par Jean-François Gavoury, président de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO).
Avant-propos
Le 5 octobre 2016, au nom de l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO), j’ai formulé auprès de la Mairie de Paris une demande de subvention pour le financement d’une Journée d’études relative à un projet de partenariat mémoriel entre les villes de Paris et Alger. Le 10 janvier 2017, je recevais de M. Brahim Zeddour un courriel d’invitation à participer, au côté notamment de Jean-Philippe Ould Aoudia, à une Journée d’études sur l’OAS prévue le 28 février à Oran et placée sous la double égide du Ministère des Moudjahidine et du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
Les deux événements étaient sans lien, au point que le second n’a pas eu lieu cependant que la subvention sollicitée était obtenue en juillet 2017. Mais ils entraient en résonnance, comme s’il était écrit que le 55e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie devait marquer une étape décisive à la fois au regard de l’activité de l’ANPROMEVO et dans ma propre existence de fils de victime de l’OAS n’ayant posé qu’une fois le pied sur le sol algérien, le 3 juin 1961, à l’âge de 11 ans, pour assister, dans la cour de l’École de police d’Hussein Dey, aux obsèques du commissaire central d’Alger, mon père.
Lors de ce colloque, il était envisagé que j’intervienne sur le thème qui fait le titre du présent article.
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De l’insoumission à la République …
Que ce soit à la veille ou au lendemain du putsch du 21 avril 1961, les cibles de l’OAS n’étaient pas le fait du hasard : étaient visés le siège des représentations gouvernementales, les infrastructures régaliennes ou d’intérêt stratégique, les élus, les services publics, les tenants de l’ordre social et républicain, bref, tout ce qui pourrait permettre à l’Algérie de vivre libre et indépendante, tout ce qui serait de nature à favoriser l’émergence d’une ère nouvelle de relations fraternelles entre les deux États et les deux peuples.
Ainsi, dans l’un des rapports de présentation au Président de la République du décret du 1er mai 1962 déférant l’ex-général Salan devant le Haut Tribunal militaire le 15 mars 1962, on lit :
« Pour se limiter à la ville d’Alger, sous le contrôle direct et immédiat de Salan, on peut mentionner des tirs au bazooka et au mortier sur le Palais d’Été, sur la place du Gouvernement, sur la caserne de gendarmerie des Tagarins, sur le quartier Belcourt et la casbah ; le mitraillage de la clinique Beaufraisier ; la destruction de la tour de contrôle de l’aéroport de la Maison-Blanche et l’attaque d’un véhicule transportant des militaires du contingent.
« De même, de nombreux assassinats furent commis par des membres de l’OAS sur des gardes mobiles, des éléments des Compagnies républicaines de sécurité, des fonctionnaires de police, en particulier les commissaires Gavoury, Goldenberg, Joubert, Pélissier, sur des officiers tels que les commandants Poste, Grain et Bourgogne, sur des personnalités, notamment Me Popie, avocat à Alger et son successeur Me Garrigues, Me Frayssineaud, M. Abdessalam, directeur général de l’administration civile des finances à Alger, sur des médecins et des commerçants. »
Lors du procès, les 11, 12 et 13 avril 1962, du général Jouhaud, qui avait assumé le commandement de la zone III (Oranie) de l’OAS durant les sept mois précédant son arrestation le 25 mars 1962, le président du Haut Tribunal militaire s’adresse en ces termes à l’accusé :
« Il y a eu un nombre considérable de menaces. Il faut reconnaître que l’OAS a usé de la menace dans toute la mesure du possible : menaces contre le chef de l’État, contre le gouvernement, contre ses représentants locaux – préfet, préfet régional, inspecteur général de l’administration, préfet de police – contre les fonctionnaires, contre les commissaires de police, contre l’armée et nous avons vu que vous êtes passés à l’exécution contre les élus – car évidemment les élus algériens ont été aussi menacés -, contre la presse, contre ceux qui voulaient partir et aussi contre ceux qui voulaient rester. Il n’y a pas de catégorie qui n’ait été l’objet de menaces particulières de votre part, et ce qui est le plus abominable encore, c’est que ces menaces ne s’adressaient pas à des hommes, à des individus considérés à tort ou à raison comme des ennemis, mais à leurs proches, à leur famille, à leur affection. »
