Actions 2011
RAPPORT MORAL ET D’ACTIVITÉ 2011
présenté à l’assemblée générale du 16 mars 2012
à Évian–les-Bains (Haute-Savoie)
par le président de l’ANPROMEVO
au nom de la secrétaire générale, empêchée
27 janvier 2011 : Examen pour avis en Conseil du 20e arrondissement de Paris du projet de délibération 2011 DAC 26 relatif à l’apposition d’une stèle en hommage aux victimes de l’OAS dans le cimetière du Père Lachaise. Mme Frédérique Calandra, maire d’arrondissement, intervient personnellement en ces termes : « [L’initiative] va faire à nouveau du Père Lachaise un lieu de mémoire plus encore qu’il ne l’est aujourd’hui, un lieu important pour le 20e, pour Paris et pour la France. Cela traite d’un sujet extrêmement douloureux mais qui va contribuer notablement à régler le contentieux qui existe et qui persiste encore aujourd’hui entre la France et l’Algérie et entre le peuple français et le peuple algérien, à propos de la mémoire des événements de la guerre de décolonisation. Je voulais dire simplement que je suis heureuse d’une certaine façon que cela se passe dans le 20e arrondissement … ». Après consultation, la délibération soumise aux membres du conseil d’arrondissement est adoptée à l’unanimité.
1er février 2011 : Enregistrement à la Présidence de l’Assemblée nationale d’une proposition de loi fixant la destination du Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et relative à la mémoire des victimes de l’OAS (Organisation armée secrète). Émanant de Marie-Hélène Amiable, députée des Hauts-de-Seine (groupe Gauche démocrate et républicaine), maire de Bagneux, la proposition tend à réserver l’inscription de noms sur les colonnes du Mémorial du quai Branly aux seules personnes dont l’acte de décès est revêtu de la mention « Mort pour la France » attribuée à titre militaire. Elle a également pour objet la reconnaissance par la France des souffrances subies par l’ensemble des victimes des crimes de guerre et attentats commis par l’Organisation armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, de 1961 à 1962. Elle vise enfin à fixer un cadre juridique aux hommages publics aux anciens membres de l’OAS en en écartant certaines formes et manifestations.
8 février 2011 : Examen par le Conseil de Paris d’un projet de délibération ayant pour objet l’apposition d’une stèle en hommage aux victimes de l’OAS dans le cimetière du Père Lachaise à Paris-20e pour un montant de 13.472 euros. Lors de cette séance, une délégation de l’Anpromevo et de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons est présente dans les tribunes réservées au public. Mme Catherine Vieu-Charier, adjointe au Maire en charge de la mémoire et du monde combattant souligne que la proposition de la municipalité et du Maire constitue un événement, s’agissant du premier monument en France destiné à rendre hommage aux victimes de l’OAS, civiles ou militaires : « … il nous appartient de les sortir de l’oubli, de rappeler qu’elles ont été assassinées, parce qu’elles avaient fait le choix de la loyauté, du respect des institutions républicaines, alors qu’elles étaient menacées par un terrorisme de grande ampleur, que ce soit en Algérie ou en métropole ». Elle conclut son intervention en ces termes : « … les fils et filles de victimes de l’OAS poursuivent inlassablement leur combat pour la vérité, pour la justice et la dignité, et pour que cessent au cœur de la République ces hommages rendus aux assassins de leur père, et l’apposition de cette stèle est un apport à leur juste cause ». Le vote est acquis à l’unanimité.
16 février 2011 : Arrêt de la Cour d’appel de Paris (Chambre 2-7) dans l’instance pénale opposant Jean-François Gavoury à l’auteur d’un propos diffamatoire (Jean-Claude Thiodet) et au responsable de sa publication sur le site Internet nostalgérique NotreJournal (Marc Mora). Les condamnations initiales, prononcées par le tribunal correctionnel de Créteil le 6 novembre 2009, sont confirmées : amendes délictuelles d’un montant respectivement de 4.000 et 5.000 euros et paiement à la partie civile de la somme de 5.000 euros à titre de dommages-intérêts.
8 mars 2011 : Dénonciation par courriel de nouvelles menaces de voie de fait touchant le Mémorial national des Morts pour la France de la guerre d’Algérie présent quai Branly à Paris, à la suite de la mise en ligne, sur le site Internet Jeune pied-noir, d’un propos tenu par M. Renaud Bachy, président de la Mission interministérielle aux rapatriés (MIR) et directeur général de l’Agence nationale pour l’indemnisation des Français d’outre-mer (ANIFOM), à l’occasion de ses vœux à la communauté des Français rapatriés le 26 janvier 2011 au ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Déjà, l’inscription à partir du 26 mars 2010 des noms de victimes civiles de la fusillade de la rue d’Isly à Alger sur la colonne centrale tendait à détourner ce monument de son sens originel, réglementairement encadré par arrêté du secrétaire d’État aux anciens combattants en date du 3 mars 1998. À ces noms, M. Bachy annonce l’ajout de ceux de l’ensemble des disparus de la guerre d’Algérie depuis le 1er novembre 1954 jusqu’au-delà même de la date officielle de l’indépendance, précisant : « Pour faciliter un peu les choses, on m’a demandé de ʺrevisiterʺ, si je puis dire, la circulaire qui a été publiée le 4 octobre 2010. Donc, vous voyez, le gouvernement insiste sur cette journée du 5 décembre, seule journée nationale d’hommage. ».
