Présentation
L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) est une association à la fois de victimes de guerre (guerre d’Algérie) et de victimes du terrorisme (celui de l’Organisation armée secrète (OAS), ayant marqué les dix-huit derniers mois de la guerre d’Algérie).
Définition et histoire
L’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO) est une association de victimes de la guerre d’Algérie née de la rencontre entre des veuves et des descendants de victimes réunis, au cours du printemps 2005, par la dénonciation de l’installation d’un cénotaphe dédié à l’OAS sur le domaine public de la commune de Marignane (Bouches-du-Rhône) : cf. La bataille de Marignane, aux Éditions Tirésias – février 2006 (préface de Pierre Joxe) et OAS, un passé très présent – La reconnaissance a la mémoire courte, documentaire de Djamel Zaoui (Les films du paradoxe, 2007).
Apparue en début d’année 1961 et responsable jusqu’en 1962 de plusieurs milliers de crimes et attentats dirigés contre des civils, des militaires, des élus, des magistrats, des fonctionnaires, défenseurs des valeurs et des institutions de la République, l’OAS (Organisation armée secrète) avait pour objectif de poursuivre la guerre d’Algérie et d’empêcher à tout prix que soit trouvée une issue qui conduise à l’indépendance. Depuis le milieu des années 1970, ses anciens activistes s’emploient à célébrer la gloire de ceux d’entre eux, au nombre de quatre, qui ont été jugés, condamnés à mort et exécutés à raison du nombre ou de la gravité de leurs forfaits : Albert Dovecar, Claude Piegts, Roger Degueldre, Jean Bastien-Thiry. Afin de les faire passer à la postérité, des monuments sont élevés à leur mémoire, en particulier le long du littoral méditerranéen, depuis Nice et Théoule-sur-Mer jusqu’à Perpignan, en passant par Toulon et Béziers : ils y sont décrits comme des martyrs et des héros de l’Algérie française, forme de réhabilitation à la fois paroxystique et la plus cynique.
L’OAS a été un creuset pour l’extrême droite, dans lequel se sont retrouvés monarchistes, pétainistes, catholiques intégristes, nostalgiques de l’Empire colonial français, partisans d’un État autoritaire, etc. La plupart de ses anciens membres ou sympathisants et de ses actuels thuriféraires revendiquent leur appartenance au Front national et assument la haine tenace qu’ils vouent au général de Gaulle, fondateur d’une cinquième République à la déstabilisation de laquelle ils n’ont pas renoncé.
Statuts
Déclarée le 7 avril 2006, l’ANPROMEVO a vocation à prévenir les atteintes à l’honneur et à la dignité des victimes de l’OAS ainsi qu’à développer toutes initiatives tendant à établir ou restaurer la vérité historique des faits imputables à cette organisation séditieuse, qu’ils aient été commis en Algérie ou sur le territoire national actuel. La Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) a tenu à en devenir immédiatement membre d’honneur, de même que l’association « Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons ». La création de l’ANPROMEVO a été saluée par la Fondation Charles-de-Gaulle. Son action bénéficie du soutien tant de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) que de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA).
Présidence
Depuis sa constitution en début d’année 2006, l’association est présidée par Jean-François Gavoury, fils de Roger Gavoury
Actions
En 2010, l’ANPROMEVO a constaté l’influence des courants révisionnistes sur la politique de mémoire mise en œuvre par le secrétaire d’État à la Défense et aux anciens combattants Hubert Falco.
En 2011, l’ANPROMEVO a vu aboutir une proposition dont les services de l’État avaient refusé la mise à l’étude, consistant en l’élévation, dans la capitale, d’un monument célébrant le sacrifice des personnes tombées sous les coups de l’OAS pour avoir fait le choix de la loyauté alors qu’elles étaient menacées par un terrorisme de grande ampleur tant en Algérie qu’en métropole. Le 8 février, par un vote acquis à l’unanimité, le Conseil de Paris a adopté une délibération ayant pour objet la mise en place, dans l’enceinte du cimetière du Père-Lachaise, d’une stèle vouée aux victimes de l’OAS11. Celle-ci a été dévoilée le 6 octobre par M. Bertrand Delanoë, dans le cadre d’une cérémonie au cours de laquelle le maire a souligné sa fierté que Paris soit la première institution française à le faire. Victime à quatre ans et demi d’un attentat de l’OAS perpétré près de Paris le 7 février 1962, et dont elle sortit mutilée à vie, Mme Delphine Renard était présente lors de cette inauguration.