Et le général Jouhaud de répondre :
« Il est exact, effectivement, que nous avons prononcé un certain nombre de menaces à l’égard d’un certain nombre de corps constitués parce que nous étions des révoltés : nous ne pouvions pas admettre et nous n’admettrons jamais que l’Algérie, demain, cesse de faire partie de la France. »
Plus tard, dans son réquisitoire, l’avocat général s’exprimera en ces termes :
« La déclaration initiale du directoire insurrectionnel faite dans la forme d’une proclamation du Haut commandement en Algérie et au Sahara le 22 avril 1961 sous la signature de Challe, Jouhaud, Salan et Zeller donne la mesure de la menace grave qui a alors pesé sur les institutions de la République : « … le commandement ne préjuge pas les mesures propres à reconstituer dans l’ensemble de la France l’ordre constitutionnel gravement compromis par un pouvoir dont l’illégitimité éclate aux yeux de la Nation. »
« Il était prévu une insurrection en métropole, laquelle insurrection devait être appuyée par toutes sortes de massacres, de plasticages, d’attentats, de meurtres et d’exactions. Alors donc c’est bien la preuve que ce complot avait nettement pour but le renversement du régime et des institutions républicaines. »
Le même représentant de l’accusation citera l’extrait d’un tract n° T 563 diffusé à partir du 25 janvier 1962 : « C’est eux, les hauts fonctionnaires, que l’OAS rendra responsables dans leur personne, leurs biens et leurs affections. L’OAS ne reculera devant rien. »
Il poursuit :
« Jouhaud n’allait pas déposer les bombes et les plastics meurtriers, ni tirer le mortier qui arrosait d’obus tout un quartier d’Oran, ni aussi les avions qui allaient bombarder Oujda en territoire marocain, ni abattre à coups de pistolet les malheureux fonctionnaires, officiers, magistrats qui accomplissaient avec courage et dévouement les missions que leur confiait le Gouvernement légal de la République, ni mitrailler d’inoffensifs passants, bien sûr, mais combien plus coupable à mon sens est celui qui, en tant que chef d’une organisation séditieuse, ordonne, couvre et ne désavoue pas de tels forfaits. […]
« On croit rêver quand on voit que de pareilles horreurs sont voulues et acceptées par des hommes qui se prétendent les défenseurs de la civilisation chrétienne et ont l’audace d’appeler la bénédiction de Dieu sur les incitateurs et les exécutants de ces crimes monstrueux.
C’est ainsi qu’après le cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 mars 1962, Salan termine par ces mots une allocution tendant à l’intensification de la lutte et transmise par l’OAS-III sous le numéro T 585 : « La résistance demande des efforts et des souffrances, mais nous savons aussi qu’elle nous conduit au bon port. Que Dieu protège notre combat. »
Et l’un des deux défenseurs du général Jouhaud d’affirmer au cours de sa plaidoirie :
« Ce sur quoi ne nous sommes pas d’accord, Monsieur l’Avocat général, c’est lorsque vous entreprenez de faire croire au tribunal qu’il a voulu renverser les institutions républicaines. Là, vraiment, je ne vois pas ce qui, dans le dossier, peut autoriser un pareil soupçon, … [lui pour qui] l’idée d’une France qui ne serait pas républicaine est aussi absurde que l’idée d’une Algérie qui ne serait plus française. Il n’y a rien dans le dossier à cet égard, rien ; c’est absurde. »
Si j’ai mis l’accent sur certains échanges intervenus dans le procès du putschiste Jouhaud, ce n’est pas seulement parce qu’Oran était le siège de ses activités criminelles. C’est surtout parce qu’ils révèlent la fourberie du discours d’une organisation terroriste qui va progressivement s’installer dans le déni.