11-13 mars 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury à l’assemblée générale annuelle de l’association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons organisée à Troyes (Aube).
14 mars 2011 : Transmission par courriel au sous-préfet d’Istres, pour expertise, du texte de l’intervention du président de l’Adimad-OAS le 13 mars devant la stèle réimplantée deux jours auparavant, à l’initiative du maire de Marignane, sur son emplacement d’origine au cimetière Saint-Laurent Imbert.
19 mars 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury à la cérémonie de ravivage de la Flamme du souvenir sur la tombe du Soldat inconnu à l’Arc de Triomphe, à l’invitation de la direction nationale de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca).
31 mars 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury et Edgar Bunales aux manifestations commémoratives organisées par la ville d’Évian en hommage à son ancien maire, M. Camille Blanc, tué dans un attentat perpétré par l’OAS le 31 mars 1961, lors des pourparlers ayant donné lieu aux accords de cessez-le-feu en Algérie.
31 mars 2011 : En marge de la cérémonie précitée, remise en mains propres à M. Marc Francina, député de la Haute-Savoie, maire d’Évian, d’une proposition formalisée d’adhésion de la Ville à l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (Anpromevo) en qualité de membre d’honneur.
avril 2011 : Alerte et protestation contre la célébration du cinquantième anniversaire du putsch des généraux prévue à Nice le 23 avril. Dans sa communication sur le sujet, l’Anpromevo affirme : « Ne pas faire obstacle à ce qu’une manifestation d’apparence officielle puisse se dérouler sur le domaine public, devant un cénotaphe érigeant le criminel de guerre Roger Degueldre en héros, relèverait du défi lancé à l’État, à la justice et à l’Histoire ». De la section locale de la Ligue des droits de l’Homme à la Fnaca nationale en passant notamment par le Grand Orient de France, l’indignation s’exprime. Notifiée aux organisateurs (Mme Michèle Soler ainsi que MM. André Loré et Hervé Cuesta) le 21 avril, l’interdiction préfectorale du rassemblement est finalement contournée : en effet, le député-maire de Nice, M. Christian Estrosi, fait procéder à l’ouverture au dernier moment des grilles du square Alsace Lorraine pour permettre le déroulement de cette « commémoration » dont il avait pourtant désapprouvé le principe en excipant de sa filiation gaulliste. De son côté, l’évêque de Nice, Mgr Sankalé, ne reviendra pas sur son refus de l’accès de la Maison du séminaire opposé aux instigateurs d’un projet de table ronde intervenant le même jour, dans le prolongement de la manifestation, avec la participation aux débats d’anciens activistes, tels MM. Gabriel Anglade, Jean-François Collin, Jean-Claude Perez et Roger Holleindre.
28 avril 2011 : Échec de la procédure de référé-suspension engagée devant le juge des référés du tribunal administratif de Marseille par la préfecture des Bouches-du-Rhône contre la délibération du conseil municipal de Marignane en date du 27 octobre 2010 approuvant la convention prévue entre la Ville et l’Adimad pour la réinstallation de la stèle dédiée à l’OAS.
2-3 mai 2011 : Élaboration et diffusion d’un communiqué conjoint ANPNPA-Anpromevo-Association Marchand-Feraoun intitulé « De Marignane à Nice : les chemins du déshonneur de la République », tendant à dénoncer la complaisance de Henri Guaino, conseiller spécial du Président de la République, et de Christian Estrosi, maire de Nice, à l’égard des instigateurs d’hommages publics à l’OAS.
18 mai 2011 : La Cour de cassation (chambre criminelle), en son audience publique tenue au Palais de justice de Paris, déclare non admis le pourvoi formé par M. Marc Mora contre l’arrêt précité de la Cour d’appel de Paris qui, le 16 février 2011, l’a condamné à 5.000 euros d’amende et a prononcé sur les intérêts civils : en effet, après examen tant de la recevabilité du recours que des pièces de procédure, la haute juridiction a constaté qu’il n’existait, en l’espèce, aucun moyen de nature à permettre l’admission du pourvoi.
26 mai 2011 : Intervention conjointe de l’Anpromevo et de l’association Marchand-Feraoun auprès du maire de Darney (Vosges) en vue de l’interdiction de la cérémonie publique d’hommage à la mémoire d’Antoine Argoud prévue le 10 juin 2011 à l’appel d’une association d’anciens activistes de l’OAS et marquée par l’apposition sur la sépulture de l’officier félon d’une plaque comportant l’inscription : Au Colonel Antoine ARGOUD / Ses Camarades de combat de l’Organisation Armée Secrète.
