RAPPORT MORAL ET D’ACTIVITÉ 2007

présenté à l’assemblée générale du 8 mars 2008
à Meudon-la-Forêt par le secrétaire général

Le rapport d’activité, présenté ce 8 mars 2008 par le secrétaire général et soumis à l’approbation des adhérents, porte pour la première fois sur une année civile complète. Tel n’avait pu être le cas l’an passé, l’association ayant été créée le 7 avril 2006.
En 2007, l’ANPROMEVO s’est plus particulièrement consacrée à l’interpellation des candidats à l’élection présidentielle (I), à la dénonciation des hommages publics à l’OAS (II), à des activités de représentation (III) et de communication (IV). Elle a enregistré certains résultats (V) et ne manque pas de projets (VI).

I – L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

L’interpellation des candidats à l’élection présidentielle était l’un des objectifs assignés à l’association par l’assemblée générale du 31 mars 2007.
Un communiqué a, par conséquent, été adressé le 3 avril 2007 à huit candidats. Sa reproduction sur le site Internet de la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme a permis d’en élargir la diffusion. Il y était présenté avec l’introduction suivante :
« …l’ANPROMEVO réaffirme que priorité doit être donnée à la refondation de relations d’amitié entre la France et l’Algérie, en mettant un terme à la réhabilitation de l’OAS. ».
Seuls le Parti communiste, la LCR et Lutte Ouvrière se sont prononcés. Ces deux dernières formations l’ont fait de façon circonstanciée, ce qui est assez remarquable au regard de leurs moyens logistiques, sans commune mesure avec ceux des partis majoritaires, dont les réponses sont encore attendues.
L’Algérie a fait écho à cette thématique. Le 21 avril, El Watan titre : « Sarkozy veut réhabiliter l’OAS ». Le même journal, dans son édition du 25 avril, écrit :  » … [M. Sarkozy] oublie-t-il Max Marchand et ses camarades instituteurs assassinés, dont le seul crime était d’apporter un peu de savoir à des enfants indigènes dans un océan d’ignorance et de
misère ? ». De son côté, le quotidien Liberté, dans son édition du 5 mai 2007, reprend les propos tenus par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, et publiés dans Le Monde en date du 4 mai, accusant le candidat de la droite à l’élection présidentielle française, Nicolas Sarkozy, de vouloir “réhabiliter l’Organisation de l’armée secrète (OAS)”. Le Premier ministre algérien y déclare : « L’OAS était une organisation criminelle, une organisation terroriste du même type qu’al-Qaïda aujourd’hui. Elle a été le précurseur d’al-Qaïda, d’une certaine façon. ».