La vérité, c’était que le premier des trente-sept points du manifeste-programme de l’OAS distribué des deux côtés de la Méditerranée et reproduit dans L’Express du 15 juin 1961, s’intitulait « CINQUIÈME RÉPUBLIQUE : proclamation solennelle de la déchéance de la Ve République, de ses principes et des hommes qui en sont maîtres et profiteurs. »
L’on voit, dès le printemps 1962, se dessiner les prémisses d’une réécriture de l’histoire de l’OAS par ses propres dirigeants. Il est vrai que le général Salan lui-même en donnait une définition bien singulière en septembre 1961 : « L’armée secrète n’est pas une faction politique, c’est une véritable armée visant à mobiliser les Français sur le terrain essentiel de la défense des libertés fondamentales, de la justice sociale et du territoire national. ». Le chef suprême de l’organisation précisait même : « L’OAS ne sera jamais une équipe gouvernementale. Il y a une Constitution, il y a surtout des assemblées et un peuple de France. »
Les milliers de témoins et victimes survivantes des actes criminels perpétrés par l’OAS en Algérie et en France ont sans doute vu dans le rôle de ce mouvement une autre dimension que simplement tribunitienne ! Tous les documents attestent de son mépris à l’égard des institutions et de son dessein consistant à abattre la République.
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… à la soumission puis au sursaut de la République
L’OAS de 1961-1962 est parvenue à faire vaciller la République sur ses fondements démocratiques.
Cependant, sous l’effet d’une succession de lois d’amnistie[1] et de mesures de grâce collectives intervenues de 1964 à 1982, les anciens activistes de l’OAS, forts de leur virginité pénale retrouvée, ont eu toute latitude pour poursuivre leur mission d’asservissement de la République : non plus par la violence physique cette fois, mais par l’intimidation psychologique, le lobbying, le chantage électoral, formes plus subtiles d’un terrorisme qui infiltre et finit par subjuguer la classe politique jusqu’à la faire sombrer dans le révisionnisme.
Les premiers résultats ont pris la forme :
1°) d’un Mémorial de l’Empire colonial, dévoilé le 14 février 1971 dans l’enceinte du cimetière Lagoubran à Toulon, en présence de Jacques Soustelle, ancien gouverneur général de l’Algérie et co-fondateur en 1962 du Conseil national de la résistance, et du général Jouhaud ;
2°) d’une stèle dédiée le 25 février 1973 à Roger Degueldre, symbole de l’Algérie française à l’intérieur du square Alsace-Lorraine à Nice ;
3°) d’un vaste monument (deux mètres de haut sur six de large) aux « martyrs de l’Algérie Française », à nouveau à Toulon, au pied des remparts de la vieille ville, inauguré le 14 juin 1980 par Jacques Dominati, secrétaire d’État aux Rapatriés, en présence des grandes figures de l’OAS, au premier rang desquelles le putschiste Edmond Jouhaud ;
4°) du Mémorial Notre Dame d’Afrique, situé sur un promontoire de Théoule-sur-Mer, composé d’une sculpture monumentale haute de douze mètres sur le mur d’enceinte de laquelle sont apposées plus d’une centaine de plaques commémoratives au nom de chacun des membres de l’OAS tombés pour la défense de L’ALGÉRIE FRANÇAISE (la première pierre de ce mausolée fut posée le 27 mai 1990 par Joseph Ortiz, activiste de l’Algérie française, l’un des principaux artisans de la « Semaine des Barricades » en janvier 1960 qui fit quatorze morts et plusieurs dizaines de blessés parmi les gendarmes mobiles chargés de rétablir l’ordre).
Ces initiatives locales, dont les projets ont été conçus par d’anciens ultras de l’Algérie française et appuyés par des maires plus ou moins sincèrement acquis à leur cause, l’État en a cautionné la réalisation alors même qu’il lui appartenait de les empêcher en exerçant les voies de droit à sa disposition. Non seulement il ne l’a pas fait, mais, comme on vient de le rappeler à propos de Toulon, le Gouvernement est allé jusqu’à dépêcher l’un de ses membres à la manifestation inaugurale afin d’y prononcer une allocution : une allocution (en l’occurrence) troublée par les participants qui scandaient des slogans tels que « Amnistie » et « Réhabilitation » !
Ainsi s’exprimait le jusqu’au-boutisme des nostalgiques de l’époque coloniale.