27 mai 2011 : Intervention à titre personnel de Jean-François Gavoury auprès de Mme le maire (PS) du Touvet (Isère) en vue de l’interdiction de la cérémonie publique d’hommage à Claude Piegts et aux héros de l’OAS organisée au cimetière du Touvet le 5 juin 2011 à l’occasion du quarante-neuvième anniversaire de l’exécution de cet activiste civil qui s’était illustré en prêtant son concours à l’assassinat du commissaire central d’Alger le 31 mai 1961.
12 juillet 2011 : Énième épisode dans l’affaire de la stèle de Marignane avec la décision du tribunal administratif de Marseille rejetant deux requêtes en tierce-opposition formées par deux anciens activistes de l’OAS membres de l’Adimad. À retenir : d’une part, n’ayant pas personnellement présenté la demande à l’origine de l’arrêté du maire de Marignane annulé par le jugement du 7 juillet 2008, MM. Baudry et de Massey, n’avaient pas à être appelés comme partie dans l’instance qui a donné lieu à la décision juridictionnelle contre laquelle ils forment une tierce opposition ; d’autre part, la circonstance qu’ils sont en désaccord avec les motifs du jugement contesté n’est pas de nature à établir que celui-ci préjudicie à leurs droits. Leurs requêtes en tierce opposition sont dès lors estimées irrecevables.
12 juillet 2011 : En réponse à une question écrite de M. Michel Zumkeller, député du Territoire-de-Belfort, enregistrée le 26 avril 2011 et relative aux actions menées en 2010 par la commission consultative nationale pour l’habilitation à ester en justice des associations d’anciens combattants et victimes de guerre, le ministre de la défense et des anciens combattants indique qu’à la date de juillet 2011, le registre tenu par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC) compte quarante-neuf associations habilitées à ester en justice, et qu’une demande d’inscription, déposée en décembre 2010 par une association créée depuis cinq ans seulement, est en cours d’instruction. Il est fait là allusion à la demande émanant de l’Anpromevo, toujours en souffrance à la date de tenue de l’assemblée générale.
18 juillet 2011 : Au sujet d’une disposition du décret du 5 mai 2011 prévoyant l’attribution de la Légion d’honneur à Jean-François Collin, intervention de l’Anpromevo par lettre circonstanciée adressée au Grand Chancelier. Il est suggéré au général Jean-Louis Georgelin, en tant que gardien des valeurs et de la réputation de l’Ordre, de faire procéder à une nouvelle instruction du mémoire de proposition dont le président de l’Adimad a été l’objet en même temps qu’à un ajournement de sa réception, en application des dispositions de l’article R.49 du code de la Légion d’honneur et de la médaille militaire. Questionné par une journaliste de La Provence sur l’origine des mérites ainsi récompensés par le Gouvernement, J-F. Collin avait notamment déclaré : « Au début, j’ai cru qu’on se fichait de moi. Je ne pensais pas que je l’obtiendrais. Et pour tout vous dire, j’ai pensé à la refuser, mais il m’a dit que ça embêterait plein de monde, de la Licra, ou Gavoury, alors j’ai accepté. […] J’avais jeté mes décorations à mes juges et la légion d’honneur, je ne la porterai jamais, tant qu’il y aura des Gaullistes au pouvoir. »
3 août 2011 : Lettre à l’Association française des victimes du terrorisme (AfVT) proposant la candidature de l’Anpromevo à une adhésion en qualité de membre associé et sollicitant l’intervention de son porte-parole et directeur général auprès des organisateurs du VIIe Congrès international des victimes du terrorisme prévu à Paris du 15 au 17 septembre en vue de la représentation des victimes de l’OAS à cette manifestation à l’occasion de laquelle des victimes de plus de trente attentats perpétrés de 1956 à 2011 seront appelées à témoigner.
23 août 2011 : Rencontre informelle, 112 avenue Kléber à Paris 16ème, entre Jean-François Gavoury et Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole et directeur général de l’Association française des victimes du terrorisme (AfVT), ayant pour double objet l’examen des modalités de la représentation éventuelle de l’Anpromevo au VIIe Congrès international des victimes du terrorisme (prévu du 15 au 17 septembre 2011 à Paris) et l’éventuelle adhésion de l’Anpromevo à l’AfVT en qualité de membre associé.
20 septembre 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury à la cérémonie de remise, par M. Marc Laffineur, secrétaire d’État auprès du ministre de la défense et des anciens combattants, à M. Wladyslas Marek, président de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca), des insignes de commandeur dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.
23 septembre 2011 : Lettre du président de l’Anpromevo à Mme Delphine Renard l’invitant à être présente, le 6 octobre, lors de l’inauguration de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS. Jean-François Gavoury lui dit : « Vous vous tenez à l’écart des débats engagés sur cette période de la guerre d’Algérie qui vous a si durement touchée, et je respecte cette retenue. Pourtant, la seule idée que les victimes du terrorisme de l’OAS en métropole gardent leur douleur pour elles m’est insupportable. Nous sommes nombreux, y compris dans les associations d’anciens combattants et victimes de guerre, à estimer qu’il est temps que la parole se libère. Je ne désespère pas de vous convaincre de l’importance qu’aurait la vôtre, s’exprimant, non devant des caméras et micros, mais parmi vos frères et sœurs en souffrance, celles et ceux qui sont tombés sous les coups de l’OAS, sans se relever jamais pour quelque 2.700 d’entre elles. »
26 septembre 2011 : Réponse d’attente du directeur général de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre à la suite d’une demande d’habilitation à ester en justice présentée le 7 décembre 2010 au nom de l’Anpromevo : la commission consultative compétente n’a pu et ne pourra être réunie tant que n’auront pas été tirées les conséquences, au regard de sa composition, de la réforme du conseil national de la vie associative remplacé le 30 juin par un Haut conseil à la vie associative.
