RAPPORT MORAL ET D’ACTIVITÉ 2006

présenté à l’assemblée générale du 31 mars 2007
à Meudon-la-Forêt par le secrétaire général

Section Rapport moral

L’ANPROMEVO ayant officiellement vu le jour le 7 avril 2006, le rapport moral et d’activité se limite, pour l’année calendaire 2006, à huit mois.
Mais, en réalité, sa création se situe dans le prolongement d’une série de faits et événements antérieurs à cette date, dans lesquels le président et le secrétaire général de la future association se sont impliqués et qui valent d’être rappelés ici dans la mesure où ils ne sont pas sans lien avec les objectifs assignés à l’ANPROMEVO.
Les adhérents ont d’ailleurs pu se faire une idée du nombre et de la diversité des activités déployées en consultant le n° 1 du bulletin d’information de l’ANPROMEVO : celui-ci leur a été adressé en même temps que la convocation à la présente assemblée générale.
Le résultat est encourageant : on peut dire que l’ANPROMEVO a joué un rôle d’éveilleur en révélant à un public d’abord intrigué puis très vite indigné l’existence jusque là méconnue de ces « monuments de la honte » glorifiant les figures de l’OAS, leur inauguration en présence d’élus et les commémorations organisées ultérieurement au pied de ces édifices.
À Perpignan par exemple, dont la municipalité fonctionnait jusqu’alors sous l’influence des nostalgiques de l’Algérie coloniale, le maire doit désormais compter avec des opposants particulièrement déterminés aux cercles pro-Algérie française.
Par ailleurs, il semblerait que les stèles ou plaques les plus récentes soient moins anti-républicaines que les précédentes. Le texte gravé au mémorial de Hyères, dévoilé le 20 janvier 2007, ne comporte pas les noms des quatre exécutés de l’OAS et le délégué chargé de la sécurité était le seul représentant de la municipalité à la cérémonie d’inauguration : on est loin du tapage de Marignane le 6 juillet 2005.
L’information autour du film « Servir » de Georges Mourier a, elle aussi, été salutaire. En effet, prévenue par l’ANPROMEVO de la diffusion, sous l’égide de son institution, d’un film partial tendant à glorifier l’ex-commandant putschiste Hélie Denoix de Saint-Marc, la directrice de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) a organisé, le jour même de la projection à l’auditorium Foch de l’École militaire, un débat avec deux historiens pour permettre de rétablir une vérité travestie.
Ce film a du reste encouragé l’historien Gilles Manceron à rédiger un texte très complet, intitulé « Une légende », dans lequel il démontre, à partir d’éléments indiscutables, qui était véritablement celui qui a entraîné son unité dans le putsch et la désertion au sein de l’OAS.
L’ANPROMEVO a noué des relations avec d’autres associations qui travaillent dans le même esprit, voire dans le même sens qu’elle : outre l’association Marchand-Feraoun, membre d’honneur, la Ligue des droits de l’Homme, France Algérie, l’Association de solidarité franco- arabe (France Pays arabes), le Comité Vérité et Justice pour Charonne, le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), etc.
Des liens ont également été établis avec une journaliste de L’Humanité – qui a publié des articles bien documentés sur les différentes manifestations d’anciens de l’OAS -, avec deux journalistes du Canard enchaîné, avec un journaliste de la rédaction nationale de France 3.