II – LES HOMMAGES PUBLICS À L’OAS

L’ANPROMEVO n’a pas ménagé ses efforts pour tenter d’empêcher le déroulement des manifestations apologétiques de l’OAS dont elle avait connaissance. Elle en a dénoncé le projet auprès des autorités ayant le pouvoir d’en interdire le déroulement.
Pour être efficaces, de telles actions nécessitent une argumentation rigoureuse, une diffusion auprès des associations susceptibles de se joindre à la démarche ainsi qu’un suivi très régulier : cela consomme du temps et de l’énergie.
En premier lieu, nous avons tenté de nous opposer au ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe à Paris à l’occasion du 45ème anniversaire de la fusillade de la rue d’Isly le 26 mars 1962 à Alger. Ces hommes et ces femmes, qui s’étaient conformés à un mot d’ordre à caractère insurrectionnel émanant de l’OAS, avaient pris part à une manifestation préalablement interdite par les autorités civiles et militaires. Certes, la répression meurtrière dont ces manifestants furent l’objet est condamnable. Mais leur rassemblement procédait d’un soutien apporté à l’OAS qui, trois jours auparavant, avait abattu sept jeunes appelés du contingent à Bab el Oued et blessé quatorze autres. Cet hommage, en un site dédié aux Morts pour la France, constituait une provocation d’anciens factieux bénéficiant, de la part des familles de victimes, de la même subordination que celle qui avait mené leurs parents à un affrontement sanglant avec l’armée. Il a pu néanmoins avoir lieu et Jean-François Gavoury, seul opposant présent sur place, a ainsi eu l’occasion de réaliser un reportage photos édifiant.
La démarche de l’ANPROMEVO a été davantage fructueuse en ce qui concerne l’hommage que l’Adimad-OAS avait envisagé de rendre, le 7 juin 2007, au cimetière Nord de Perpignan, à Piegts et Dovecar, condamnés à mort pour leur participation, un an plus tôt, à l’assassinat du commissaire central d’Alger Roger Gavoury et exécutés le 7 juin 1962. Le contexte est particulier dans la cité catalane où l’association bénéficie désormais de points d’appui importants. L’ANPROMEVO avait donné l’alerte sur le thème de la réhabilitation de l’OAS au plan local et la responsabilité à cet égard d’une municipalité pour le moins complaisante. Un comité regroupant plusieurs formations et associations s’est créé, disposant d’un relais en la personne d’un organe de presse, LeTravailleur catalan. En 2007, la mobilisation républicaine, plus vigoureuse encore que l’année précédente, a incité le préfet à prendre un arrêté d’interdiction pour prévenir tout trouble à l’ordre public. Le maire a dû, pour sa part, prendre une mesure de fermeture temporaire du cimetière au public. Craignant que quelques activistes passent outre à ce dispositif réglementaire, un groupe, composé notamment de membres du conseil d’administration de l’ANPROMEVO, a monté la garde face à quelques anciens de l’OAS. La police, très présente, a fait respecter les décisions du préfet et du maire. Le Quotidien d’Oran a relaté cet événement dans ses livraisons des 28 avril et 26 mai.
Sur le sujet de ces mémoires conflictuelles (Montrer l’Algérie au public – Pour en finir avec les guerres de mémoires algériennes), un colloque s’était auparavant tenu à Narbonne, le 19 avril, à l’initiative d’Eric Savarèse, maître de conférences en science politique à l’Université de Perpignan, avec la participation notamment de Sylvie Thénault et Guy Pervillé.
Trois mois après le 26 mars, le 5 juillet, les nostalgiques de la présence coloniale française en Algérie, amis des activistes de l’OAS entendaient revenir sous l’Arc de Triomphe pour y raviver à nouveau la Flamme, sous le couvert, cette fois, d’une association d’anciens élèves du lycée Lamoricière d’Oran. La préfecture de police a fait preuve, en la circonstance, de la même fermeté qu’en 2006, et la célébration du 45ème anniversaire des événements d’Oran n’a pu avoir lieu sur ce site de la Tombe du Soldat inconnu, sacré à nos yeux, et en tout cas inaccessible aux ennemis de la République.
La manifestation avec porte-drapeaux de l’Adimad-OAS, dédiée le 6 juillet 2007 à la mémoire de Degueldre, sur le lieu de sa sépulture, au cimetière des Gonards à Versailles, a elle aussi été dénoncée auprès des pouvoirs publics. Cependant, ni le maire ni son adjointe sénatrice n’ont estimé devoir répondre aux correspondances qui leur avaient été adressées en ce sens, aussi bien par l’ANPROMEVO que par l’association « Les amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons » et le MRAP. Les anciens factieux étaient beaucoup moins nombreux qu’en 2006 : serait-ce l’effet de la présence d’opposants l’année précédente ?
Il reste que le nombre des policiers était largement supérieur à celui des contre-manifestants, réduit à quatre : le président, le secrétaire général et Henri Pouillot, à qui Françoise Nordmann s’était jointe courageusement. La crédibilité de la menace de troubles à l’ordre public passe de toute évidence par une représentation numériquement plus forte et aussi, sans doute, par le déploiement d’une banderole intitulée « Familles de victimes de l’OAS » par exemple. Il convient d’y réfléchir dans la perspective des manifestations à venir et, peut-être, d’associer nos enfants à notre démarche.
L’affaire du « Mur des disparus », dont l’inauguration à Perpignan avait été annoncée pour le 25 novembre, dans le cadre du congrès annuel des cercles algérianistes, a constitué le dossier le plus sensible et le plus accaparant de l’année. Les adhérents internautes ont pu en suivre les péripéties dans leur intégralité. L’ANPROMEVO et l’association « Marchand-Feraoun » ont publié le 21 novembre 2007 un communiqué commun (cf. page 4), repris sur le site Internet de la LDH Toulon. Il pouvait paraître délicat d’intervenir sur un sujet où la mémoire d’innocents, disparus pendant le conflit algérien et sans sépulture, était en jeu. Cependant, dès lors que les nostalgiques de l’Algérie française et anciens de l’OAS n’hésitaient pas, pour leur part, à exploiter sans vergogne et de façon partisane les douleurs en cause, le positionnement était clair : oui à un hommage s’adressant à tous les disparus ; non à une sélection des disparus conduisant à une écriture partiale de l’histoire !
Le samedi 24 novembre, à quelques centaines de mètres du site et à la veille de l’inauguration, le Mur a fait l’objet d’un rassemblement de 80 à 100 opposants à cette vision partisane ainsi présentée de l’histoire franco-algérienne. Parmi eux, outre Jean François Gavoury pour l’ANPROMEVO, Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH, Fatima Besnaci-Lancou présidente de « Harkis et Droits de l’Homme », Henri Pouillot et Anne Savigneux pour le MRAP, ainsi que les représentants locaux d’une vingtaine de formations et associations.