29 septembre 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury aux obsèques de M. Wladyslas Marek, président national de la Fnaca, en l’église Saint-Louis de Fontainebleau (Seine-et-Marne).
6 octobre 2011 : Cérémonie de dévoilement par M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, Mme Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris et Mme Catherine Vieu-Charier, adjointe au Maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant, de la stèle en hommage à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France au cimetière du Père Lachaise. Parmi les élus de la capitale présents, figurent notamment Mme Nicole Borvo Cohen-Seat, sénatrice, M. Hamou Bouakkaz, adjoint au Maire de Paris, chargé de la démocratie locale et de la vie associative, M. Ian Brossat, conseiller de Paris, Mme Frédérique Calandra, maire du 20e arrondissement, Mme Danièle Hoffman-Rispal, députée, conseillère d’arrondissement (11e), M. Pascal Joseph, adjoint à la maire du 20e arrondissement, Mme Fatima Lalem, adjointe au Maire de Paris chargée de l’égalité femme/homme, M. Jean Vuillermoz, adjoint au Maire de Paris chargé du sport. Est excusée Mme Odette Christienne, conseillère de Paris, déléguée auprès du Maire de Paris, correspondante défense, présente au même moment à la messe en hommage à M. Wladyslas Marek en la cathédrale Saint-Louis des Invalides. Les délégations des associations ayant appuyé la démarche de l’Anpromevo auprès de la Mairie sont conduites par M. Raphaël Vahé pour l’Association républicaine des anciens combattants, Mme Huguette Azavant pour le Comité Vérité et Justice pour Charonne, MM. Georges Morin pour Coup de soleil, Serge Péronnet pour la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, Jean-Pierre Gonon pour France-Algérie, Jean-Philippe Ould Aoudia pour Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, Gilles Manceron pour la Ligue des droits de l’Homme, Mouloud Aounit pour le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. Dans sa dépêche, l’AFP évoque une cérémonie émouvante et signale la présence de Delphine Renard, grièvement blessée le 7 février 1962 à quelques centaines de mètres de la porte de Saint-Cloud (Paris) dans un attentat qui visait le ministre de la culture André Malraux. Dans son allocution, M. Bertrand Delanoë, après avoir exprimé sa fierté que Paris soit la première institution française à honorer les victimes de l’OAS, affirme : « Paris, aujourd’hui, capitale de la France, Paris capitale de la République, Paris héritière de valeurs universelles, de valeurs de libertés, des droits de l’homme, Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare. »
17 octobre 2011 (12 h 15) : À l’invitation du Maire de Paris et dans le cadre du cinquantième anniversaire des événements ayant tragiquement conclu une manifestation pacifique de Français musulmans d’Algérie, représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury lors de la cérémonie commémorative présidée par M. Bertrand Delanoë, en présence de M. Missoum Sbih, ambassadeur d’Algérie en France, à l’angle du pont Saint-Michel et du quai du Marché neuf (Paris-4e).
17 octobre 2011 (18 h 15) : À l’appel du collectif dénommé « 17 octobre 1961 », représentation de l’Anpromevo, cosignataire, par Mme Geneviève Pilhion ainsi que par MM. Gilbert Bergeron, Jean-François Gavoury et Gérard Prigent au rassemblement organisé à hauteur de la station de métro « Bonne Nouvelle » et suivi de cortège jusqu’au même Pont Saint Michel, en hommage aux nombreux Algériens victimes de la sanglante répression ayant suivi leur manifestation contre le couvre-feu à caractère discriminatoire imposé par le préfet de police Maurice Papon.
18 octobre 2011 : À l’invitation du Maire de Paris, représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury lors de la projection, au Forum des images, du film d’Alain Tasma « Nuit noire », intervenant dans le cadre des commémorations du 17 octobre 1961.
2 et 7 novembre 2011 : Protestation auprès du Grand Chancelier de la Légion d’honneur et du préfet des Bouches-du-Rhône à la suite de la remise de l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur à Jean-François Collin, président de l’Adimad, dans le cadre d’une cérémonie publique d’hommage à l’OAS le 1er novembre 2011, à l’intérieur du cimetière Saint Laurent Imbert de Marignane, au pied de la stèle érigée à la gloire de l’Algérie française et des fusillés de l’organisation. Les circonstances dans lesquelles la manifestation s’est déroulée justifient, en effet, la mise en œuvre d’une procédure disciplinaire à l’encontre du récipiendaire : médaille présentée sur un coussin reproduisant les portraits des quatre fusillés de l’OAS ; discours du récipiendaire faisant l’éloge de la sédition contre l’État républicain et comportant notamment outrage au Président de la République (qualifié de « paltoquet qui vibrionne à l’Elysée ») et référence diffamatoire au « plus grand traître de l’Histoire de France » (visant le général de Gaulle).