Pour l’année 2007, l’ANPROMEVO a plusieurs projets :
– tenter, en en dénonçant l’illégitimité, de s’opposer au déroulement des cérémonies de ravivage de la Flamme du souvenir prévues à l’Arc de Triomphe, outre le 26 mars, le 5 juillet, à l’appel ou avec la participation d’associations d’anciens activistes et de nostalgiques de l’OAS ;
– adresser une lettre aux candidats à la présidence de la République pour leur demander d’exprimer leurs positions respectives à l’égard du combat engagé par l’ANPROMEVO ;
– s’opposer le 7 juin à Perpignan à la cérémonie d’hommage à deux des quatre exécutés de l’OAS, Piegts et Dovecar, et participer ainsi à la sensibilisation de l’opinion publique et des média au plan local sur les injures à l’Histoire et les offenses à la mémoire de la République représentées par les édifices – existants ou envisagés par la municipalité – en hommage à l’Algérie coloniale ;
– lancer des actions ayant pour finalité le démantèlement des plaques, stèles et monuments érigés à la gloire de l’OAS sur le domaine public;
– obtenir, soit de l’État, soit de la Ville de Paris, l’autorisation d’apposer une stèle ou plaque commémorative en hommage aux victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France ;
– assurer sa représentation au sein de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc, si cette instance est effectivement constituée et installée ;
– empêcher la mise en œuvre de toute proposition, quelle qu’en soit l’origine, ayant pour objet de conférer aux victimes de la fusillade de la rue d’Isly, le 26 mars 1962 à Alger, la qualité de « Mort pour la France » ;
– contribuer, par le témoignage de ses membres, à tout débat historique non partial relatif à l’OAS et à ses résurgences ;
– se doter d’un site Internet.

Section Rapport d’activité

Il doit être d’abord fait état, à cet égard, d’activités ayant précédé la naissance de l’ANPROMEVO et d’interventions faites à titre personnel soit par Jean-François Gavoury, soit par Jean-Philippe Ould Aoudia., soit conjointement. Les actions ayant eu lieu sous l’égide de l’association sont exposées dans un second temps.
La première protestation contre les atteintes à la mémoire des victimes de l’OAS remonte au 17 juin 2005. Elle est intervenue dans le cadre d’une conférence de presse organisée au siège national de la Ligue des droits de l’Homme à Paris, au cours de laquelle Jean-François Gavoury et Jean-Philippe Ould Aoudia, préalablement invités à y prendre la parole, ont fait connaissance. Le communiqué publié alors affirme que : « …la mémoire des nombreuses victimes civiles algériennes et françaises doit être défendue, notamment des fonctionnaires de l’éducation, de la police nationale, magistrats, gendarmes et autres militaires français assassinés par l’OAS au seul motif de leur attachement à la République, menacée alors par ces partisans d’un jusqu’au-boutisme colonial… ».
L’article 2 de nos statuts, relatif à l’objet de notre association, s’inscrit dans le prolongement de cet appel.
La seconde manifestation, qui aura déterminé la création de l’ANPROMEVO, est celle du 6 juillet 2005 à Marignane, à laquelle ont participé celles et ceux qui en constitueront le bureau, à l’exception du futur secrétaire général, empêché.
À la requête, alors individuelle, de Jean-François Gavoury et de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons », avec l’appui d’autres associations républicaines et avec le soutien du président du Conseil régional, l’interdiction, par arrêté préfectoral, de l’inauguration de la stèle pro-OAS a pu être obtenue, mais pas son élévation, la veille, le 5 juillet.
Le texte qu’il était initialement prévu de graver sur la stèle a été modifié, pour rendre plus incertaine l’issue d’éventuelles poursuites pénales dirigées contre les instigateurs du projet.
Bien qu’ils fussent modestes, il s’est agi là, incontestablement, de deux succès, mal supportés du reste par ces négateurs qui entendaient célébrer la gloire de quatre des leurs, condamnés à mort et exécutés à raison de la gravité des forfaits commis au nom de cette organisation criminelle.
image001Courant février 2006, est paru La Bataille de Marignane. Ce livre s’avère un vecteur efficace des idées défendues par l’ANPROMEVO. C’est d’ailleurs l’un des moyens d’action prévus par l’article 4 de nos statuts.
Jean-François Gavoury et Jean-Philippe Ould Aoudia ont pris la parole, ensemble ou séparément, en tant qu’auteurs, ce qui leur a permis d’évoquer à chaque fois les thèmes défendus par l’ANPROMEVO :

– le 18-04-2006, à une conférence de presse à l’Assemblée nationale ;

– le 04-05-2006, à une conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), en la Maison de Radio-France, avec la participation de Pierre Joxe, ancien ministre de l’intérieur, qui avait préfacé l’ouvrage en question ;

– le 17-05-2006, à la librairie Païdos à Marseille ;

– le 27-05-2006, au salon du livre de Cosne-sur-Loire, où une conférence a été donnée sur « L’OAS au coeur de la République » ;