La glorification formelle de l’OAS, littéralement gravée dans la pierre des cénotaphes et monuments érigés sur le domaine public, ne les contentait pas. Les premières lois d’amnistie ne leur suffisaient pas. La réhabilitation était leur objectif : non pas une réhabilitation de façade, mais le rétablissement par la loi dans les droits et prérogatives dont on a été déchu du fait d’une condamnation pénale.
Certes, durant cette double décennie 1970-1990, rien ne justifiait que la question de l’Algérie française constituât l’enjeu d’une élection présidentielle. Et pourtant, tel fut le cas lors des campagnes de 1974 et 1981.
Les revendications des anciens activistes ne seront pas satisfaites sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing : l’article 18 de la loi du 16 juillet 1974 portant amnistie exclut en effet leur réintégration de plein droit dans les emplois et dans les ordres nationaux (Légion d’honneur, Libération, Mérite), et le Premier ministre Raymond Barre invoquera, pour ne pas aller plus loin dans la concession au lobby pied-noir, un contexte politique inapproprié et les nécessités de la rigueur budgétaire : attitude méritoire sachant que des parlementaires de l’opposition socialiste avaient cru devoir proposer des amendements réclamant une amnistie plus large !
Déjà, le député-maire de Marseille Gaston Defferre, peu suspect de sympathie à l’égard de l’OAS, avait, obéissant en cela à des mobiles inavoués, déposé un amendement lors de la première séance de discussion, le 23 juillet 1968, du projet de la future loi d’amnistie du 31 juillet 1968 : suggérant de « rétablir dans leurs titres, grades et fonctions tous ceux qui ont été impliqués par les événements d’Algérie », l’amendement en question fut repoussé par 21 voix contre 1 en commission des lois et rejeté par l’Assemblée à raison de 288 voix sur 385 suffrages exprimés.
Quant à lui, François Mitterrand s’emploiera, dès le début de son premier septennat, à la mise en œuvre coûte que coûte de sa promesse de campagne formulée le 4 avril 1981 à Avignon, visant à un parachèvement du dispositif d’amnistie propre à effacer l’ensemble des séquelles, même de carrière, des événements d’Algérie. Acquise au forceps de l’article 49-3 de la Constitution, la peu glorieuse loi du 3 décembre 1982 relative au règlement de certaines situations résultant des événements d’Afrique du Nord bénéficiera à quelque 800 policiers, 400 administrateurs civils et 800 officiers renvoyés entre 1961 et 1963 de la fonction publique de l’État, civile et militaire.
Ainsi, huit généraux putschistes – dont Edmond Jouhaud – seront-ils réintégrés dans le cadre de réserve.
Le 13 février 2006, en préface du livre La bataille de Marignane, que Jean-Philippe Ould Aoudia et moi avons « co-produit », l’ancien ministre Pierre Joxe écrivait : « Quelles que soient à présent les conséquences juridiques des lois d’amnistie, ces crimes-là sont aussi ineffaçables que l’honneur des serviteurs de l’État dont ils ont provoqué la mort et auxquels il est juste de rendre hommage. »
Dans le même ordre d’idées, Bertrand Delanoë, maire de Paris, dans son allocution précédant le dévoilement de la première stèle dédiée par une institution publique à l’ensemble des victimes de l’OAS en Algérie et en France, déclare le 6 octobre 2011 :
« La vérité, c’est que, dans les pages de notre histoire, il y a des drames, il y a des douleurs inouïes, et ces douleurs inouïes, elles ne viennent pas de nulle part : elles viennent d’idées, elles viennent de pensées qui se traduisent par des actes barbares.
« L’OAS, c’est une organisation terroriste, c’est une organisation criminelle, c’est une organisation qui a voulu détruire la République. Les victimes que nous honorons aujourd’hui sont des femmes, des hommes, des enfants, des policiers, des militaires, des Français, des Algériens, des femmes et des hommes morts parce qu’une organisation a contesté l’ordre démocratique, a voulu l’abattre et a utilisé les moyens les plus horribles pour tenter d’atteindre ses objectifs.