14 novembre 2011 : Par arrêt n° 340753, le Conseil d’État confirme l’annulation de l’arrêté du maire de Marignane qui, le 23 juin 2005, avait accordé à l’Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l’Algérie française (ADIMAD) l’autorisation d’occuper pendant quinze ans un emplacement dans le cimetière Saint Laurent Imbert pour y ériger une stèle dédiée à l’OAS. Il convient de rappeler que le tribunal administratif de Marseille, par jugement du 7 juillet 2008, avait annulé cet arrêté et ordonné l’enlèvement du monument. Le juge des référés de ce même tribunal a, ensuite, rejeté la demande de l’ADIMAD tendant à ce que la commune lui verse une provision en réparation de son préjudice. Joignant les appels formés par l’ADIMAD contre ces deux décisions, la cour administrative d’appel de Marseille avait, par arrêt du 23 avril 2010, d’une part, rejeté l’appel formé contre le jugement et, d’autre part, condamné la commune de Marignane à verser une provision. Dans sa décision du 14 novembre, la haute juridiction administrative a considéré que le monument ne tendait pas à commémorer des personnes défuntes, mais manifestait une prise de position politique et procédait à l’apologie de faits criminels : ainsi, par cet arrêté, le maire avait-il délivré une autorisation d’occupation du domaine public communal pour un usage qui, d’une part, n’était pas compatible avec la destination normale d’un cimetière et, d’autre part, était de nature à entraîner des troubles à l’ordre public. C’est dès lors à bon droit qu’il avait été fait injonction au maire de procéder à l’enlèvement de la stèle. Pour réparer les conséquences financières de l’illégalité de l’autorisation en question, dans la limite cependant des seuls frais d’installation de la stèle, le Conseil d’État condamne la commune à verser 3. 000 euros à l’ADIMAD. Est mis à la charge de ladite association le règlement d’une somme de 4.000 euros à Jean-François Gavoury au titre des frais dits irrépétibles, exposés dans le cadre de sa défense. En raison de son importance pour la jurisprudence, la décision est destinée à être publiée sur le site Internet du Conseil d’État et sur le site Légifrance.
18 novembre 2011 : Rencontre de Mme Huguette Azavant et de Jean-François Gavoury avec M. Henri Alleg, à Palaiseau, au sujet d’Alfred Locussol, fonctionnaire de l’Enregistrement, membre du Parti communiste algérien, expulsé d’Algérie et envoyé en résidence à Alençon où il est assassiné par l’OAS le 3 janvier 1962. Cette rencontre intervient dans le cadre de la préparation d’une journée d’hommage à la mémoire de cette victime, prévue localement le 4 janvier 2012.
25 novembre 2011 : À l’invitation du président de la Fnaca de Paris, M. Jean Laurans, présence et prise de parole de Jean-François Gavoury en qualité de représentant de l’Anpromevo lors du 44e congrès départemental de la Fédération organisé en la Mairie du XIIe arrondissement, avec la participation de nombreux élus de la capitale.
17 décembre 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury au colloque de l’Association France Algérie organisé en la salle Victor Hugo de l’Assemblée nationale sur le thème de « L’Algérie et la France au XXIe siècle ». Il s’agissait, à la veille du cinquantième anniversaire de l’indépendance, de dessiner, à travers l’évolution en miroir des deux sociétés, le contenu de ce que pourrait être un partenariat de longue durée dans les domaines économique, culturel, diplomatique, tenant compte notamment de la dimension historique et humaine des relations entre les deux pays.
19 décembre 2011 : Dans le prolongement dudit colloque, intervention de l’Anpromevo, par courrier, auprès du président de l’Association France Algérie, M. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre d’État, tendant à ce qu’il apporte en personne le témoignage de sa sympathie aux familles de victimes de l’OAS réunies à Évian-les-Bains, du 16 au 18 mars 2012, dans le cadre des journées commémoratives de la signature et de l’entrée en vigueur des Accords de cessez-le-feu en Algérie.
20 décembre 2011 : Représentation de l’Anpromevo par Jean-François Gavoury à la conférence de presse de l’Espace parisien histoire mémoire de la guerre d’Algérie (Ephmga), en la Mairie du 13e arrondissement, pour la présentation officielle du programme des manifestations commémoratives prévues dans la capitale au cours de l’année 2012 à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie.
ADDITIF
RETOUR SUR LE 6 OCTOBRE 2011 AU CIMETIÈRE DU PÈRE LACHAISE
De 1961-1962 à 2011 : cinquante années de souffrance et presque autant de double peine !
Première institution française à rendre solennellement hommage aux victimes de la barbarie incarnée par l’organisation armée secrète, Paris, ville capitale, a su, en leur dressant un monument, rendre à la France son honneur perdu ici ou là, en son Midi.
