 19 décembre 2018, de M. Gilbert Chaumont, adhérent de l’ANPROMEVO dès 2007, Jean-François Gavoury adresse aux adhérents de l’association le message dont la teneur suit :

« À la suite d’une chute accidentelle survenue le 14 décembre dans sa maison située à Escalquens, au sud-est de l’agglomération toulousaine, Gilbert Chaumont nous a quittés dans la nuit du 18 au 19 décembre.

« Je l’apprends de sa veuve, Gabrielle, ce samedi.

« Gilbert était né le 19 septembre 1931.

« À Constantine (Algérie), il avait été secrétaire de la FEN et membre de la SFIO.

« À Toulouse, il avait été le directeur de l’École élémentaire Henri Guillaumet.

« Ses obsèques civiles se sont déroulées le 22 décembre 2018 en fin de matinée dans une salle municipale d’Escalquens.

« J’avais fait la connaissance de Gilbert – en même temps que de son épouse – à Saint-Georges-d’Oléron (Charente-Maritime) à l’été 2008, un an après son adhésion à l’ANPROMEVO.

« Nous entretenions une correspondance régulière et j’appréciais chez lui cette alliance subtile entre de solides et courageuses convictions et cet esprit de tolérance et de fraternité qu’il cultivait depuis l’âge de vingt-et-un ans.

« Au nom de l’association et en mon nom personnel, je tiens à adresser à Gaby, à Pierre-Yves, à Franck et à l’ensemble de la famille l’expression de ma sympathie émue.


30 DÉCEMBRE 2018

Par courriel destiné aux adhérents de l’association, Jean-François Gavoury attire l’attention sur deux événements prévus le samedi 5 janvier 2019 à Alençon (Orne) à l’occasion du 57e anniversaire de la disparition d’Alfred Locussol, fonctionnaire de l’État assassiné à son domicile par l’OAS le 3 janvier 1962 :

– d’une part, à 11 h 00, une cérémonie avec dépôt de gerbes et prises de parole autour de la stèle portant son nom au bas de l’avenue Wilson, où il résidait ;

– d’autre part, à 14 h 30, un exposé de Mme Annie Pollet et M. Pierre Frénée consacré à ses compagnonnages à Alger de 1935 à 1956 et réalisé à partir de témoignages recueillis par Mme Françoise Nordmann, membre de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons », et d’un livre sur Albert Camus de Christian Phéline et Agnès Spiquel-Courdille publié chez Gallimard en 2017 et intitulé Camus, militant communiste – Alger, 1935-1937.