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Le Mur aux disparus de l’Algérie Française et la stèle aux condamnés à mort de l’OAS : un même sculpteur et la même implication du Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales

Le Mur aux disparus de l’Algérie Française et la stèle aux condamnés à mort de l’OAS : un même sculpteur et la même implication du Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales.
Le « Mur » a été dévoilé le 25 novembre, sous haute surveillance. Notre président a pu néanmoins franchir les barrages. Il est même parvenu à aborder le sénateur-maire, Jean-Paul Alduy, avec lequel il a échangé quelques propos assez vifs, ainsi que le secrétaire d’État aux anciens combattants, M.Alain Marleix, auprès duquel il s’est plaint de la mise à l’écart de l’ANPROMEVO lors la cérémonie du 5 décembre à Paris.
Le site Internet de la LDH-Toulon a régulièrement établi des mises au point et fourni des éléments de réflexion autour du « Mur ».

III – REPRÉSENTATION

1 – Des liens sont noués avec le « Comité vérité et justice pour Charonne », dont une partie des statuts (« établir la vérité sur les actes imputables à l’OAS commis tant en Algérie que sur le territoire national, afin que cessent les hommages indécents en direction de l’OAS ») présente quelques similitudes avec les nôtres.
Le 8 février 2007, l’ANPROMEVO était représentée aux côtés des responsables du comité lors de l’inauguration par le Maire de Paris de la place du 8 février 1962, au carrefour Charonne-Voltaire.
2 – Pas plus en 2007 qu’en 2006, notre association n’a été invitée aux manifestations du souvenir, le 5 décembre, devant le mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, quai Branly à Paris. Comme en 2006, Jean-François Gavoury s’y est introduit. Il a pu approcher le nouveau ministre de la défense, unique représentant du Gouvernement à cette cérémonie. Le contact fut d’une froideur extrême : pas le moindre mot de réponse de la part d’Hervé Morin, interpellé sur l’exclusion dans laquelle les victimes de l’OAS étaient tenues lors de ces commémorations !
3 – Le lendemain, 6 décembre, devant des élèves de Sciences Po étrangers, réunis pour un cours consacré aux politiques de mémoire, notre président a eu le plaisir d’intervenir en qualité de témoin à l’invitation de Serge Barcellini, maître de conférences, ancien directeur du cabinet du secrétaire d’État aux anciens combattants (1997-2000) et ancien directeur général de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (2000-2003).
Serge Barcellini devait ensuite mettre fort aimablement notre association en rapport avec Christian Castellani, le directeur de la rédaction de Guerre d’Algérie Magazine (Éditions Hommel) : il s’agissait, après la publication en juin 2007 d’un numéro spécial OAS de cette revue trimestrielle, de nous donner la parole, sous la forme d’un article à paraître en mars 2008.