« Pourquoi est-il si long, pourquoi est-il si dur de poser ces actes évidents ?
« Je le dis avec émotion, gravité : je suis en même temps fier que Paris soit la première commune, la première institution française, à oser le faire, mais avec le regret que cela n’ait pas été fait plus tôt.
« Aujourd’hui, nous arrivons à mobiliser contre le terrorisme, contre les idéologies barbares, et ce qui s’est passé il y a quelques décennies semble nous coûter plus.
« Non !
« Paris, aujourd’hui, capitale de la France, Paris capitale de la République, Paris héritière de valeurs universelles, de valeurs de libertés, des droits de l’homme, Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare.
Cimetière parisien du Père Lachaise – 6 octobre 2011
Inspiré par le propos du Maire de Paris, j’ai écrit, au lendemain de cette inauguration :
« Quelle épreuve d’avoir dû supporter que, depuis 1973 à Nice jusqu’en 2005 à Marignane, on statufie et piédestalise les singes sanglants de l’OAS et leurs maîtres à penser : le poignard, le pistolet et le plastic !
« Quelle douleur d’avoir dû accepter que l’on cherche ainsi à réhabiliter l’uniforme du déserteur et à insinuer le poison du révisionnisme dans les blessures ouvertes par la guerre d’Algérie !
« Comment, nous, victimes du fanatisme factieux, avons-nous pu admettre cette peine s’ajoutant à la peine ?
« Accepter de voir l’homme au service de la terreur érigé, sur le domaine public, en héros d’une cause pourtant reconnue scélérate, c’est, pour le responsable politique, défier l’ordre et l’entendement républicains, c’est braver les valeurs fondatrices de la communauté nationale en portant atteinte en particulier à la fraternité.
« Faire passer l’homme-terreur à la postérité, c’est conférer à ses crimes passés valeur d’exemple pour les générations futures, c’est abaisser les victimes et éprouver leur mémoire endolorie.
Je précise aujourd’hui : c’est ajouter l’anti-mémoire à l’anti-histoire.
A contrario, célébrer le souvenir des victimes de l’OAS, c’est délégitimer le terrorisme : la Ville de Paris l’a compris et le manifeste officiellement depuis cinq ans lors de chaque commémoration en lien avec la guerre d’Algérie, entraînant dans son sillage préfet de région, préfet de police et même, à titre exceptionnel, secrétaire d’État en charge de la mémoire et du monde combattant.
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Mon père, Roger Gavoury, a été la première victime causée par l’OAS au sein de la fonction publique de l’État : c’était à Alger, dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1961.
Qu’il me soit permis de rendre hommage à la mémoire du dernier commissaire de police victime de cette organisation, M. Marc Jorandon : c’était à Oran, le 14 mars 1962.
14 mars 1962, soit vingt-quatre heures avant l’assassinat collectif, sur leur lieu de travail, à Alger, et dans l’exercice de leurs fonctions, de six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs, à qui le statut de Mort pour la France n’a pas été conféré, mais dont le Gouvernement a reconnu la qualité de « victimes de leur engagement pour les valeurs de la République et pour l’indépendance de l’Algérie dans une relation fraternelle avec la France ».
Dix ans après la fin de la guerre d’Algérie, Lucien Bitterlin, disparu le samedi 11 février 2017, rencontrait, pour les besoins d’une émission de télévision intitulée « Plein cadre », un responsable FLN de la zone d’Alger et un officier d’active originaire d’Algérie ayant rejoint les rangs de l’OAS : il appelait alors à « la décolonisation des esprits, au dépassement du passé et à la coopération ».
Je complète aujourd’hui cet exposé en soulignant que la lenteur du cheminement montre combien cet objectif relevait du défi : la journée d’études oranaise du 28 février 2017 en était un, et elle n’a pas eu lieu !
Que vivent la coopération et la fraternité des mémoires de la guerre d’Algérie !
[1] « L’amnistie est une fiction en vertu de laquelle le législateur tient pour inexistant non pas les faits qui se sont accomplis, mais leur caractère délictuel » (Jean-André Roux, cours de droit criminel français, visé au jurisclasseur pénal).
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