Anciens menacés de mort, rescapés d’attentats et mutilés à vie, toutes et tous victimes de l’OAS au même titre que les veuves et descendants d’assassinés, nous gardons le souvenir cruel de décennies passées dans la solitude, chacune et chacun enfouissant souffrance et douleur au tréfonds de soi.
Quelle épreuve d’avoir dû supporter que, depuis 1973 à Nice jusqu’en 2005 à Marignane, on statufie et piédestalise les singes sanglants de l’OAS et leurs maîtres à penser : le poignard, le pistolet et le plastic !
Quelle douleur d’avoir dû accepter que l’on cherche ainsi à réhabiliter l’uniforme du déserteur et à insinuer le poison du révisionnisme dans les blessures ouvertes par la guerre d’Algérie !
Comment, nous, victimes du fanatisme factieux, avons-nous pu admettre cette peine s’ajoutant à la peine ?
Accepter de voir l’homme au service de la terreur érigé, sur le domaine public, en héros d’une cause pourtant reconnue scélérate, c’est, pour le responsable politique, défier l’ordre et l’entendement républicains, c’est braver les valeurs fondatrices de la communauté nationale en portant atteinte en particulier à la fraternité.
Faire passer l’homme-terreur à la postérité, c’est conférer à ses crimes passés valeur d’exemple pour les générations futures, c’est abaisser les victimes et éprouver leur mémoire endolorie.
Frappées par milliers, dans leur chair ou dans les êtres qu’elles aimaient, non reconnues, objet d’une haine et d’un mépris sans cesse recommencés par leurs bourreaux, les victimes de l’OAS ont accédé à la lumière le 6 octobre 2011 au cimetière du Père Lachaise.
Delphine Renard, qui a reçu à quatre ans les stigmates de la bestialité terroriste, a su exprimer avec grâce son émotion en nous disant : un acte de vie répond, enfin, à trop d’actes de mort !
Le texte ci-avant introduit le film de la cérémonie réalisé, à la demande de Jean-François Gavoury, par Olivier Doat et offert aux adhérents de l’ANPROMEVO.
Intervention de Jean-François Gavoury
» Merci, Mesdames et Messieurs, d’avoir bien voulu répondre, en nombre, à l’invitation de M. Bertrand Delanoë et de Mme Catherine Vieu-Charier. Merci d’avoir fait, parfois depuis loin et malgré la maladie, le déplacement jusqu’en ce haut-lieu du souvenir, pour y témoigner de votre attachement aux principes et valeurs qu’incarnaient celles et ceux que nous honorons aujourd’hui.
Le drapeau de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie, à côté de la stèle, exprime, symboliquement, la chaleureuse présence parmi nous de son président national, M. Wladyslas Marek : il nous a quittés le 24 septembre ; hommage soit ici rendu à sa mémoire.
L’Organisation armée secrète est apparue en début d’année 1961 et a semé la terreur jusqu’en 1962 afin d’empêcher que soit trouvée la seule issue possible au conflit, celle de l’indépendance de l’Algérie.
Fonctionnant à la manière d’un syndicat du crime, l’OAS a été un creuset pour l’extrême droite : s’y sont retrouvés monarchistes, pétainistes, catholiques intégristes, nostalgiques de l’Empire colonial français et autres ennemis de la République. La plupart de ses anciens membres ou sympathisants revendiquent aujourd’hui cette filiation et assument la haine tenace qu’ils vouent au général de Gaulle : le général de Gaulle qui, il y a cinquante ans, le 2 octobre 1961, exhortait l’armée française en Algérie à rester dans le devoir et adjurait les Français d’Algérie « d’apporter leur franc concours à la naissance de l’Algérie nouvelle, celle que souhaite la France, c’est-à-dire telle qu’ils y aient leur digne place ».
Dès le milieu des années soixante-dix, exploitant les lois d’amnistie sur les infractions en relation avec la guerre d’Algérie, d’anciens détenus de l’OAS se sont employés à célébrer la gloire de ceux d’entre eux qui avaient été condamnés à mort et exécutés à raison du nombre ou de la gravité de leurs forfaits. Afin de les faire passer à la postérité, des monuments ont été érigés à leur gloire dans le Midi de la France : ils y sont décrits comme des martyrs, des héros, des résistants, forme impudente de réhabilitation et de falsification de l’Histoire.
L’accoutumance à la douleur, la peur, mais aussi l’absence de soutien, n’ont que trop longtemps porté les familles de victimes de l’OAS à la résignation, à la subordination au diktat du révisionnisme, mais sûrement pas à l’oubli.