Un an plus tard jour pour jour, le 6 octobre 2012, avenue du Président-Wilson à Alençon, M. Joaquim Pueyo, député-maire, sollicité à cette fin notamment par l’ANPROMEVO, a dévoilé une plaque commémorative en hommage à Alfred Locussol, premier fonctionnaire de l’État assassiné par l’OAS sur le sol métropolitain. Au cours de la cérémonie, M. Pueyo devait affirmer que cet acte de mémoire était « essentiel pour notre conscience collective et citoyenne » et que des initiatives de cette nature « honorent les fondements de notre démocratie ».
Entre-temps, aux côtés notamment de « La Salévienne, société d’histoire régionale de Savoie », l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS a participé à l’organisation, au Palais des Festivités d’Évian, les 17 et 18 mars 2012, d’un colloque intitulé « 50 ans après les Accords d’Évian : Sortir de la guerre d’Algérie – Regards croisés, regards apaisés ».
Reconnaissance
Publiée au Journal officiel du 30 mars 2014, la décision ministérielle du 28 mars 2014 a fait de l’ANPROMEVO la cinquantième association d’anciens combattants et victimes de guerre inscrite au registre de l’Office national des anciens combattants répertoriant l’ensemble des associations habilitées à ester en justice application de l’article 2-11 du code de procédure pénale et de l’article 48-3 de la loi du 29 juillet 1881 modifiée sur la liberté de la presse.
L’ANPROMEVO aujourd’hui
Le 6 octobre 2014, trois ans après le maire de Paris et deux ans après le député-maire d’Alençon, Mme Laurence Théry, maire du Touvet (Isère), inaugurait à son tour, en l’honneur et à la mémoire de l’ensemble des victimes civiles et militaires des actes terroristes commis par l’OAS en Algérie et en France, une plaque apposée sur le monument aux morts du cimetière de la commune. Le projet en avait été conçu comme le témoignage positif d’une exigence de vérité historique ainsi que comme une contribution à l’inscription future de la date du 6 octobre dans le calendrier mémoriel lié à la guerre d’Algérie.
Le 6 octobre 2015, marquant le quatrième anniversaire de son dévoilement par le maire de Paris, un moment de recueillement se déroule au cimetière du Père-Lachaise autour de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes des crimes et attentats terroristes commis par l’OAS en Algérie et en France. M. Guy Darmanin, président national de la FNACA, honore de sa présence les membres et amis de l’ANPROMEVO auxquels se sont joints deux responsables de l’Association française des Victimes du Terrorisme.
Empêché de prendre part à cette manifestation du souvenir, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la mémoire, M. Jean-Marc Todeschini, se recueillera devant la stèle le 31 octobre, après avoir procédé à l’inauguration d’un monument désormais attenant, érigé en mémoire de vingt jeunes soldats métropolitains du 1er Groupe de compagnies nomades d’Algérie enlevés dans la région des Abdellys (entre Tlemcen et Sidi Bel Abbès) à la veille de la Toussaint 1956.
Au nom de la maire de Paris, son adjointe chargée du monde combattant, Mme Catherine Vieu-Charier, déclarera : « Dans cette allée mémorielle du cimetière, toutes ces stèles, tous ces monuments sont de véritables veilleurs de pierre, qui rappellent aux visiteurs attentifs et aux passants distraits que cela fut ».
Le 4 janvier 2016, l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS est représentée par son président à Alençon dans le cadre d’un hommage à la mémoire d’Alfred Locussol à l’occasion du 54e anniversaire de son assassinat dans cette commune chef-lieu du département de l’Orne : Jean-François Gavoury rappelle à cette occasion que ce directeur adjoint de l’Enregistrement a été le premier fonctionnaire tué par l’OAS en métropole. Il ajoute que la stèle érigée ici en son souvenir, plusieurs fois profanée, porte les « stigmates d’un fanatisme aussi contemporain qu’arriéré ».