IV – LA COMMUNICATION

Le 18 juin 2007, Jean-Philippe Ould Aoudia et Jean-François Gavoury se sont déplacés à Grenoble pour participer, autour d’Anne Savigneux, à deux débats successifs : le premier, à l’invitation de la librairie « Le Square », pour une présentation de La bataille de Marignane ; le second, sur la proposition d’associations telles que « Algérie au Coeur Isère » et la section locale de la Ligue des droits de l’Homme. Dans les deux cas, ont été abordées les questions de la nostalgérie et de la « colonisation, rêve de civilisation ». Le quotidien algérien El Watan a rendu compte de cette soirée dans un article paru le 2 juillet et intitulé « Pour ne pas cultiver l’amnésie – Nécessité d’une stèle en hommage aux victimes de l’OAS ». Par ailleurs, comme en 2006, un certain nombre d’articles sont parus, courant 2007, sous la signature notamment de membres de l’ANPROMEVO.
1 – Le 30 octobre, le secrétaire général a publié, sur le site Internet de la LDH Toulon, un article intitulé « La trêve civile ». Ce texte a été écrit à la suite de l’annonce de l’inscription, sur le « Mur » de Perpignan, d’une citation d’Albert Camus : les nostalgiques de l’Algérie française faisaient semblant d’oublier que le prix Nobel de littérature avait été insulté et menacé par les ultras lors de sa venue à Alger le 27 janvier 1957 ; la citation en question a été finalement effacée, à la requête de la fille d’Albert Camus.
2 – Le 22 novembre, Jean-Philippe Ould Aoudia a participé à la rédaction, également pour le site de la LDH Toulon, de la biographie de Michèle Tabarot, députée des Alpes-Maritimes, née le 13 octobre 1962 à Alicante (Espagne) : très impliquée dans l’élaboration de la loi du 23 février 2005, elle s’affirme rapatriée alors qu’elle n’a jamais mis les pieds en Algérie.
3 – Courant novembre 2007, est paru un ouvrage réalisé sous la direction de Sébastien Jahan et Alain Ruscio, « Histoire de la colonisation », qui comporte un article de Jean-Philippe Ould Aoudia, « L’OAS aujourd’hui au cœur de la République – De la falsification à la réhabilitation » : ce livre devait recevoir, quelques semaines plus tard, le Prix du livre anticolonial. Enfin et surtout, l’année 2007 a vu sortir un documentaire de 52 minutes réalisé par Djamel Zaoui à partir de témoignages de membres de l’association « Marchand –Feraoun » et de l’ANPROMEVO. Ce film, d’abord intitulé « La reconnaissance a la mémoire courte », est diffusé par Leitmotiv Production sous le titre « OAS, un passé très présent ».

V – DES RÉSULTATS

Certains des historiens qui suivent notre combat reprennent des termes que nous étions les seuls à utiliser. Par exemple, dans le compte rendu des initiateurs de l’appel « France-Algérie : dépasser le contentieux historique », on peut lire : « …Par ailleurs, l’amnistie prévue par les accords d’Évian n’empêche pas que les crimes commis par l’OAS soient reconnus comme des actes terroristes et racistes. Il faut que cesse toute présence dans l’espace public (comme à Perpignan et à Marignane) de monuments à la gloire des responsables ou exécutants de cette organisation criminelle, et toute complaisance des publics à leur égard. ».
Qualifier l’OAS de terroriste et raciste caractérisait le propos de l’ANPROMEVO. Il en est de même de l’expression Algérie coloniale, parfois substituée à Algérie française. Notre opposition à Perpignan et Marignane fait désormais partie d’un combat collectif.

VI – DES PROJETS

1 – Mise en place d’un logo. Créé bénévolement à notre intention par une graphiste amie de notre président, l’identifiant visuel de l’association sera présenté pour la première fois à l’occasion de la sortie du bulletin d’information n° 3 de l’ANPROMEVO (spécial AG 2008).
2 – Création d’un site Internet. C’est l’outil incontournable pour nous faire connaître, élargir notre audience et recueillir des adhésions. À l’issue de la discussion qui s’est engagée sur les voies et moyens de sa mise en place, sur ses caractéristiques, sur les conditions de son alimentation et de sa mise à jour, sur l’investissement financier représenté par son développement, sur ses coûts de fonctionnement, la responsabilité de la recherche du meilleur compromis possible a été confiée à J-F. Gavoury et J-Ph. Ould Aoudia.
3 – Demande d’audience auprès de M. Erard Corbin de Mangoux, conseiller à la Présidence de la République pour les affaires intérieures et en charge du dossier « rapatriés ». Il s’agirait d’appeler son attention sur l’existence de l’association, de lui exprimer notre souhait de faire entendre la voix des familles de victimes de l’OAS au sein de la future Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie et, surtout, de l’inviter à convaincre le chef de l’État de renoncer à la mise en œuvre de sa promesse d’une extension de la qualité de « Mort pour la France » aux victimes de la fusillade de la rue d’Isly.
4 – Réactivation de la requête tendant à l’installation à Paris d’une plaque commémorative dédiée à l’ensemble des victimes civiles et militaires de l’OAS en Algérie et en France.
5 – Établissement d’une liste nominative des victimes causées par l’OAS au sein des administrations de l’État (police dans un premier temps ; éducation nationale et armée ensuite), comportant l’indication de la date et des circonstances de la mort.