– le 16-09-2006 à la Fête de l’Humanité, aux côtés de l’historienne Sylvie Thénault et de la sénatrice Nicole Borvo (PC), dans le cadre d’un débat public intitulé « La République, aujourd’hui, face à l’OAS », animé par la journaliste Rosa Moussaoui ;

– les 6 et 7-10-2006, au colloque de Septêmes-les-Vallons, dont le thème était : « D’une rive à l’autre. Écrire l’Histoire, décoloniser les Mémoires » ;

– les 7 et 8-10-2006, au salon du livre de Mouans Sartoux, ayant pour thème « Hommes, femmes, en quête de libertés » ;

– du 17 au 19-11-2006, à la Fête du livre de Toulon ;

– le 8-12-2006, au ministère de l’éducation nationale, dans le cadre d’une conférence sur
« L’actualité de la réhabilitation de l’Algérie française », lors du colloque annuel de l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons » ;

– le 17-12-2006, à Boulogne-sur-Mer, la même conférence a été donnée aux côtés des historiens Alain Ruscio et Gilles Manceron lors d’un colloque sur « République et colonisation ».

Le 7 avril 2006, naissait l’ANPROMEVO, sur une idée de son président, qui s’était préalablement chargé de la rédaction des statuts et de la mise en œuvre des démarches administratives : qu’il en soit ici, en notre nom, chaleureusement remercié !

Le 7 juin 2006, à Perpignan, l’ANPROMEVO était représentée lors d’un rassemblement de protestation visant la manifestation organisée par l’Adimad-OAS à la mémoire de Dovecar et Piegts, exécutés le 7 juin 1962 pour leur participation à l’assassinat du commissaire central d’Alger Roger Gavoury. Malgré des lettres de différentes associations demandant au préfet l’interdiction de cette manifestation, celle-ci a pu avoir lieu.
Une quarantaine de militants d’associations républicaines locales et un ancien élu de la région étaient présents, derrière la banderole reproduite en page 3 du bulletin d’information n° 1 de l’ANPROMEVO : « NON à l’hommage de la honte ».
Les deux commissaires de police présents dans le cadre du dispositif de sécurité et de surveillance installé autour du site ont rendu compte à l’autorité préfectorale de leurs constatations en soulignant la violence du discours prononcé à cette occasion par le président de l’Adimad.
Des radios nationales et FR3 Languedoc-Roussillon ont relaté cet événement, cependant que la presse locale a reproduit les interviews du président et du secrétaire général de l’ANPROMEVO. Un reportage très documenté a été également réalisé par la rédaction nationale de France 3, dépêchée sur place pour la circonstance : il n’a jamais été diffusé, mais une copie en a été remise à l’association.

Le 1er juillet 2006, le Cercle national des Combattants avait prévu une cérémonie d’hommage à Roger Degueldre, inhumé au cimetière des Gonards à Versailles.
Comme à Perpignan, le préfet s’est abstenu d’interdire cette manifestation publique glorifiant un traître à la République, doublé d’un assassin multirécidiviste. Il semblerait que le préfet des Yvelines n’ait accepté la tenue de la cérémonie qu’après avoir obtenu des organisateurs l’assurance qu’ils respecteraient les descendants de victimes de l’OAS ! L’ANPROMEVO était représentée par Jean-François Gavoury et Jean-Philippe Ould Aoudia, ainsi que par Henri Pouillot, par ailleurs responsable national de la mémoire au MRAP, accompagné d’un militant. Le nombre de drapeaux tricolores et l’ordonnancement militaire de ce rassemblement d’anciens parachutistes coiffés de leur béret d’appartenance étaient impressionnants. Le Parisien (édition des Yvelines) a évoqué l’événement dans ses colonnes, photo à l’appui.

Le 5 juillet 2006, était programmée la participation au ravivage de la Flamme du souvenir, sous l’Arc de Triomphe à Paris, d’une association derrière laquelle se profilait l’Adimad-OAS. Des mouvements et associations partageant notre combat se sont joints à la démarche de l’ANPROMEVO et la manifestation a été heureusement interdite par le préfet de police.