Chaque jour, en effet, nous nous souvenons des morts causés par l’organisation, des morts dont le nombre serait supérieur à 2.700 selon les estimations d’experts appartenant à la Société française d’histoire de la police :
– des victimes tant de crimes ciblés, individuels ou collectifs, que d’attentats aveugles ;
– des victimes en Algérie comme en métropole ;
– des victimes avant comme après le cessez-le-feu ;
– des victimes au sein de l’armée (du général de corps d’armée ou de l’officier – tel le chef d’escadrons Marcel Bourgogne – à l’appelé du contingent), comme au sein des forces de police (du contrôleur général de la sûreté nationale au gardien de CRS) ;
– mais outre ces militaires et policiers, dont c’était la mission et l’honneur de protéger les institutions et d’assurer la sécurité et l’ordre publics : un attaché au consulat britannique à Alger, Alfred Fox, des magistrats, tel Charles Causse, vice-président du tribunal de grande instance d’Alger, des élus (notamment Camille Blanc, maire d’Évian, et Michel Schembri, maire de Fort-de-l’Eau), des fonctionnaires : de l’administrateur civil ou directeur des PTT aux enseignants, cibles privilégiées, tels les six inspecteurs des centres sociaux éducatifs massacrés dans l’exercice de leurs fonctions et sur leur lieu de travail à Alger (l’écrivain Mouloud Feraoun, l’humaniste Max Marchand ainsi que Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hammoutène et Salah Ould Aoudia), des membres de la société civile (avocats, tel Me Pierre Popie à Alger ; médecins ; chefs d’entreprise et employés, tels David Serfati et Hélène Canavesio à Oran ; …), des responsables ou militants politiques ou syndicaux (tels William Levy, secrétaire général de la SFIO à Alger et Alfred Locussol, militant du Parti communiste algérien, assassiné quant à lui à Alençon).
– comment ne pas évoquer également ces innombrables victimes anonymes des meurtres en série commis par l’OAS en Algérie à travers ses journées des femmes de ménage, des facteurs, des cheminots, des préparateurs en pharmacie, des dockers, … ?
– comment oublier les victimes indirectes de tentatives d’assassinat dirigées contre des personnalités politiques, telle Delphine Renard grièvement blessée le 7 février 1962, à quelques centaines de mètres de la Porte de Saint-Cloud, dans un attentat visant le ministre de la culture André Malraux ? Après cinquante années de silence, Delphine Renard dit ne pas supporter que l’histoire renvoie dos à dos les tueurs de l’OAS et leurs victimes. Elle est parmi nous ce matin, discrète mais solidaire : en votre nom, je lui dis toute mon affectueuse sympathie, ainsi qu’à sa mère qui a bien voulu se joindre à nous.
– et comment ne pas penser, alors, aux neuf victimes causées au Métro Charonne, le 8 février 1962, à l’issue d’une manifestation organisée pour la paix en Algérie et contre les crimes de l’OAS ?
Le Maire et le Conseil de Paris tout entier ont permis la réalisation du projet initié par l’Anpromevo, résolument soutenu par des mouvements et associations. Merci à leurs représentants d’être ici :
– Association républicaine des anciens combattants (ARAC)
– Comité Vérité et Justice pour Charonne
– Coup de soleil
– Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA)
– Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP)
– France – Algérie
– France – el Djazaïr
– Harkis et droits de l’Homme
– Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons
– Ligue des droits de l’Homme
– Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP)
– Solidarité France Pays Arabes
Le projet a été élaboré en concertation avec Mme Odette Christienne, puis avec Mme Catherine Vieu-Charier, et en liaison permanente avec le cabinet du Maire de Paris en la personne de M. Philippe Lamy. Présenté au conseil du 20e arrondissement le 27 janvier 2011, puis, le 8 février, en Conseil de Paris, il a dans les deux cas recueilli un assentiment unanime.
La présence de cette stèle dans le voisinage immédiat du monument érigé par la Ville de Paris en mémoire de ses Morts pour la France en AFN et la dédicace dont elle est porteuse sont une incitation à l’apprentissage, par les jeunes générations, de la guerre d’Algérie, à travers la page franco-française du conflit, sans doute la plus douloureuse et la plus sombre.
Nous y voyons également un message républicain à valeur d’exemple que Paris adresse aux communes de France dont l’histoire a été marquée par l’OAS. Son dévoilement, aujourd’hui va résonner non seulement là où l’OAS a directement perpétré ses crimes et attentats, mais là aussi où les victimes de cette organisation sont nées ou ont vécu et exercé leur activité au service de leurs concitoyens.
À nos yeux, son inauguration constitue un acte fondateur de la mémoire plurielle de la guerre d’Algérie.
Oui, le 6 octobre 2011 marquera une étape déterminante vers la reconnaissance par la Nation des souffrances endurées par les victimes de l’OAS.
Rien n’aurait été possible sans l’écoute de la ville capitale dont il convient de saluer, avec respect et gratitude, le Maire et son adjointe en charge de la mémoire ainsi que l’ensemble des élus et des services. Sans doute, aussi, cette stèle ne serait-elle pas née sur ce remarquable emplacement du cimetière du Père Lachaise si un éditeur n’avait pas – le premier et le seul – sorti de l’oubli et de l’ombre les victimes de l’OAS en faisant se rencontrer leurs descendants et, surtout, en leur donnant la parole et la plume : merci, par conséquent, aux Éditions Tirésias et à Michel Reynaud, pour qui le livre est mémoire. Merci enfin à l’artiste, au sculpteur, M. Constantin Spourdos, pour qui la matière est mémoire.