Le 20 septembre 2006, le président et le secrétaire général ont assisté à la projection en avant-première d’un documentaire de 52 minutes, intitulé « Servir », oeuvre délibérément hagiographique consacrée à l’ex-commandant du 1er REP, Hélie Denoix de Saint Marc. Le débat qui a suivi la projection fut tendu, l’assistance étant notamment composée d’admirateurs déclarés de Roger Degueldre. Une lettre circonstanciée, en date du 11 octobre 2006, dénonçant un film ouvertement révisionniste, a été adressée à son réalisateur, Georges Mourier.

Le 11 novembre 2006, une manifestation d’hommage à Jean Bastien-Thiry, instigateur de deux attentats manqués contre le général de Gaulle, a eu lieu au cimetière de Bourg-la-Reine malgré les protestations de l’ANPROMEVO et d’autres associations auprès du maire et du préfet des Hauts-de-Seine. Par sa présence sur les lieux aux côtés d’autres opposants à cette cérémonie, Jean-François Gavoury a exprimé la désapprobation de l’ANPROMEVO. La presse (Le Parisien – Édition des Hauts-de-Seine) a relaté les faits.

Le 5 décembre 2006, quai Branly à Paris, à l’occasion de la cérémonie officielle d’hommage devant le Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, l’ANPROMEVO, non invitée mais cependant représentée par Jean-François Gavoury et Henri Pouillot, a pu approcher le Premier ministre, la ministre de la défense et le ministre délégué aux anciens combattants ainsi que l’auteur du rapport de préfiguration de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc, M. Roger Benmebarek, préfet honoraire. Une audience a pu alors être arrachée à M. Hamlaoui Mékachéra. Elle a eu lieu le 14 décembre 2006, dans le bureau du ministre, rue de Bellechasse : nos adhérents en ont lu la synthèse dans le bulletin d’information n° 1 de l’association. C’est au cours de cette entrevue qu’un avis du Conseil d’État, jusque là totalement ignoré, a été porté à la connaissance de Jean-François Gavoury et Jean-Philippe Ould Aoudia par le ministre : il a été diffusé à de nombreux historiens afin qu’ils en analysent le contenu et en déterminent la signification et la portée.

À cet exposé factuel et chronologique, il convient d’ajouter les publications reprenant les idées défendues par l’ANPROMEVO dans des articles déjà parus ou à paraître sous la signature du secrétaire général :

– « Les stèles de la honte », dans « La colonisation, la loi et l’histoire », ouvrage collectif dirigé par Gilles Manceron et Claude Liauzu ;
– « Une loi scélérate d’un milliard d’€ », dans « Le réveil des combattants » de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC) ;
– « Instrumentalisation de l’histoire coloniale. De la falsification à la réhabilitation : l’OAS, aujourd’hui, au cœur de la République », à paraître.
– et les articles reproduits sur le site Internet de la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme :
– sur la torture,
– sur le 26 mars 1962 rue d’Isly à Alger,
– sur le 5 juillet 1962 à Oran,
– sur les deux archivistes sanctionnés pour avoir témoigné de ce qu’ils savaient du massacre du 17 octobre 1961 à Paris,
– sur la cérémonie du 15 mars 2007 à Alger, commémorant le quarante-cinquième anniversaire de l’assassinat des six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs,
– sur la réponse à l’historien proche des thèses algérianistes, Guy Pervillé,
– sur les antécédents de Jean-François Collin, président de l’Adimad-OAS, qui participa à l’attentat contre Joël Le Tac à l’Hôpital du Val de Grâce,
– sur Athanase Georgopoulos, ancien responsable OAS de la zone 3 d’Oran, nommé à la commission d’indemnisation prévue à l’article 13 de la loi du 23 février 2005.

Enfin, l’attention est appelée sur la sortie, dans le courant de l’année 2007, d’un documentaire de 52 minutes, intitulé « La reconnaissance a la mémoire courte », réalisé par Djamel Zaoui, dans lequel la parole est donnée aux représentants de l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons » et de l’ANPROMEVO. Sa projection en avant-première est envisagée à Louvroil (Nord), commune de naissance de Roger Degueldre, dont le maire, Mme Annick MATTIGHELLO, conseillère régionale, combat avec un inlassable courage et déjoue, depuis 2005, les tentatives d’hommage à la personne du chef des commandos Delta.