Monsieur le Maire de Paris, c’est un vrai moment de lumière que vous nous donnez à connaître en mettant à l’honneur des hommes et des femmes soumis à la barbarie de ce terrorisme dont l’image hideuse doit nous encourager à repousser toute forme de résurgence. »
Allocution de Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris
« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les animateurs d’associations, mes chers collègues, adjoints, élus de Paris,
Il y a des moments indispensables, essentiels, graves, pleins de sens, qui réveillent des douleurs, qui sont les douleurs de la France, et ces moments, nous devons avoir le courage de leur donner la force qu’ils méritent.
Venant ici ce matin, avant de me réjouir avec vous que le moment puisse être posé, je disais : « Mais comme c’est difficile, et pourquoi attendre tant de temps ? ».
Est-ce si dur ? Est-ce si dur d’être humble et courageux vis-à-vis de la vérité ?
La vérité, c’est que, dans les pages de notre histoire, il y a des drames, il y a des douleurs inouïes, et ces douleurs inouïes, elles ne viennent pas de nulle part : elles viennent d’idées, elles viennent de pensées qui se traduisent par des actes barbares.
L’OAS, c’est une organisation terroriste, c’est une organisation criminelle, c’est une organisation qui a voulu détruire la République. Les victimes que nous honorons aujourd’hui sont des femmes, des hommes, des enfants, des policiers, des militaires, des Français, des Algériens, des femmes et des hommes morts parce qu’une organisation a contesté l’ordre démocratique, a voulu l’abattre et a utilisé les moyens les plus horribles pour tenter d’atteindre ses objectifs.
Pourquoi est-il si long, pourquoi est-il si dur de poser ces actes évidents ?
Je le dis avec émotion, gravité : je suis en même temps fier que Paris soit la première commune, la première institution française, à oser le faire, mais avec le regret que cela n’ait pas été fait plus tôt.
Je souhaite, à ces victimes – vous les avez citées -, ajouter, si vous m’y autorisez, votre père, chef de la sûreté urbaine d’Alger, assassiné en 1961 par l’OAS.
Aujourd’hui, nous arrivons à mobiliser contre le terrorisme, contre les idéologies barbares, et ce qui s’est passé il y a quelques décennies semble nous coûter plus.
Non !
Paris, aujourd’hui, capitale de la France, Paris capitale de la République, Paris héritière de valeurs universelles, de valeurs de libertés, des droits de l’homme, Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare.
Je veux le dire pour les victimes, je veux le dire pour l’unité de la collectivité nationale : il n’y a pas d’unité du peuple français s’il a peur de la vérité. Il ne peut pas penser son avenir sur l’ambiguïté ou sur une sorte de lâcheté par rapport à l’Histoire
En honorant aujourd’hui les victimes de l’OAS, en posant cet acte fort de Paris condamnant une idéologie et des actes, je veux en même temps poser un acte de rassemblement.
Dans ce moment, je n’oublie pas les Morts pour la France, que nous avons voulu honorer à quelques mètres d’ici. Je n’oublie pas les harkis et leurs familles qu’à plusieurs reprises j’ai voulu honorer. Je n’oublie pas les Morts de Charonne. Je n’oublie pas les Rapatriés d’Afrique du Nord : j’en suis un ! Je n’oublie pas leurs souffrances. Mais je ne veux pas oublier les victimes algériennes d’une guerre coloniale et d’actes barbares qui se sont déroulés en plein Paris et en particulier au pont Saint Michel le 17 octobre 1961.
Pour unir, pour rassembler, pour servir la paix, pour être ensemble, il n’y a qu’un moyen : la vérité, l’humilité et la dignité de savoir dire quelles sont les victimes et de savoir dire – je l’affirme en laïc républicain – quelles sont les forces du Mal. Et les forces du Mal, ce sont les idéologies qui refusent l’autre, qui refusent son droit à la dignité, qui refusent notre égalité dans nos différences.
Dans ce geste, Paris rend hommage à ces personnes, à ces victimes. Paris dit ce qui lui paraît vrai sur cette Histoire. Mais Paris, à travers ce geste, veut proclamer son amour de la France : son amour de la France quand elle n’est pas raciste, son amour de la France quand elle n’a pas des visées de domination et qu’elle ne veut pas écraser un peuple, quand la France n’est pas une puissance coloniale, quand la France de Victor Hugo, quand la France des Lumières, quand la France des libertés est au contraire pour tous les peuples du monde, non seulement une référence, non seulement une espérance, mais aussi une terre d’accueil.
Lorsque nous refusons parmi nous les autres, nous ne sommes pas la France.
Ce moment, je veux qu’il soit vrai, qu’il soit profond, qu’il ne cache aucun des éléments de cette émotion qui nous atteint. Je veux aussi que ce soit un moment de force, de puissance pour des valeurs, des valeurs éternelles de la France qui ne peuvent briller que quand le courage, l’honnêteté intellectuelle et la vérité triomphent : c’est peut-être ce que, modestement, nous faisons ensemble aujourd’hui.
Je vous remercie. »